A peine arrivé au Liban, Carlos Ghosn est rattarpé par ses problèmes. Le magnat de l’automobile déchu ayant fui le Japon , fait déjà l’objet d’une demande d’arrestation envoyée par l’Interpol. Il risque aussi dans ce pays auquel revient l’une de ses trois nationalités, des poursuites judiciaires pour un déplacement en Palestine occupée.
« Le parquet général (…) a reçu une notice rouge d’Interpol concernant le dossier Carlos Ghosn », a indiqué le ministre libanais de la Justice Albert Sarhane, cité par l’agence de presse officielle ANI.
Au terme d’une fuite rocambolesque, l’ex-patron de Renault-Nissan poursuivi au Japon pour malversations financières est arrivé lundi au Liban, où son lieu de résidence reste inconnu.
Interpol n’émet pas de mandats d’arrêt et ne peut déclencher ni enquêtes ni poursuites, mais les pays membres et les tribunaux internationaux peuvent demander la publication de « notices rouges ». Ces avis de recherche internationaux s’appuient sur des mandats d’arrêt nationaux, dont les informations qu’ils contiennent sont transmises aux autres membres via une base de données sécurisée.
Les autorités libanaises avaient déjà annoncé que M. Ghosn était entré « légalement » dans le pays, avec un passeport français et une carte d’identité libanaise, selon une source à la présidence.
De son côté, la Sûreté générale avait assuré que rien n’imposait « l’adoption de procédures à son encontre » ni « l’exposait à des poursuites judiciaires » au Liban. Et le ministère libanais des Affaires étrangères avait rappelé qu’il n’existait pas d’accords de « coopération judiciaire » ou d’extradition avec le Japon.
M. Ghosn, qui fut le chef d’entreprise le mieux payé au Japon, y a été arrêté fin 2018. Il fait l’objet de quatre inculpations dans ce pays: deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (qui est aussi poursuivi sur ce volet), et deux autres pour abus de confiance aggravé.
Des poursuites au Liban aussi
Or, des poursuites judiciaires l’attendent aussi au Liban. Des avocats ont demandé au parquet général d’entamer des poursuites contre M.Ghosn pour un déplacement en Palestine occupée.
Il s’y était rendu en 2008 dans le cadre d’un partenariat pour le lancement d’une voiture électrique.
« Avoir des rapports avec Israël ce n’est pas une question d’opinion, la loi interdit toute normalisation », a indiqué jeudi à l’AFP Hassan Bazzi, un des trois avocats ayant présenté une requête auprès du parquet général.
Le « rapport » présenté au parquet reproche à M. Ghosn d’avoir commis « le crime d’entrer en pays ennemi et d’avoir violé la loi du boycott d’Israël », a rapporté l’agence de presse officielle ANI.
« Où était le parquet général et la sureté générale lors des précédentes visites au Liban de M. Ghosn, après qu’il se fut rendu en Palestine occupée et qu’il y fut photographié », s’est insurgé Me Bazzi.
« Les pauvres sont poursuivis au Liban, tandis que ceux qui ont gagné des millions en faisant des investissements avec l’ennemi sont traités en héro », a fustigé l’avocat.
Source: AFP