L’ambassadeur saoudien en poste à Ankara est sorti de ses gonds en accusant la Turquie « d’être à l’origine de l’effusion de sang en Syrie», de « la destruction de ce pays » et de « la mise en errance de millions de Syriens ».
Alliée proche de la Turquie dans la guerre arabo-occidentale déclenchée en 2011 contre l’État syrien, l’Arabie saoudite est en colère contre ce qu’elle considère comme « un virage » dans la politique syrienne de la Turquie. L’absence de l’Arabie saoudite aux pourparlers d’Astana, qui ont abouti à un communiqué signé par l’Iran, la Russie et la Syrie, n’est que le signe manifeste de l’amertume et de l’ire ressenties par les dirigeants de Riyad qui, en dépit des milliards de dollars dépensés, se voient même privés de « ramasser les miettes » dans le dossier syrien.
Adel Ben Saraj Mokdad, qui se confiait à la BBC, a très vivement réagi à la « volte-face » de la Turquie dans la crise syrienne : « Ce virage-là est un autre signe de la traîtrise qui caractérise l’attitude de la Turquie envers les pays arabes. Cette attitude ne répond qu’aux intérêts d’Ankara, un point c’est tout. »
L’ambassadeur a rappelé le discours d’il y a quelques années d’Erdogan, dans lequel le président turc « soulignait la nécessité d’un départ d’Assad », départ que le président Erdogan qualifiait de « solution irréversible ».
La critique incendiaire de l’ambassadeur a d’ailleurs été reprise mot à mot par le journal turc Zaman, qui affirme dans son édition de mardi : «L’ambassadeur saoudien est allé encore plus loin dans ses critiques contre le pouvoir turc, et en particulier contre Erdogan, en affirmant que ce dernier avait changé de “ligne rouge”, qui était un temps de “tout faire pour renverser Assad”. »
Toujours cité par le journal, l’ambassadeur ajoute : « Les efforts d’Ankara s’expliquent par sa volonté de se rapprocher de la Russie et d’Israël, et ce, dans le sens de ses intérêts et pour fuir les problèmes domestiques auxquels la Turquie fait face ».
Le diplomate saoudien rappelle aussi le soutien « total » de Riyad au régime d’Erdogan depuis que ce dernier est président et souligne que l’Arabie saoudite a fait partie des « premiers pays à avoir dénoncé le coup d’État du 15 juillet. »
L’ambassadeur saoudien conclut sa critique sur une note très forte : « L’État turc a tourné le dos à la révolution du peuple syrien et a abandonné la Syrie alors qu’elle est en ruine et qu’elle pleure ses morts et c’est pour cette même raison que la Turquie est responsable de la mort de milliers de civils et de la mise en errance de millions de Syriens.»
Source: PressTV