L’armée éthiopienne a lancé dans la région dissidente du Tigré (Nord) une « opération de maintien de l’ordre », a indiqué vendredi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, atténuant la rhétorique guerrière utilisée la veille par les deux camps, sur fond d’inquiétudes que le conflit devienne hors de contrôle.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit jeudi « profondément alarmé par la situation » au Tigré, soulignant que « la stabilité de l’Ethiopie est importante pour l’ensemble de la Corne de l’Afrique ».
« Le gouvernement fédéral a lancé une opération de maintien de l’ordre à grande échelle dans la région » du Tigré, explique vendredi le Premier ministre dans un communiqué.
Au terme de l’état d’urgence proclamés mercredi, les forces de sécurité ont notamment autorité pour « désarmer les forces de sécurité de l’Etat régional », poursuit-il.
S’exprimant dans la soirée à la télévision dans la langue du Tigré, il a annoncé des « frappes aériennes » qui ne viseront « pas les civils, mais des cibles appartenant à ce groupe dangereux » qu’est le TPLF selon lui.
Une source diplomatique a affirmé à l’AFP avoir reçu des informations crédibles sur au moins une frappe aérienne cette semaine près de la principale ville du Tigré, Mekele.
M. Abiy avait auparavant assuré sur Twitter que « les opérations (…) en cours dans le Nord de l’Ethiopie ont des objectifs clairs, limités et réalisables: rétablir l’Etat de droit et l’ordre constitutionnel, et protéger les droits des Ethiopiens à vivre paisiblement où qu’ils soient dans le pays ».
Dans son communiqué, M. Abiy affirme avoir été contraint de répondre à « la belligérance incessante de la clique du TPLF ».
Aucune information officielle n’est disponible sur les opérations en cours.
La coupure des réseaux internet et téléphoniques au Tigré rendent extrêmement difficile de vérifier la situation sur place.
Des sources diplomatiques ont fait état d’activités militaires sur les principaux axes reliant le Tigré à la région frontalière Amhara, signalant des combats intenses et des tirs d’artillerie sur la route menant à Humera, aux confins du Soudan et de l’Erythrée.
Des mouvements de troupes sont aussi signalés dans la région Afar, également voisine du Tigré.
Les récentes escalades militaire et verbale font désormais craindre un long conflit dévastateur, susceptible de menacer la stabilité déjà fragile du deuxième pays le plus peuplé du continent avec plus de 100 millions d’habitants.
L’International Crisis Group (ICG) a averti jeudi soir que si « elle n’est pas rapidement arrêtée, l’actuelle confrontation armée (…) sera dévastatrice, non seulement pour l’Ethiopie, mais pour la Corne de l’Afrique toute entière ».
L’ICG rappelle que les autorités du Tigré peuvent compter sur « une importante force paramilitaire et une milice bien entraînée, dont les effectifs combinés sont estimés à 250.000 hommes » et « semblent bénéficier d’un soutien
significatif des six millions de Tigréens ».
Source: Avec AFP