Analysant l’acte de sabotage perpétré par ‘Israël’ dimanche 11 avril contre le site nucléaire iranien Natanz, la chaine12 de télévision israélienne a assuré « qu’il ne changera rien à la donne », les Iraniens ayant « atteint le point de non-retour dans leur programme nucléaire ».
Cette télévision avait averti , au lendemain de l’attaque contre le navire iranien Saviz, perpétrée le 8 avril en face des côtes d’Érythrée et attribuée également à Israël selon le New York Times, qu’avec la guerre navale avec l’Iran, Israël s’est placé dans un endroit où il est le plus faible.
« Ce que fait Israël n’entrave pas les programmes de l’Iran, car il a acquis tout ce qu’il recherchait », a affirmé la chaine, selon la traduction de la télévision libanaise d’information al-Mayadeen tv.
Et de poursuivre que l’Iran « réussit et progresse sur tous les fronts malgré les opérations secrètes d’Israël », alors que « la facture des représailles iraniennes contre Israël est remplie ».
En effet, la télévision israélienne pense que l’Iran « ne se taira pas et ripostera aux opérations » d’Israël qui ne devrait pas « sous-estimer ses menaces ».
« Les choses se détériorent sérieusement, mais Tel-Aviv attend de connaître le contenu de l’accord de Washington avec l’Iran », a-t-elle averti.
La bataille contre l’Iran est « très complexe et difficile… si l’on en croit les rapports de la presse étrangère, elle se déroule sur la scène maritime, l’arène terrestre, et apparemment aussi dans l’arène cyber », a-t-elle conclu.
« Les Iraniens vont répondre »
Pour sa part, le chroniqueur sur le Moyen-Orient Ehud Yaari a déclaré qu’il « craint qu’Israël ne se soit approché du moment où les Iraniens n’auront d’autre choix que de rechercher une réponse appropriée de leur part contre Israël ».
Il a ajouté: « Ils ont fait preuve de retenue pendant longtemps au moins depuis l’élimination du (lieutenant général) Qassem Soleimani, et après cela la liquidation du père de la bombe nucléaire, ( Mohsen Fakhrizadeh) et plus des autres événements en Syrie et en mer Rouge. »
Il a exprimé sa crainte d’approcher le moment où « les Iraniens diront : »Désolés, nous sommes obligés de faire quelque chose, et pas seulement pour notre opinion publique chez nous » ».
Renoncement à l’ambiguïté
Analysant les récents comportements israéliens, dont l’attaque que le navire iranien, le chroniqueur des affaires militaires de la chaîne 12, Roni Daniel, a pour sa part constaté « une sorte de renoncement à l’ambiguïté chez Tel Aviv ». Ce qui d’après lui constitue « une sorte d’échauffement dans notre région ».
Même avis de la part du chef de l’Institut des recherches sur la sécurité nationale Amos Yadlin qui a critiqué l’exfiltration de l’information sur la responsabilité israélienne dans le sabotage du Saviz par le biais d’une mine magnétique déposée par un commando sur sa coque, estimant qu’il s’agit « d’une guerre secrète ».
« Dans une guerre pareille il est convenable de ne pas revendiquer la responsabilité car ceci donne le droit à l’ennemi » de riposter, a-t-il jugé.
Commentant l’avis selon lequel l’attaque contre le navire est un message adressé aux Etats-Unis, il a dit : « si quelqu’un cherche à envoyer une lettre aux Etats-Unis, il s’est trompé. Avec les Américains, il faut dialoguer et non faire des opérations ».
Qui a exfiltré l’information?
Le Jerusalem Post s’est pour sa part arrêté plus longtemps sur ce qu’il a considéré être « des fuites d’informations à des médias étrangers sur une opération israélienne contre l’Iran ». En allusion à l’annonce par le journal américain New York Times que l’acte de sabotage du navire iranien a été réalisée Israël qui en a informé à l’avance Washington.
«Il se peut que ce soit les Etats-Unis qui aient diffusé ces informations après qu’un responsable israélien en a informé son homologue américain », avance le journal israélien.
Selon le blog Tikon Olam pour qui cette fuite a suscité la colère de l’armée israélienne et de ses renseignements parce qu’elle met en danger l’intégrité de la mission, et parce que celui qui est derrière la fuite semblait beaucoup plus intéressée par la promotion de son image que par la mission elle-même », une seule personne correspond parfaitement à ce cas c’est Benjamin Netanyahu qui a toujours été très bavard quand il s’agit d’étaler les exploits d’Israël contre l’Iran.
Le blog israélien n’a pas exclu non plus que la propagation de cette information soit l’oeuvre du chef du Mossad Yossi Cohen qui entretient de bonnes relations avec le journaliste israélo-américain Ronen Bergman à qui il avait fourni les informations de son ouvrage « Rise and kill first ».
Un message sur l’accord nucléaire
Selon des analystes et des observateurs libanais, l’exfiltration de cette information dans les médias américains a été préméditée par les parties israéliennes dans le but d’envoyer un message destiné à faire pression sur les Etats-Unis qui évoquent ces derniers temps un retour à l’accord nucléaire et la suspension des sanctions contre l’Iran.
Leur analyse est étayée par l’acte de sabotage contre Natanz où la responsabilité israélienne ne fait aucun doute et dont l’annonce s’explique par le fait de vouloir ôter une carte de pression des mains des Téhéran qui avait annoncé la semaine passée le lancement de nouvelles centrifugeuses dans ce complexe.
Le message a été bien compris par le chef de la diplomatie iranienne selon lequel Téhéran ne tombera pas dans le piège israélien qui lui a été tendu après le succès des pourparlers de Vienne. « L’acte de sabotage contre Natanz n’affaiblira pas notre position aux pourparlers. Téhéran est décidé à édifier le réacteur afin qu’il soit encore plus puissant avec des appareils plus sophistiqués », a aussi déclaré Mohamad Jawad Zarif.
Les Européens semblent eux aussi avoir compris le message de l’attaque contre Natanz.
« Nous refusons toutes les tentatives pour saper ou affaiblir les efforts diplomatiques liés à l’accord nucléaire », a assuré son porte-parole Peter Stano. Ajoutant qu’il faudra éclaircir les faits sur les évènements qui ont eu lieu dans le site nucléaire iranien.
Source: Divers