Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, chargé de superviser le mécanisme de règlement des différends prévu dans l’accord nucléaire signé en 2015 avec l’Iran, a appelé mercredi tous les signataires, dont Téhéran, à le préserver, jugeant « impossible » de le remplacer.
« La préservation du JCPOA (acronyme de l’accord) est aujourd’hui plus importante que jamais », a-t-il affirmé dans un communiqué.
« Le mécanisme de règlement des différends (déclenché par les Européens, ndlr) exige des efforts intensifs et de bonne foi de la part de tous. En tant que coordinateur, j’attends de tous les participants au JCPOA qu’ils abordent ce processus dans cet esprit », a-t-il ajouté.
« Le but du mécanisme de règlement des différends n’est pas de réimposer des sanctions, mais de résoudre les questions liées à la mise en oeuvre de l’accord dans le cadre de la commission mixte », qui est l’instance d’arbitrage, a précisé le chef de la diplomatie de l’UE.
« Le JCPOA est une réalisation importante d’une diplomatie multilatérale. Il a été conclu après des années de négociations, et il n’y a pas d’autre solution que cet accord », a-t-il insisté au cours d’une déclaration à la presse au Parlement européen à Strasbourg.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est toutefois dit mardi prêt à remplacer l’accord par un nouveau texte voulu par Donald Trump, jugeant que le président américain était un « excellent négociateur ».
Josep Borrell a jugé « impossible » de le remplacer. « Je ne vois pas comment on pourrait mettre au point un autre accord dans un contexte aussi complexe. Ce n’est pas possible », a-t-il soutenu devant le Parlement européen.
« Le Premier ministre britannique dit des choses en contradiction avec la lettre signée par les ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne. Pour moi, ce qui compte c’est la lettre. C’est un document officiel dont je dois tenir compte pour mes actions », a-t-il déclaré.
« Personne n’a abandonné l’accord. Les Européens disent qu’il est essentiel pour notre sécurité et qu’il faut le préserver », a-t-il insisté.
« L’Iran n’est pas une puissance nucléaire grâce à cet accord. Imaginez la situation si l’Iran était une puissance nucléaire », a-il lancé.
Josep Borrell a enfin rappelé que « l’accord (était) inscrit dans une résolution des Nations unies qui est toujours en vigueur ».
« Ce sont les Etats-Unis qui se sont retirés de façon unilatérale. L’Iran a respecté ses engagements pendant 14 mois sans contreparties », a-t-il souligné.
L’accord garantit la nature pacifique du programme nucléaire iranien. Il a été conclu entre l’Iran et les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine.
Ce texte, qui met le programme nucléaire iranien sous le boisseau en échange d’une levée des sanctions, est formellement resté en place malgré le retrait en 2018 des Etats-Unis, mais se détricote depuis.
Les Etats-Unis ont rétabli des sanctions contre l’Iran. En réponse, Téhéran s’est peu à peu affranchi de ses obligations.
Le 5 janvier, Téhéran a annoncé la « cinquième et dernière phase » de son plan de réduction de ses engagements pris dans le cadre de l’accord. L’Iran a affirmé qu’il ne se sentait plus tenu par aucune limite « sur le nombre de ses centrifugeuses » utilisées pour la production de combustible nucléaire.
Source: Avec AFP