Le Yémen est « maintenant en danger imminent de la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies », a alerté vendredi 20 novembre le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avant de demander aux Etats-Unis « de ne pas faire tanguer le bateau ».
Cette mise en garde, qui s’ajoute à plusieurs avertissements de l’ONU ces dernières semaines, intervient alors que les Etats-Unis pourraient inscrire sur leur liste des « organisations terroristes » le mouvement de résistance yéménite Ansarullah (Houthis), compliquant encore davantage la livraison d’aide humanitaire au Yémen.
« En l’absence d’action immédiate, des millions de vies pourraient être perdues », souligne dans un communiqué Antonio Guterres, en évoquant indirectement la menace américaine.
« Je demande que chacun évite de prendre des mesures qui pourraient aggraver la situation déjà désastreuse », indique-t-il, rapporte l’AFP.
Lors d’une rencontre ultérieure avec des médias, il s’est montré plus précis en réponse à une question sur la mesure que pourraient prendre les Etats-Unis.
Dans cette « situation très fragile » et alors que des discussions sont menées avec les belligérants pour relancer la paix, « nous croyons que toute initiative unilatérale ne serait probablement pas positive. Je ne pense pas que nous devrions actuellement faire tanguer le bateau », a-t-il dit.
Comme raisons d’une menace de famine accrue, le chef de l’ONU parle dans son communiqué d’une « réduction drastique » du financement de l’aide coordonnée par l’ONU comparé à 2018 et 2019, de l’instabilité du rial yéménite et des obstacles posés par les belligérants aux humanitaires sur le terrain.
« J’exhorte tous ceux qui ont de l’influence à agir de toute urgence sur ces questions pour éviter une catastrophe. A défaut, nous risquons une tragédie non seulement dans la perte immédiate de vies, mais avec des conséquences qui se répercuteront sans fin à l’avenir », met-il en garde.
Si les Etats-Unis inscrivent Ansarullah sur leur liste, interagir avec des responsables Houthis, gérer des impôts, utiliser le système bancaire, rémunérer du personnel médical, acheter nourriture et pétrole mais aussi accéder à internet pourraient être entravés.
L’armée yéménite et Ansarullah contrôlent Sanaa, le nord du pays et autres régions du Yémen. Cependant les mercenaires affiliés à la coalition saoudo-émiratie occupent le sud du pays.
La guerre lancée par cette coalition a causé la mort des dizaines de milliers de Yéménites et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.