Alors que le Premier ministre irakien Haidar Abadi espérait libérer entièrement la ville de Mossoul avant la fin de cette année, il vient d’ajouter trois mois supplémentaires à ce délai. Les forces irakiennes sont positionnées sur les fronts de combats sans aucune avancée tangible, et Abadi refuse l’entrée du Hached au cœur de Mossoul, dans le cadre des opérations « Nous viendrons Ninive ».
Des sources irakiennes éminentes estiment toutefois qu’ « avec le rythme actuel, les opérations ne prendront pas fin avant six mois ».
Le journal libanais al-Akhbar, citant des sources irakiennes, rapporte qu’un certain laxisme entrave la poursuite de la bataille dans la ville de Mossoul, évoquant « des opérations intermittentes menées par des efforts purement irakiens, sans aucune couverture américaine ».
En effet, les forces armées irakiennes et le service de lutte antiterroriste refusent de progresser dans les quartiers Est de Mossoul, surtout que Washington a retiré sa couverture aérienne et se contente d’observer passivement les forces irakiennes.
Washington par ailleurs continue de faire pression sur Bagdad et ses institutions militaires. Ces divergences sur la libération de Mossoul ont provoqué une grande division entre le commandement des forces américaines et la direction du service de la lutte antiterrosite. Sachant que ce service est parrainé, équipé et entrainé sur la doctrine américaine des combats.
Ces derniers jours, raconte des sources à al-Akhbar, « Abadi s’est vu obligé de changer le cours des opérations pour mettre fin au statu quo. Des modifications américaines sur le plan A pour la libération de Mossoul ont été présentées ».
En effet, les commandements de l’armée et des services sécuritaires, ainsi que le Hached Chaabi étaient convaincus que les Américains fourniront le soutien aux forces déployées sur les lignes de front à l’Est de Mossoul et dans ses quartiers. Mais lorsque Washington n’a pas tenu à ses engagements, Bagdad s’est vue contrainte de changer son plan de combat.
Echec du nouveau plan
De même source on explique qu’Abadi et son équipe ont changé le plan, mais il n’a pas obtenu le résultat escompté. Celui-ci a convoqué la brigade rapide d’intervention et l’a chargée de progresser sur l’axe de l’Est aux côtés du service de lutte antiterroriste, qui escortait les forces de la police fédérale dans l’axe du sud. Ceci a provoqué de grandes perturbations chez le commandement des opérations et les forces avancées, et a affecté négativement le cours des opérations ».
Un autre round de négociations a eu lieu entre les directions militaires de l’armée et les services de sécurité avec Abadi. Des négociations visant à « permettre au Hached Chaabi de prendre part aux opérations militaires en cours à Mossoul, et d’accélérer les opérations à Tallafar ».
Ces commandements ont espéré convaincre le Premier ministre d’impliquer deux factions de la résistance dans les opérations en question, les brigades du Hezbollah d’Irak et Badr. Un climat d’optimisme a prévalu suite à l’appel d’un certain nombre de forces politiques à la participation du Hached Chaabi dans les opérations de Mossoul pour trancher la bataille.
Les commandements militaires ont dressé avec les dirigeants du Hached un plan stipulant l’avancée des forces du Hached sur trois axes: le premier, avancer sur l’axe du sud dans le but de séparer Mossoul de Tallafar. Le deuxième: entrer dans la ville de Tallafar pour y prendre le contrôle. Le troisième: participer aux opérations de la partie Est de la ville de Mossoul. Les dirigeants planificateurs ont prévu que « la progression rapide assurera l’effondrement des miliciens de Daech dans un délai de deux semaines ».
Abadi tient des propos américains
« La décision d’Abadi est une décision américaine, et tout ce qu’il dit reflète la position américaine », a commenté une source éminente au courant des pourparlers avec Abadi.
La réponse d’Abadi était en effet claire: « Non à la participation du Hached, et nous avons toujours du temps ». Le Premier ministre réalise que l’entrée du Hached Chaabi contribuera à trancher la bataille, mais il craint certaines composantes politiques irakiennes et évite d’entrer dans des polémiques pour des calculs électoraux. Ajoutons à ceci sa volonté de plaire à son allié américain qui ne veut pas une libération imminente de Mossoul ».
Chantage américain
Des sources irakiennes affirment dans ce contexte que les Américains pratiquent une politique de chantage pour libérer Mossoul, et exigent un soutien accru de la part du gouvernement aux forces irakiennes parrainées par les Américains.
Rejet des propos de Joubeir
Entretemps, les propos du ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Joubeir ont suscité l’ire des Irakiens, après avoir qualifié le Hached Chaabi d’institution sectaire, et l’avoir accusé de commettre des massacres en Irak.
Selon lui, « le Hached Chaabi est dirigé par des officiers iraniens, à leur tête Kassem Souleimani ».
Abadi a rejeté les déclarations de Joubeir, assurant que « le Hached est une institution sécuritaire irakienne, légitimée par une loi parlementaire permanente ». Abadi a appelé Riyad à cesser les déclarations médiatiasées, et a refusé de commenter les propos de Joubeir « parce que le système sécuritaire de l’Arabie Saoudite présente de nombreux défauts ».
Traduit du site al-Akhbar
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