Une récession historique menace le Royaume-Uni en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, a averti mardi un institut public au moment où le gouvernement s’apprête à prolonger le confinement, sans stratégie de sortie pour l’instant.
Avec encore 778 décès supplémentaires annoncés mardi et plus de 12.000 au total dans les hôpitaux, le Royaume-Uni est l’un des pays les plus touchés en Europe. Il n’observe toujours pas de décrue permettant d’envisager rapidement un assouplissement des mesures sans précédent prises pour freiner la progression du Covid-19 et qui sont très douloureuses pour l’économie.
Idée du choc: le pays pourrait subir une chute de 13% de son produit intérieur brut (PIB) en 2020, selon un scénario dévoilé par l’OBR (Office for Budget Responsibility) l’organisme public chargé des prévisions économiques et budgétaires auprès du gouvernement.
Cet effondrement de l’activité « serait bien plus élevé que les baisses annuelles observées à la fin de chaque guerre mondiale ou pendant la crise financière » de 2008, prévient-il.
Ses estimations se fondent sur un confinement qui durerait trois mois, suivi d’une autre période de trois mois au cours desquelles les restrictions seraient peu à peu levées.
Cette publication « est claire » sur le fait que la pandémie va avoir « un impact très conséquent sur notre économie comme sur d’autres dans le monde », a réagi le ministre des Finances Rishi Sunak sur la BBC. « Une épreuve nous attend et nous ne pourrons pas protéger chaque emploi et chaque entreprise ».
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une baisse moins sévère, mais sans précédent depuis un siècle, de 6,5% du PIB en 2020, avant un rebond de 4% en 2021, selon des estimations publiées mardi.
Sans Johnson
Le ministre des Finances a ajouté qu’il fallait en finir avec le coronavirus « le plus vite possible », alors que le gouvernement doit se prononcer dans les jours qui viennent sur une prolongation du confinement, décrété le 23 mars pour trois semaines.
Cette décision cruciale devrait être probablement prise en l’absence du Premier ministre Boris Johnson, en convalescence après avoir été durement frappé par le virus et hospitalisé en soins intensifs pendant plusieurs jours.
Déjà très lourd avec plus de 12.000 morts, le bilan officiel de la pandémie ne tient pas compte des décès en maisons de retraite, dont des représentants s’alarment des « morts silencieuses » oubliées des statistiques officielles.
En raison des conséquences économiques et sociales spectaculaires du confinement, le gouvernement, sans leader fort actuellement, se trouve sous pression pour donner des indications sur sa stratégie de sortie de crise, alors que plusieurs pays s’y préparent déjà.
La France a évoqué une levée des restrictions et une réouverture progressive des écoles à compter du 11 mai en France.
L’Espagne a autorisé sous conditions les travailleurs à revenir dans les usines et les chantiers.
L’Allemagne doit quant à elle se prononcer mercredi.
Déficit de près de 14%
Chaque jour qui passe plombe un peu plus l’économie. L’OBR entrevoit un choc particulièrement fort au deuxième trimestre, période qui couvrirait l’essentiel du confinement et donc du coup d’arrêt infligé à l’économie, avec un effondrement de 35% du PIB par rapport au trimestre précédent.
Mais l’économie pourrait se reprendre rapidement et fortement, avec une croissance de 25% au troisième trimestre (par rapport au trimestre précédent) et de 20% au quatrième.
Le taux de chômage est quant à lui susceptible de s’envoler à 7,3% fin 2020, avec un bond jusqu’à 10% au deuxième trimestre soit deux millions de chômeurs supplémentaires.
L’impact sur les finances publiques sera également considérable, avec un déficit public qui bondirait de 218 milliards de livres pour atteindre 273 milliards soit 13,9% du PIB pour l’année budgétaire 2020-2021 (qui s’achèvera en mars 2021).
Il s’agirait d’un record depuis la Seconde guerre mondiale, selon l’OBR.
La dette publique grimperait elle à 94,6% du PIB.
L’OBR précise que le déficit public sera surtout plombé par la chute des recettes fiscales en raison de l’arrêt de l’économie ainsi que par les mesures de soutien dévoilées par le gouvernement.
Ce dernier tente par tous les moyens de limiter la casse, en prenant en charge 80% des salaires dans les entreprises pour éviter les licenciements ou en garantissant des prêts pour 330 milliards de livres.
Source: AFP