Alors que de la commission de la Défense du Sénat doit présenter ce mercredi un rapport intitulé «Se préparer à la guerre des drones: un enjeu stratégique», la ministre des Armées va assister, ce jour même, à un test de nouveaux lasers censés neutraliser les drones évoluant à une distance d’un à trois kilomètres, au centre d’essais missiles de la Délégation générale de l’armement (DGA) à Biscarrosse (Landes). Une première en Europe, souligne Le Parisien.
L’engin testé est un émetteur laser qui neutralise le drone en braquant un rayon invisible sur son œil-caméra, rendant ainsi impossible son pilotage à distance, ou en le détruisant grâce à la chaleur du rayon. Il a été conçu par la société française Cilas, filiale d’ArianeGroup, en partenariat avec la DGA.
Jusqu’ici, la principale technique contre eux consistait à paralyser leur système de contrôle à distance à l’aide de «fusils brouilleurs». Or, de plus en plus deviennent autonomes et n’ont plus besoin de pilote. Le recours au tir laser pour les détruire s’avère donc le plus efficace, souligne Le Parisien. Les microdrones (moins de deux kg), les mini-drones (deux à 20 kg) et les petits drones (20 à 150 kg) figurent dans le rayon de tir du système laser essayé à Biscarrosse.
L’ensemble radar de détection-émetteur laser testé ce mercredi est un prototype. S’il est pour l’instant monté sur trépied, le système devra pouvoir être installé sur un véhicule ou un bateau, selon un expert militaire cité par le quotidien.
Une menace de taille
Selon le rapport parlementaire en question, dont l’AFP s’est procuré le texte, «depuis 2019, un rattrapage capacitaire est en cours: les forces armées disposeront de plusieurs milliers de drones d’ici 2025, contre quelques dizaines seulement il y a quatre ans». La France, estiment les élus, doit impérativement étoffer son parc de drones et se doter de moyens de protection face à cette menace croissante qui pèse à la fois sur le territoire national et les champs de bataille.
Si en 2014 100.000 appareils ont été recensés dans l’Hexagone, il y en a 2,5 millions aujourd’hui, indique le cabinet de Florence Parly cité par Le Parisien. «Des engins maniables, peu coûteux, polyvalents, que l’on peut se procurer aisément et, parfois, détourner de leur usage civil en s’en servant comme caméra espion d’un site sensible comme une centrale nucléaire ou, dans le pire des cas, en y mettant une bombe à des fins terroristes.» Le scénario de «drones suicides», difficiles à détecter, plongeant par exemple sur la foule d’un stade pour y exploser est sérieusement étudié, notamment en prévision des Jeux olympiques de Paris en 2024.
Pour un usage militaire, les lasers comme le Helma-P (High Energy Laser Mobile Application – Power) de Cilas testé à Biscarrosse peuvent constituer une «solution prometteuse», estiment les sénateurs dans leur rapport cité par l’AFP. Paris compte ainsi rattraper son retard en la matière et exporter à terme son équipement, ajoute Le Parisien.
Le ministère des Armées a lancé un marché, baptisé Parade, pour développer une protection antidrones des sites militaires. Il prévoit d’y consacrer 350 millions d’euros sur 11 ans, relaie l’AFP.
Source: Sputnik