« Bien qu’un grand nombre de colons sionistes pensent toujours que Trump est un miracle divin, de hauts responsables israéliens ont pris conscience qu’à l’heure du besoin, Israël ne pourra compter sur le président américain », indique le journal israélien Haaretz dans son numéro publié le lundi 16 décembre.
Dans très peu de pays, les espoirs concernant la politique étrangère de l’administration Trump ont été aussi clairs qu’en ‘Israël’. Et maintenant, la déception croissante envers Donald Trump n’est presque jamais exprimée publiquement par les hauts responsables israéliens, pour des raisons compréhensibles.
Premièrement, Benjamin Netanyahu ne veut pas gâcher la relation personnelle étroite qu’il entretient avec Trump.
Deuxièmement, comme la plupart des alliés des États-Unis au Moyen-Orient, les dirigeants israéliens ont peur d’écraser l’énorme ego du président américain.
Troisièmement, Trump continue d’offrir des cadeaux à ‘Israël’ concernant la question palestinienne, écrit Haaretz.
« Mais dans les coulisses, on parle de grande frustration, en grande partie concernant le changement qui semble se développer dans la position de l’administration américaine vis-à-vis de l’Iran. Pendant un moment, les choses ont semblé différentes. À la veille de sa victoire électorale, et plus encore après son entrée à la Maison-Blanche en janvier 2017, Trump a souvent semblé faire des déclarations depuis le bureau du Premier ministre israélien. Les membres de sa famille et ses conseillers juifs ont ressenti une profonde identification avec Netanyahu avant même son investiture », ajoute le quotidien israélien.
« Mais bien que Tel-Aviv et Washington fassent comme si de rien n’était, il semble que quelque chose se soit mal tourné entre Trump et Netanyahu. Cela s’est produit principalement concernant la question iranienne. Il se pourrait que Trump ait été plus cohérent que ses adversaires ne le disent. Certes, le président a constamment attaqué l’Iran et l’accord nucléaire, pour autant rien ne laisse croire que le président américain ait abandonné son instinct isolationniste au Moyen-Orient. Trump, tout comme Barack Obama, n’aime pas l’idée d’une autre guerre dans la région et ne voit aucun intérêt à sacrifier plus d’argent et de soldats pour ce qui lui apparaît être une cause perdue. La dépendance décroissante de l’Amérique à l’égard du pétrole arabe et le déplacement de la politique étrangère des États-Unis vers l’Asie de l’Est ont renforcé la tendance de la Maison-Blanche à éviter les frictions militaires avec l’Iran surtout après les pertes subies par les États-Unis en Afghanistan et en Irak. Pour contrer l’Iran, le président américain continue de croire fermement au pouvoir de la pression économique», affirme le Haaretz.
Le journal israélien estime aussi que le comportement de Trump face à l’Iran fait penser qu’il ne sera pas fiable sur le terrain, que la vantardise du président sur Twitter au sujet de ce qu’il est en mesure de faire en Iran deviendra un bégaiement si les Iraniens agissent d’une manière qui menace directement ‘Israël’.
« Trump pourrait être sympathique envers Israël mais il est difficile d’être sûr qu’il viendra à son aide s’il est empêtré dans une confrontation militaire. À la lumière de ses récentes actions, Israël pourrait-il être certain, par exemple, que l’administration Trump ordonnerait un pont aérien de munitions et de pièces détachées comme le faisait l’administration Nixon en 1973 pendant la guerre de Yom Kippour? », s’interroge le Haaretz.
« Quant à l’Iran, la politique de Trump souligne la nécessité de revoir les préparatifs israéliens en vue d’une éventuelle escalade et même d’une attaque israélienne contre des sites nucléaires iraniens, s’il devait s’avérer que l’Iran viole l’accord à plein régime en se précipitant vers la production d’une bombe », souligne Haaretz qui conclut en avertissant que quoi qu’il en soit, les doutes et les préoccupations rongent la société israélienne.
Source: Avec PressTV