La position de l’Égypte et d’autres pays arabes sur la question de l’annexion par Israël de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain est certes déroutante et inquiétante pour les Palestiniens. Et pour les Jordaniens aussi qui s’attellent ces temps-ci pour obtenir une position arabe commune et forte qui puisse contrer cette décision. Sans toutefois parvenir à leur fin.
Alors qu’il était prévu le jeudi 18 juin que le ministre des Affaires étrangères égyptien Sameh Choukri accompagne son homologue jordanien Ayman al-Safadi, dans sa visite à Ramallah, il s’est désisté à la dernière minute, au motif que « Le Caire est assiégé et pris dans trois dossiers brûlants: la Libye, le barrage al-Nahda et la bande de Gaza ».
« Le désistement de Choukri à la dernière minute a irrité Ramallah et inquiété Amman qui craignent que la position du Caire de la question de l’annexion ne reste modeste et se limite à la condamnation verbale », a indiqué une source diplomatique haut-placée, selon la télévision libanaise d’information al-Mayadeen Tv.
La Jordanie aussi aurait voulu que M. Choukri soit présent à Ramallah ce jeudi, « pour que le message soit plus fort » contre cette décision prise par le Premier ministre israélien d’annexer certains pans de la Cisjordanie et la vallée du Jourdain, à partir du mois de juillet prochain. Violant le droit international et des accords conclus avec les Palestiniens.
« Toutefois, les Jordaniens ont assuré qu’ils vont poursuivre leurs contacts avec les Egyptiens pour garantir au moins leur attachement au refus de l’opération d’annexion », ont précisé ces sources d’al-Mayadeen.
La Jordanie semble quant à elle plus décidée à agir contre cette décision que seuls les Etats-Unis ont admise tandis que l’Union européenne la Russie et la Chine l’ont rejetée.
Elle a informé les Etats-Unis et Israël qu’elle allait se retirer de l’accord de Wadi Araba si la décision d’annexion de parties de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain est mise en exécution.
Le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a été informé de cette décision dans le message que lui a envoyé le roi jordanien Abdallah II, et qui lui a été transmis par M. Safadi, ont rapporté des sources hauts-placées citées par le site de télévision libanaise d’information al-Mayadeen Tv.
Selon les sources diplomatiques, Ms. Abbas et Safadi se sont mis d’accord sur une invitation de six pays arabes en vue de publier un communiqué fort qui refuse la décision de l’annexion.
Safadi a aussi rapporté que le souverain jordanien a contacté le prince héritier émirati Mohamad ben Zayed (MBZ) sur les dernières déclarations de son ministre d’Etat pour les Affaires étrangères Anwar Gargash.
Dans son allocution lors d’une conférence de l’American Jewish Committee (AJC), le 16 juin dernier, ce dernier a assuré que « les Émirats arabes unis peuvent travailler avec Israël, malgré les divergences politiques », évoquant les domaines de la technologie et de la lutte contre la pandémie du coronavirus.
Les EAU adoptent une politique de normalisation avec l’entité sioniste à l’insu des intérêts du peuple palestinien. Au lieu de faire pression sur Israël pour le dissuader d’aller de l’avant dans son projet d’annexion de la Cisjordanie, laquelle devrait faire partie de l’Etat palestinien convoité, Abu Dhabi multiplie les signes de rapprochement. Elle a envoyé deux vols de la compagnie aérienne à Tel Aviv, au cours des dernières semaines, dont un portant le logo de la compagnie. Une première en ‘Israël’.
Selon Safadi, lorsque le roi Abdallah a interrogé MBZ sur les propos de son ministre, il les a démentis et avancé des propos différents.
Le double langage a toujours marqué le discours des dirigeants arabes sur la question palestinienne. Un double langage destiné à cacher leur renoncement tacite aux droits palestiniens, souvent pour préserver leur trône.
Amman tiendra-elle sa parole de se retirer de des accords conclus avec l’entité sioniste ? Rien n’est moins sûr non plus, quand bien même cette annexion lui portera grief. Et puis que peut-elle faire toute seule?
Source: Divers