Dans la tristesse et la colère, des centaines de palestiniens ont escorté le cadavre du jeune garçon Ali Abou Alia à sa dernière demeure, dans son village natal al-Mughayir en Cisjordanie occupée.
« Nous voulons vivre en toute liberté », scandaient les participants au cortège funèbre organisé le samedi 5 décembre dans la ville proche de Ramallah.
«Repose-toi martyr. Nous poursuivrons la lutte », ont-ils aussi lancé , en s’adressant au nouveau petit martyr. Blessé d’une seule balle dans le ventre, il a saigné jusqu’à sa mort, avant d’arriver à l’hôpital.
Dans une manifestation contre la colonisation
« Les soldats de l’occupation ont tiré sur le garçon alors qu’il participait à une manifestation qui protestait contre l’édification d’une nouvelle colonie », a indiqué son oncle Amine Abou Alia, président du conseil municipal d’al-Mughayir, précisant que 4 autres manifestants ont été blessés grièvement par des balles réelles tirées par les militaires israéliens.
Le jour même du martyr du petit Ali, les soldats de l’occupation ont aspergé de gaz lacrymogène, à l‘est de Naplouse, d’autres manifestants palestiniens qui protestaient contre l’établissement d’une colonie à l’est de la ville Beit Dajan.
Dans le cadre de son plan, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu compte annexer de nouveaux pans de la Cisjordanie occupée. Les Palestiniens sont sur le qui vive.
« La normalisation encourage les crimes israéliens »
Le secrétaire général du mouvement de l’Initiative nationale palestinienne Mostafa al-Barghouti, est persuadé que les militaires israéliens ont tué le petit Ali intentionnellement, en imputant la responsabilité à la normalisation entreprise par certains pays arabes.
« Nous sommes en lutte contre l’occupation et non pas en phase de négociation avec un régime raciste que la normalisation encourage à commettre des crimes», a-t-il contesté lors d’une interview le samedi 5 décembre avec la télévision libanaise d’information al-Mayadeen Tv.
« Ceci l’encourage à commettre ses crimes », a-t-il répété.
« Mais nous ne serons jamais brisés », a-t-il affirmé estimant qu’il est du droit du peuple palestinien de résister par tous les moyens, dont entre autres l’intifada, pour isoler et vaincre l’occupation. Selon lui « il faut miser sur la résistance et non sur les négociations parce que sans résistance rien ne changera ».
En toute impunité
Les condamnations ont fusé certes de toutes part : de tous les partis et mouvements palestiniens, de l’Autorité palestinienne,de la Ligue arabe, du secrétariat général des partis arabes qui s’est rappelé de l’assassinat de Mohamad al-Dourra en 2001…
L’Union européenne a réclamé une enquête. Et le coordinateur des Nations unies pour le processus de paix Nikolay Mladenov a demandé dans un tweet aux autorités de l’occupation d’enquêter « en toute indépendance » sur la mort d’Ali Abou Alia, évoquant « un incident choquant et inacceptable », rappelant que « les enfants jouissent d’une protection spéciale en fonction du droit international et qu’il faut les protéger de toute violence ».
« Si le nom d’Ayman Abou Alia que les forces d’occupation ont tué en plein jour avait été Shlomo Bou Aliia , le président américain ou n’impore quel chef d’Etat occidental ou même arabe n’aurait pu fermer l’oeil sans pleurer « cet arrachement de la vie de l’enfance ». Imaginez-vous qu’il n’y a eu aucune condamnation arabe jusqu’à cette heure-ci », s’est offusqué le chroniqueur palestinien Hassan Asfour du site palestinien Amad.
Dans leur version des faits, les autorités de l’occupation israélienne arguent qu’il n’a pas été tué par une balle réelle, rapporte la chaine de télévision KAN, « mais par une arme pour disperser les manifestations », que c’est « lui qui aurait remué au dernier moment », et qu’une enquête a été lancée pour savoir si le soldat qui l’a tué « planifiait pour le tuer ». Ce genre de procédure aboutit à disculper les tueurs israéliens.
Le dimanche 6 décembre, le ministère israélien de la Justice a disculpé de toute responsabilité un soldat israélien qui avait tiré une balle ovoïde en caoutchouc synthétique dans l’oeil d’un garçon palestinien de 9 ans, Malik Issa, pendant qu’il s’achetait un sandwich après être descendu de son bus scolaire à l’est d’al-Quds occupée. Il porte désormais un oeil de verre à gauche, selon l’AFP.
8 enfants tués en 2020
Mais il est vrai aussi que jamais les condamnations et les déplorations n’ont dissuadé les Israéliens de tuer les enfants palestiniens. Ils les tuent, les emprisonnent et les torturent, en toute impunité, comme ils le font avec leurs aînés. 8 enfants ont étés tués en 2020 par l’armée israélienne
« Israël continue de prendre pour cible nos vieux et nos jeunes gens, nos arbres, nos pierres et tout ce qui est palestinien », a tweeté le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, D. Mohamad Shtayyeh en rapportant sur sa page le martyr d’Ali.
« Que son âme retrouve la paix éternelle », a-t-il ajouté.
Or, pour M. Barghouti, la reprise le mois dernier par l’Autorité palestinienne de la coopération sécuritaire avec Israël contribue à cette impunité, et porte préjudice à l’unité inter palestinienne. « Il faut renoncer aux illusions », a-t-il recommandé en insistant sur la nécessité qu’elle soit stoppée.
Condamnant également l’attaque perpétrée contre l’une des plus vieilles églises à l’est de Jérusalem al-Quds occupée, al-Jouthmaniyat, perpétrée par un colon qui essayait de l’incendier, ava
nt qu’il ne soit arrêté en flagrant délit, M. Barghouti a déclaré qu’elle s’inscrit dans le cadre des efforts du Premier ministre israélien de « judaïser les lieux sacrés », et « fait partie de l’accord du siècle », qui avait été parrainé par le président américain sortant Donald Trump, pour liquider la cause palestinienne.
Il devait éteindre ses 13 bougies
Cette tentative de brûler l’église avait eu lieu justement le vendredi 4 décembre, le jour même de l’assassinat du garçon Ali.
« Nous disons au revoir à nos enfants devant le sapin de Noël » a écrit le tweeter Anas Mbayyed, en publiant la photo du cortège funèbre du petit Ali.
Il est mort le jour de son anniversaire, a-t-il ajouté.
Sa mère lui avait préparé, une suprise pour son retour… un gâteau comme il les
aimait tant de ses mains. Il devait éteindre 13 bougies.
Source: Divers