Lors de l’ouverture de l’exposition permanente sur les réalisations des forces aérospatiales du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), diverses ogives de missiles balistiques iraniens ont été présentées parmi lesquelles l’ogive à fragmentation, dévoilée pour la première fois.
En général, les ogives de missiles sol-sol sont comparables selon trois critères : la capacité de guidage, la forme et le type de charge utile pour le combat.
Si l’ogive du missile n’est pas détachable, sa capacité de guidage et de correction de la trajectoire dépend du missile lui-même.
Avant 2011, la plupart des missiles balistiques à moyenne et longue portée iraniens étaient contrôlés à l’aide d’un système de contrôle du vecteur de poussée. Leurs ogives, qu’elles soient détachables ou non, n’avaient pas la capacité de diriger et de contrôler jusqu’au bout de leur trajet. Par conséquent, une fois le carburant épuisé et les propulseurs arrêtés, ils ne pouvaient plus être dirigés et contrôlés.
Ces ogives ont été conçues pour être intrinsèquement stables de sorte qu’après leur rentrée dans l’atmosphère et la création des forces aérodynamiques dues au mouvement de l’air sur le corps de la tête, elles puissent être orientés vers le sol et aux coordonnées finales de leur trajet fixé avec une marge d’erreur d’1%.
Avec le dévoilement du missile Emad en 2015 dont la caractéristique était son ogive détachable contenant une forme de mécanisme de guidage et de contrôle jusqu’au bout de son trajet, les missiles iraniens à longue portée se transforment en des armes de « haute précision ». Cette ogive, en tant que module séparé, était également compatible avec les missiles Qadr et Sejjil.
Au fil du temps, et jusqu’à quelques années plus tard, des ogives ont été développés pour les missiles Shahab-2 et Qiam, capables de guider jusqu’à la fin de leur trajet et de localiser leur cible avec une haute précision.
Le même processus a été suivi pour le missile Khorramshahr, et après le premier prototype avec une simple ogive conique, une ogive similaire à celle d’Emad a été développée pour le Khorramshahr-2 avec la capacité de pointer et de contrôler la fin du trajet.
La famille des missiles Fateh-110 était également équipé du mécanisme de guidage et de contrôle depuis le début jusqu’à la fin du trajet, une capacité qui a ensuite été préservée bien évidemment dans les modèles à ogives détachables.
Les premiers types d’ogives des missiles balistiques iraniens à moyenne et à longue portée, à savoir Shahab-2 et Shahab-3, se présentaient sous la forme de simples cônes, qui ont ensuite été diversifiés avec deux autres types.
Le plus couramment utilisé de ces ogives commence par deux parties coniques, dont la première est inclinée pour atteindre la troisième partie toujours conique via un cylindre de longueur considérable.
Cette combinaison de formes est devenue l’aspect de composition le plus courant des ogives de missiles balistiques du pays parmi les ogives non guidées.
On observe aussi ce genre d’ogive « à trois cônes » dans les missiles Qiam et Sejjil-1 et 2, Qadr-1, F et H.
Un point important à évoquer à propos de l’utilisation de cette ogive dans les missiles Qadr et Sejjil, ayant un diamètre de corps de 125 cm, et dans le missile Qiam avec un diamètre de corps de 88 cm, est la conformité de l’ogive à trois cônes avec les deux groupes de missiles ci-dessus qui devient réalisable avec l’ajout d’une surface conique au corps des missiles plus gros.
En effet, cette pièce intermédiaire doit avoir en haut un diamètre similaire au missile de Qiam, soit 88 cm, et en bas un diamètre similaire à Qadr et Sejjil.
En conséquence, la partie principale des ogives de missiles à moyenne et longue portée est devenue la même, ce qui a réduit le coût du développement de produits dans les années 2000 où le besoin à une production rapide de divers missiles est devenu énorme.
Selon le type d’ogive et de son guidage, elle est classée comme individuelle ou non individuelle. Une tête à guidage individuel est un type d’ogive commun pour tout missile.
Selon la mission qui lui est définie, cette ogive peut être ultra explosive, à fragmentation, incendiaire, etc. Dans les missiles balistiques, l’ogive est généralement de type ultra explosif.
La masse de l’ogive à guidage individuel des missiles Shahab-3, Qadr, Sejjil et Qiam est estimée de 650 à 1 000 kg dans différents modèles.
L’ogive la plus lourde des missiles iraniens est liée à Khorramshahr-1 à guidage individuel et avec une masse de 1 800 kg.
Un autre type d’ogive de missile balistique est la tête « multiple » ou « complexe », qui est en fait une combinaison d’un certain nombre d’ogives plus petites. Une fois l’ogive principale détachée du missile, ces petites têtes se séparent et touchent différents points en s’éloignant les unes des autres.
Dans les quelques rares pays fabricants de missiles balistiques, les ogives intégrées se composent de 3 à 14 têtes plus petites. Le missile Khorramshahr est l’un des missiles pour lequel une ogive avec plusieurs têtes plus petites a été officiellement spécifiée.
Les ogives à fragmentation peuvent être considérées comme un type d’ogive complexe qui se compose d’un grand nombre de petites munitions. Ce type d’ogive convient pour couvrir une zone relativement grande où plusieurs cibles sont dispersées.
Bien entendu, les munitions de petit calibre des ogives de missiles balistiques et les bombes à fragmentation conventionnelles larguées depuis un avion ont des différences dimensionnelles et opérationnelles.
