« La classification américaine d’Ansarullah sur la liste terroriste intervient après que cette administration a épuisé toutes ses options contre notre peuple », c’est ce qu’a déclaré le porte-parole du mouvement de résistance yéménite, cité par la télévision AlMasirah.
Pour Mohammad Abdel Salam, « l’agression contre le Yémen est américaine et le blocus est imposé par les USA, l’Arabie saoudite ne sert que pour mettre en œuvre les revendications US ».
Et d’ajouter: « L’agression politique, militaire et économique n’a pas abouti, d’où la dernière tentative américaine de classer Ansarullah sur la liste des mouvements terroristes », soulignant que « l’arrivée des USA à ce stade révèle l’échec de leurs mercenaires (saoudo-emiratis) dans l’accomplissement des diktats US ».
M.Abdel Salam a en outre rassuré le peuple yéménite: « Il n’y aura pas de répercussions politiques, économiques ou humaines pour le blacklistage US parce que nous avons franchi toutes ces étapes. »
Et de poursuivre: « Nous avons tenu bon face à l’agression, aux meurtres et aux blocus, et nous n’avons pas changé de position, et le classement américain ne nous contraindra pas à changer de position ou à faire de concessions ».
Blinken promet de « réexaminer » le classement d’Ansarullah comme groupe terroriste
Entre-temps, le futur secrétaire d’État américain Antony Blinken a promis mardi de « réexaminer immédiatement » le classement d’Ansarullah du Yémen comme « organisation terroriste », décidé par son prédécesseur Mike Pompeo malgré les craintes d’aggravation de la crise humanitaire.
« Nous allons proposer de réexaminer immédiatement cela pour nous assurer que ce que nous faisons n’entrave pas l’acheminement de l’aide humanitaire », a-t-il dit devant les sénateurs américains appelés à confirmer sa nomination, rapporte l’AFP.
L’inscription sur la liste noire annoncée par l’administration républicaine sortante de Donald Trump est entrée en vigueur mardi et des élus démocrates ont déjà appelé le président désigné Joe Biden à revenir sur la classification d’Ansarullah comme « terroristes ».
Face aux critiques internationales, le département d’État américain avait promis des dérogations pour éviter une famine au Yémen, qui ont été accordées mardi par le Trésor américain.
Mais Antony Blinken a aussitôt jugé qu’elles étaient insuffisantes, tout comme l’ONU.
« Notre position à ce sujet n’a pas changé » et « nous demandons au gouvernement d’annuler cette décision », a déclaré le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric lors de son point-presse quotidien, en réponse à une question sur les mesures prises par le Trésor.
« Notre préoccupation depuis le début, que nous avons exprimée très clairement, est l’impact sur le secteur commercial, alors que la grande majorité des denrées alimentaires et autres fournitures de base arrivant au Yémen proviennent du secteur commercial », a expliqué le porte-parole de l’ONU.
La semaine dernière, plusieurs hauts responsables de l’ONU avaient réclamé à Washington d’annuler sa mesure, mettant en garde contre le risque à défaut d’une famine au Yémen sans précédent depuis une quarantaine d’années.
Le guerre saoudo-émirati-US contre le Yémen depuis plus de cinq ans a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et mis sa population au bord de la famine.
Le soutien américain à l’Arabie, notamment en équipement militaire, a souvent été critiqué par des organisations de défense des droits humains, mais aussi des élus américains en raison de nombreuses bavures contre les civils.