L’Iran a dénoncé, jeudi 3 juin, la décision «fondamentalement viciée et inacceptable» des Nations unies de le priver de son droit de vote à l’Assemblée générale de l’ONU.
La République islamique a vu son droit de vote suspendu en janvier en vertu de l’article 19 de la Charte des Nations unies prévoyant une telle privation temporaire pour tout pays dont le montant des arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.
Résultat des sanctions américaines
Téhéran argue que ses arriérés à l’ONU sont le résultat des sanctions financières américaines à son égard, rétablies en 2018 par l’ancien président Donald Trump et qui privent l’Iran d’un accès au système financier international.
Dans une lettre au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres publiée sur son compte Twitter, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif écrit que son pays «rejette» cette suspension.
«Cette décision est fondamentalement viciée (et) totalement inacceptable […] puisque l’incapacité de l’Iran à honorer ses obligations financières vis-à-vis des Nations unies est la conséquence directe» des sanctions américaines, et donc «totalement indépendante de (la) volonté» de l’Iran, poursuit-il.
Zarif exhorte la direction des Nations unies à «rester fidèle à l’objet et aux principes de la Charte des Nations unies et à s’abstenir de toute décision trahissant le principe de l’égalité souveraine des États et nuisant au multilatéralisme».
Dans une lettre adressée le 28 mai au président de l’Assemblée générale des Nations unies, M. Guterres indique que cinq pays membres sont actuellement privés du droit de vote aux termes de l’article 19 de la Charte et que l’Iran doit régler quelque 16,2 millions de dollars pour sortir de cette procédure.
Néanmoins, écrit M. Guterres, l’Assemblée générale peut autoriser un pays tombant sous le coup de l’article 19 à voter «si elle constate que l’incapacité à payer est due à des conditions indépendantes de la volonté de l’État membre».
«Discussions très approfondies»
«Nous avons des discussions très approfondies avec la République islamique pour leur permettre de régler leur dû», a déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole des Nations unies, lors de son point presse quotidien en réponse à une question sur la situation de l’Iran.
«Ce n’est pas faute d’essayer de notre côté ou du leur […] mais ce pays est sous le coup d’un certain nombre de sanctions bilatérales qui rendent les choses assez compliquées», a ajouté M. Dujarric.
Quant à la décision d’autoriser le vote d’un État membre tombant sous le coup de la «procédure mécanique» prévue à l’article 19, elle est du ressort «des États membres», a-t-il dit
Le rétablissement de sanctions économiques américaines contre l’Iran est la conséquence de la décision de M. Trump de dénoncer unilatéralement en 2018 l’accord international sur le nucléaire iranien, conclu trois ans plus tôt à Vienne et validé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU.
En riposte, l’Iran s’est affranchi depuis 2019 de la plupart des limites à son programme nucléaire controversé qu’il avait acceptées à Vienne en échange d’un allègement des sanctions internationales le visant.
Source: Avec AFP