Le patriarche maronite, Béchara Raï, a rejeté, ce dimanche 26 avril, la campagne visant le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, confronté à d’importantes critiques après que la livre libanaise ait atteint son plus bas niveau historique face au dollar..
« Ce type d’attaque contre la dignité du Gouverneur de la Banque du Liban et d’une institution, qui n’avait pas connu de pareil depuis sa fondation sous le mandant de Fouad Chéhab, est inacceptable », a-t-il estimé.
En réaction, l’ancien député, Najah Wakim, a accusé le patriarcat maronite de prendre la défense de Salamé, vu que ce dernier avait aidé l’institution maronite à transférer ses fonds à l’étranger en février 2019, avant le début de la crise économique au Liban.
Pour sa part, le chef du Courant Patriotique Libre, Gebran Bassil, a mis en garde « les références religieuses contre la protection des incriminés », les appelant « à entendre la voix du peuple ».
Hariri à la défense de son allié
Le proche allié de Salamé, l’ex-Premier Ministre Saad Hariri a lui aussi pris la défense du gouverneur de la Banque Centrale du Liban. Hariri a fustigé, jeudi 24 avril, son successeur Hassan Diab, l’accusant de vouloir « détruire le système économique libre », rapporte le site Libnanews.
Pour rappel, Saad Hariri avait déjà jugé par le passé le gouverneur de la Banque du Liban, intouchable.
Ainsi, il a qualifié le discours du Premier Ministre qui appelait Riad Salamé à s’expliquer sur la dégradation de la parité entre Dollar et Livre Libanaise, de « coup avec un langage militaire ».
« Il y a des remarques dangereuses pour manipuler les sentiments du peuple, leurs inquiétudes sociales et la peur de qualité de vie avec, pour objectif, de se distancier de l’abandon complet du gouvernement », estime l’ex-chef du gouvernement dont la politique économique et celle de son père Rafic Hariri est considérée par beaucoup comme étant à l’origine de l’importante dette publique.
« Il y a une phase de revanche contre une époque entière », note Saad Hariri, qui accuse Hassan Diab de mener la charge.
« Bravo Hassan Diab, tu es en train de réaliser leurs rêves de détruire le système économique libre. Ils t’applaudissent à la Présidence de la République ».
Saad Hariri s’en est également pris au Courant Patriotique Libre, l’accusant d’être responsable de la moitié de la dette publique en raison de la subvention pour la production d’électricité, pourtant alors que ses alliés et lui étaient à la Présidence du Conseil et à la politique étrangère visant, selon lui, à menacer les liens du Liban avec les Pays Arabes et la communauté internationale.
« Est ce que le gouverneur de la Banque Centrale est à blâmer pour tout cela », s’interroge Hariri.
L’attaque de Hariri intervient alors que le Premier Ministre Hassan Diab, en accord avec la Présidence de la République, a décidé d’engager une compagnie d’audit internationale pour mener une mission au sein de la Banque du Liban.
Hassan Diab a accusé la politique du gouverneur de la Banque du Liban, à son poste depuis 1993, à l’arrivée de Rafic Hariri, d’être à l’origine de la perte de plus de 7 milliards de dollars depuis le début de l’année alors que la livre libanaise a poursuivi sa chute dans le marché noir.
Salamé est également accusé de complicité avec les Etats-Unis, qui ont menacé de ruiner l’économie du Liban, si le gouvernement ne se démarque pas du Hezbollah.
Attaque contre deux banques au sud
Rappelons que sur ordre de Riad Salamé, les banques ont restreint les retraits en dollars avant de les arrêter complètement en mars et d’interdire également les virements à l’étranger, suscitant la colère de la population.
La colère contre les banques est également attisée par la dégringolade continue de la monnaie nationale face au dollar sur le marché parallèle, ce qui entraîne une forte inflation.
Pour protester contre les mesures prises par les établissements bancaires, des cocktails molotov ont été lancés dans la nuit du samedi au dimanche 26 avril contre une succursale du Crédit Libanais de Tyr (sud).
Cette information fait suite à un attentat à la bombe qui a visé, samedi soir, une succursale de la Fransabank, à Saïda (sud), indique l’AFP.
La façade en verre de cette banque et un faux plafond ont été soufflés par la détonation, qui n’a fait ni mort ni blessé, selon l’Agence nationale d’information (ANI). Une enquête a été ouverte, a-t-elle ajouté.
Les banques libanaises sont accusées d’avoir contribué à la hausse importante du dollar face à la livre libanaise. La parité entre monnaie locale et billet vert a ainsi atteint 3 900 LL/USD à l’achat et 4 000 LL/USD à la vente samedi au marché noir.