Le Liban est confronté à un pic de propagation du nouveau coronavirus qui fait craindre un scénario dramatique « à l’européenne », a averti lundi le ministre de la Santé Hamad Hassan, appelant à saisir « la dernière chance » offerte par un reconfinement partiel.
Les pays d’Europe avaient été confrontés dès mars à des bilans dépassant chaque jour les milliers de nouveaux cas, avec parfois des centaines de décès, mais le Liban avait lui, réussi dans un premier temps à juguler l’épidémie grâce à un confinement largement respecté.
Le nombre d’infections à la maladie Covid-19 est toutefois reparti à la hausse dans ce petit pays du Proche-Orient après l’explosion meurtrière qui a eu lieu le 4 août dernier dans le port de Beyrouth, et qui a coûté la vie à plus de 200 personnes et blessé quelque 6.000 autres.
Les chiffres atteignent désormais un total de 44.482 cas, dont 406 décès.
« Nous avons perdu le contrôle sur la propagation de la pandémie après le 4 août, les contaminations sont passées de 5.000 cas à peu près à plus de 42.000 aujourd’hui », a précisé ce lundi 5 Octobre le ministre Hamad Hassan, lors d’un entretien avec la télévision al-Manar.
Des centaines de blessés s’étaient alors précipités dans des hôpitaux bondés, suivis par leurs proches en panique.
« Le taux de contamination au Liban atteint chaque semaine les 120 cas pour 100.000 habitants, ce qui est considéré comme un pic nous rapprochant des scénarios européens », a-t-il averti selon l’agence d’information officielle ANI.
A titre de comparaison, le taux d’incidence à Paris dépasse les 250 cas pour 100.000 habitants, selon des statistiques officielles, citées par l’AFP.
Selon M. Hassan, le taux de mortalité au Liban a atteint « un pic » de 1,2% et ce chiffre ne doit pas être « pris à la légère ».
Le ministre a qualifié de « dernière chance » la décision de confiner depuis dimanche, et pendant une semaine, plus d’une centaine de villages et localités.
Les autorités craignent que le secteur médical ne soit rapidement débordé par l’afflux de patients, d’autant que trois hôpitaux de Beyrouth ont été mis hors service par l’explosion.
« De nombreux hôpitaux ont atteint leur pleine capacité », a averti sur son compte Twitter le docteur Firass Abiad, à la tête de l’hôpital public Rafic Hariri, principal établissement mobilisé dans la lutte contre le Covid-19.
« De nombreux patients ont été contraints de rester aux urgences ou de parcourir de longues distances pour trouver un lit en soins intensifs », a-t-il ajouté.
M. Hassan a appelé le secteur hospitalier privé à s’impliquer plus, indiquant que seuls 15 sur 130 établissements accueillent des patients atteints du Covid-19, voyant là « un manquement » et une volonté « d’échapper à la responsabilité ».
Il a averti les hôpitaux privés que le ministère de la Santé publique pourrait reclasser les hôpitaux privés et geler le contrat signé avec eux.
« L’objectif n’est pas d’ouvrir un différend, mais de tendre la main à ces institutions hospitalières et de coopérer pour faire face à la situation difficile, car il est très important de soutenir les efforts déployés pour faire face à l’épidémie, et c’est une responsabilité nationale que l’histoire enregistrera et que l’État n’oubliera pas », a-t-il souligné, d’après al-Manar.
Indiquant que « l’une des solutions proposées est de solliciter l’aide d’hôpitaux de campagne spécialisés », M. Hamad a révélé avoir reçu de l’ambassadeur du Qatar l’autorisation initiale d’amener au Liban un hôpital de campagne de mille lits.
« Si l’approbation finale est obtenue, cinq cents lits seront placés dans le Nord pour y couvrir les besoins de santé croissants », a-t-il conclu..
Source: Divers