La confrontation entre l’Iran et l’entité sioniste prend depuis un certain temps l’aspect d’une bataille navale.
Depuis début mars 2021, deux navires iranien et israélien ont été touchés par des actes de sabotage. Dans les deux cas, ni les uns ni les autres n’ont revendiqué directement. Tout en applaudissant néanmoins.
Mais le dernier sabotage en date du mardi 6 avril, contre le navire iranien dans le Golfe au large de Djibouti par une mine magnétique posée par un commando présente toutefois une spécificité : il a été revendiqué d’une manière plus ouverte par les Israéliens. Ils en ont informé à l’avance les Américains. Selon le New York Times, citant un responsable américain sous le couvert de l’anonymat, Israël a fait part aux États-Unis qu’il a visé le navire iranien Saviz, qui patrouille en mer Rouge indiquant qu’il s’agit de représailles aux précédentes frappes contre des navires israéliens.
Cette franchise israélienne hors-norme semble toutefois avoir une autre cause et présente un message. D’autant qu’elle intervient au moment où Washington semblait plus apte à suspendre les sanctions contre l’Iran. Le jour de l’attaque, elle avait envoyé un représentant pour pour se concerter avec ses partenaires occidentaux ainsi que les Russes et les Chinois, lors de la première tournée des discussions de Vienne, .
Durant ces discussions, la délégation iranienne qui était présente a insisté de nouveau sur la nécessité de lever ces sanctions comme démarche préliminaire à la réactivation de l’accord. En échange de quoi, l’Iran reprendrait ses engagements dont il s’est affranchi un an après le retrait américain en 2018. Elle a affiché une énième fois, par la voix de son chef, le secrétaire du Conseil de la sécurité nationale Abbas Arakchi le « refus catégorique d’entamer des négociations plus élargies qui dépassent l’accord nucléaire, quelque soient les conditions ». En allusion à la puissance balistique iranienne que les Occidentaux ont toujours voulu inclure dans l’accord. Ainsi qu’au présumé rôle déstabilisateur au Moyen-Orient de Téhéran, en allusion à son soutien aux mouvements de résistance anti israéliens.
On rapporte aussi que les Iraniens qui refusent toute rencontre directe avec Washington ont catégoriquement refusé que soit arboré le drapeau américain durant ces discussions avec les 4+1, vu que les Etats-Unis se sont retirés de l’accord depuis 2018. Ils arrivaient à faire valoir leurs droits!
Le mercredi 7 avril, le département d’état américain a assuré que Washington était prêt à lever les sanctions contre l’Iran, dont celles qui contreviennent à l’accord nucléaire ».
C’est dans ce contexte qu’est intervenue la revendication israélienne du sabotage du navire iranien. Les Américains ayant été informés avant quiconque, le message israélien leur semble ête destiné en premier. Selon certains observateurs, les dirigeants israéliens ont voulu leur exprimer leur hostilité à la suspension des sanctions.
Le lendemain, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été plus explicite dans la lettre qu’il a adressée au président américain Joe Biden, et dans laquelle il lui assurait que tout accord conclu par Washington avec l’Iran n’engage nullement ‘Israël’.
« L’accord avec l’Iran pallie le chemin à l’arme atomique qui menace de nous détruire. Un accord pareil ne nous engage nullement. Une seule chose nous engage : empêcher ces gens-là qui veulent nous détruire de faire le mal », lui a-t-il écrit. Evoquant les accords de normalisation avec des pays arabes, il a salué « les signes d’un changement béni dans les relations entre les juifs et les arabes en dehors d’Israël », avant de conclure : « alors que nous avançons vers l’avant, certaines choses nous tirent vers derrière ». En allusion aux négociations sur l’accord nucléaire iranien.
Pourtant, cet accord qui stipule la limitation et la surveillance des activités nucléaires des Iraniens est le meilleur moyen de les empêcher de s’acquérir la bombe atomique. Sans compter que leurs dirigeants répètent sans cesse qu’ils ne peuvent fabriquer de bombe atomique pour des raisons religieuses.
Or ce n’est pas là que le bât blesse pour les Israéliens dont les dirigeants de tous bords ne cessent d’afficher leurs craintes des missiles balistiques iraniens de haute précision. En cas de guerre, ils vont s’abattre sur leurs villes, leurs colonies et leurs sites sensibles et en provenance de plusieurs endroits. La supériorité militaire israélienne étant sérieusement affectée, ils insistent pour contrôler ce programme, alors que pour les Iraniens, il constitue la pierre angulaire de leur doctrine de défense.
Dans un article publié sur le site web de la télévision libanaise d’information al-Mayadeen Tv, l’expert militaire libanais, le général à la retraite Charles Abi Nader estime qu’étant donné que le cadre de l’accord nucléaire n’est plus capable de régler la question des missiles balistiques, l’entité sioniste semble vouloir créer de nouveaux foyers de tension avec l’Iran, de faible intensité toutefois, pour ne pas glisser vers une confrontation de grande envergure qu’ils veulent à tout prix éviter, ainsi que les Américains.
Selon lui, Américains et Israéliens œuvrent de concert pour cette fin. Il est donc fort probable que les premiers suspendent les sanctions et réintègrent l’accord nucléaire. Une démarche qui devrait permettre à leurs partenaires européens de rétablir les accords commerciaux avec l’Iran avant qu’ils ne soient tous raflés par la Chine qui a conclu la semaine passée un accord de partenariat de 400 milliards de dollars avec l’Iran. Cet accord semble avoir pesé sérieusement sur les récentes décisions de l’administration américaine pour qui la concurrence avec la Chine est en tête de ses priorités de confrontation.
En conséquence, le sort du programme balistique de l’Iran et de son rôle au M-O se verrait déplacé en dehors de l’accord nucléaire, croit deviner Charles Abi Nader qui prévoit la poursuite des attaques contre les navires des Iraniens pour les obliger à les négocier. Cette fois-ci c’est Israël qui négociera avec l’Iran, par le feu et sur l’eau. Un pari risqué pour l’entité sioniste car elle doit s’attendre aux ripostes iraniennes.
Il se pourrait aussi que le choix des batailles navales soit applicable à d’autres acteurs que l’Iran. La Chine entre autres, dont le projet « une ceinture, une route » dépend lui aussi, en grande partie, du commerce maritime. Les activités maritimes américaines se sont multipliées et dans plusieurs endroits du monde. En mer de Chine méridionale… En mer Noire, non loin des côtes russes…Même dans la zone économique de l’Inde tout récemment… Les Etats-Unis ne cessent de proclamer leurs droits et libertés de navigation. Les conflits internationaux pourraient prendre une nouvelle tournure, certes bien mouillée. Et c’est ‘Israël’ qui aurait donné le ton.
Source: Divers