La mort de l’opposante émiratie Ala’ al-Saddik en Grande Bretagne suscite bien des doutes chez ceux qui l’ont côtoyée et connue, d’autant qu’elle était très critique à l’encontre du régime émirati qui séquestre son père depuis 2012.
Elle a succombé dans la nuit du samedi 19 juin à Oxford, au nord de Londres, lors d’un accident de voiture dont les circonstances n’ont pas encore été élucidées. Elle venait de célébrer ses trente-trois ans.
Certains activistes ont imputé au régime d’Abou Dhabi la responsabilité de sa mort.
« Mohamad ben Zayed a liquidé l’activiste émiratie pour la simple raison qu’elle s’est opposée à la normalisation et qu’elle réclamait la libération de son père et d’autres détenus », a accusé sur Twitter Hamed Rizk selon lequel « l’accident de voiture a été volontairement prémédité pour la tuer ».
Des activistes favorables au boycott de l’occupation israélienne ont rappelé ses positions hostiles à la normalisation menée par le régime de son pays.
« Ce qui s‘est passé dans le récent accord est une normalisation de la normalisation » avait-elle fustigé dans une vidéo publiée par la fondation ALQST for Human Rights, indiquant qu’il s’agit d’une extériorisation de la normalisation qui est ancienne dans son pays.
En été 2020, les EAU avaient signé avec le Bahreïn un accord de normalisation des relations avec l’entité sioniste, sous la houlette de Etats-Unis.
Ala’ était directrice exécutive de l’organisation ALQST fondée en 2014 par l’opposant saoudien Yahia al-Assiri, un ancien pilote de l’armée de l’air du royaume et qui documentait et révélait les violations des droits de l’homme dans les pays du Golfe.
Après avoir été destituée de la nationalité émiratie, Ala’ a séjourné un certain temps au Qatar. En 2018, le rédacteur en chef du journal qatari Al-Arab, Abdlallah ben Hamad al-Azbat avait révélé que la dame qui était derrière le déaccord entre Doha et Abou Dhabi n’est autre que Ala’ al-Saddik, l’épouse de l’opposant Abdel Rahman al-Jabir.
En 2019, elle s’est rendue au Royaume Uni où elle a obtenu l’asile politique. Son père Mohamad Abdel Razeq qui purge une peine de 10 années de prison après un procès qu’elle qualifiait de simulacre devrait être libéré dans les mois prochains.
Il avait été arrêté en 2012 dans le cadre d’une purge contre des dizaines de membres du parti des Frères Musulmans al-Islah qui réclamaient des réformes politiques.
Ala’ rappelait dans sa campagne pour leur libération les sévices et les tortures qu’ils subissaient pendant leur séquestration, et stigmatisait l’absence de démocratie, l’avènement des étrangers sans consulter le peuple et la politique de normalisation avec ‘Israël’.
Dans un enregistrement vidéo, elle a dévoilé qu’avant la date de l’annonce de l’accord de normalisation, des messages avaient été envoyés par WhatsApp à la majorité de ceux qui résidaient aux EAU, les mettant en garde « contre l’expression d’une quelconque opposition à une décision souverainiste prévue bientôt »
« Le bâton a été préparée d’avance avant l’annonce de l’accord comme moyen d’intimidation et de pression », a-t-elle déploré soulignant que ce genre d’accord, à l’instar de ceux qui l’ont précédé ne peut apporter la paix aux Palestiniens.
L’organisation non gouvernementale Democracy in arabic word now (DAWN) a demandé dans un communiqué adressé aux autorités britanniques d’enquêter sur les circonstances de l’accident.
« La police du royaume uni doit s’assurer qu’il n’y a pas eu d’actes illégaux derrière la mort d’al-Siddik à la lumière du fait que les EAU, le royaume saoudien et le Bahreïn avaient visé certains activistes avec violence au RU et de par le monde », a-t-elle signifié.
Selon le journal qatari, Arabi21, la police de Thames Valley a lancé un appel urgent à tous les témoins de l’accident mortel au cours duquel la voiture d’Ala’ a été percutée par un autre véhicule, blessant trois autres jeunes femmes qui étaient en sa compagnie ainsi que le conducteur de l’autre voiture.
Source: Divers