Le Premier ministre britannique Boris Johnson a défendu, mercredi 4 mars, la politique du Royaume-Uni envers le Yémen, face aux critiques sur sa décision de réduire l’aide internationale à ce pays et de continuer à vendre des armes à l’Arabie saoudite.
Lors de la séance hebdomadaire de questions devant le Parlement, le leader de l’opposition Keir Starmer a souligné que le Royaume-Uni se trouvait « de plus en plus isolé » en continuant à vendre des armes à l’Arabie saoudite, « malgré la situation au Yémen », et alors que les Etats-Unis ont suspendu leurs ventes d’armement à Riyad, qui mène, depuis mars 2015, une guerre destructrice contre ce pays le plus pauvre de la péninsule arabe.
Le Royaume-Uni « continue scrupuleusement d’appliquer les recommandations humanitaires qui sont parmi les mesures les plus strictes au monde par rapport aux ventes d’armes », a prétendu Boris Johnson, rapporte l’AFP.
Le Royaume-Uni a promis au moins 87 millions de livres sterling (100 millions d’euros) d’aide au Yémen, contre une promesse de 160 millions en 2020 et 200 millions en 2019, une décision critiquée y compris au sein de la propre majorité conservatrice de Boris Johnson.
Rappelant les propos du secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres estimant qu’une réduction de l’aide internationale s’apparente à la « peine de mort » pour le peuple yéménite, Keir Starmer a pressé Boris Johnson d’expliquer comment, dans ces circonstances, il pouvait justifier la poursuite des ventes d’armes au régime saoudien et la réduction de l’aide.
Boris Johnson s’est dit « sûr » qu’au regard des circonstances actuelles, les Britanniques comprendraient que le pays réduise « temporairement » son aide internationale.
L’ancien ministre du Développement international Andrew Mitchell a tout récemment qualifié la réduction de l’aide internationale d' »erreur stratégique aux conséquences mortelles ».
La guerre, menée par l’Arabie et ses alliés contre le Yémen, a causé la mort des dizaines de milliers de Yéménites et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.
Rappelons qu’en juin 2019, la cour d’appel de Londres avait jugé les ventes d’armes britanniques à l’Arabie non conformes au droit et a appelé le gouvernement à « reconsidérer » ses pratiques en la matière.
Des chercheurs des ONG internationales, dont Human Rights Watch se sont régulièrement rendus au Yémen et ont documenté l’utilisation d’armes lors de frappes aériennes illégales, dont des armes fabriquées au Royaume-Uni.
Les Nations Unies, Human Rights Watch, Amnesty International et des organisations yéménites des droits humains ont documenté à maintes reprises les attaques de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, dont certaines constituent des crimes de guerre, qui ont frappé des marchés, des écoles, des hôpitaux et des maisons, et tué et blessé des milliers de civils.