Le développement et les tests réussis d’une nouvelle génération des ogives à fragmentation ont été annoncés en février 2013. Selon le ministre de la Défense de l’époque, une nouvelle génération de missiles balistiques sol-sol à longue portée équipé d’une ogive à fragmentation a été conçue et fabriquée pour détruire les armes et équipements militaires ennemis et échapper aux systèmes antimissiles.
Les images graphiques publiées à l’époque sur le missile montraient qu’il transportait des dizaines de petites cartouches destinées aux missiles à longue portée jusqu’à 125 centimètres de diamètre, comme le type Qadr.
Dans une exposition des forces aérospatiales du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) en mai 2014, le missile Zelzal équipé d’une ogive à fragmentation a été dévoilé. Le missile est conçu pour détruire les cibles ayant une grande superficie, comme les aéroports, les pistes et les dépôts d’équipement.
L’ogive du missile se compose de 30 bombes de 17 kilogrammes qui larguent de petites munitions et atterrissent sur la cible à la hauteur appropriée de la cible, en fonction de la portée prévue pour l’impact.
La propagation à haute vitesse des munitions dans des directions aléatoires ou précises en fonction des effets désirés sont également basée sur la rotation du missile autour de son axe longitudinal. Cette rotation sert de mécanisme automatique pour larguer des bombes sur la cible. Apparemment, cette rotation est produite en créant un angle de déflexion dans les quatre petites ailes de contrôle.
Ces bombes, qui ont des ailes stabilisatrices rétractables, atterrissent presque verticalement sur la cible et sont capables de frapper des cibles telles que les camps des ennemies, les bases où sont stationnés les véhicules blindés légers et lanceurs, les avions et hélicoptères, ainsi que les pistes de vol.
Une fois séparés du missile principal, il est pratiquement impossible pour l’ennemi de neutraliser ses bombes et son impact sur la cible sera définitif.
Un autre type de munitions multiples transportées par l’ogive a également été exposé à côté du missile de tête pluviale de Zalzal lors de l’exposition de 2014.
Cet engin explosif a un corps cylindrique et de petites ailes de commande en bout de corps et il semble qu’il soit possible d’en placer 4 dans chaque missile porteur.
Dans ce cas, chacun d’eux peut peser environ 100 kg ou plus. La forme de l’extrémité du corps peut également indiquer la présence de propulseurs à combustible solide en son sein. Il est à noter qu’un petit détecteur de radar a été vu à côté de cette munition dans un autre coin de l’exposition, qui a des dimensions comparables au diamètre de ces munitions.
Cet équipement, ainsi que la présence de petites ailes de contrôle dans ces munitions, qui devraient normalement être utilisées par le système de guidage et de contrôle, en fonction du ciblage souhaité, augmente la possibilité que les munitions soient connectées au système chercheur. Une telle combinaison d’armes serait efficace contre un groupe de navires de guerre ou, si le chercheur est anti-radar, contre une zone protégée par divers systèmes de défense.
Dans l’exposition permanente des forces aérospatiales du CGRI, qui s’est ouverte le 27 septembre 2020, parmi les images sur les missiles balistiques, une ogive à trois cônes équipée d’une variété de munitions saute aux yeux.
Il y a plusieurs choses à considérer à cet égard. Le premier est la variété des munitions mentionnées et le second est le nombre de munitions portables sans oublier la possibilité de transporter plusieurs types de munitions dans une même ogive.
À partir des images publiées, il a été révélé que l’ogive était destinée à afficher trois types de munitions. Le plus petit spécimen bleu, placé en groupes d’au moins 5 et 7 dans des segments d’ogives, est de petite taille et de petit poids et est probablement conçu pour détruire des cibles sans protection blindée, comme des avions, des hélicoptères et des équipements légers.
Le plus petit modèle, qui est en bleu, est placé en groupes d’au moins cinq et sept sur diverses parties de la tête dont les dimensions et le poids sont minimes. Ils sont probablement conçus pour détruire des cibles non blindées telles que des aéronefs, des hélicoptères et des équipements légers.
Le deuxième type, en noir, mesure presque deux fois la longueur et le diamètre du modèle bleu et convient à la destruction de cibles telles que de petits bâtiments, des véhicules de combat et des pistes d’atterrissage et de décollage.
Le troisième type, de couleur rouge, est en fait un type de munition à ogive complexe qui a un corps cylindrique, des volets ouvrants à l’extrémité et un diamètre plus grand que les deux types précédents. Ce type peut être utilisé pour détruire des cibles protégées. Il a probablement des capacités de navigation et de contrôle distinctes dans ses nouvelles variantes. Le rayon de courbure du projectile indique qu’il est conçu soit pour une séparation lors des vitesses très élevées, soit pour utiliser un détecteur optique lors de l’opération.
En plus de la variété des ogives, les missiles balistiques iraniens ont tous atteint aujourd’hui une capacité prouvée en termes de capacité de ciblage et de leur haute précision.
En conséquence, en plus de la possibilité de détruire diverses cibles dans les bases ennemies jusqu’à un rayon de 2000 km avec une très grande précision, ils ont également la capacité d’influencer l’effet tactique souhaité sur la puissance de combat de l’ennemi.
Le point très important est que, comme ces missiles sont produits avec des capacités nationales et ne dépendent pas de l’extérieur, ils sont beaucoup moins chers que les modèles étrangers. Ayant une forte efficacité, ils peuvent être produits dans le nombre requis.
Source: Avec PressTV