Hayat Tahrir al-Cham (HTC), la coalition de milices jihadistes takfiristes est sur le bord de l’éclatement, alors qu’elle vient de subir un échec militaire cuisant dans le nord de la province de Hama et le sud de celle d’Idleb, dans le nord-ouest syrien.
Son chef Abou Mohamad Joulani qui est le fondateur du front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, se trouve en proie à une véritable fronde au sein de cette formation.
Dans la province d’Idleb, son fief qu’il contrôle depuis 2016, des manifestations ont éclaté pour protester contre son leadership et réclamer son départ.
Le mouvement de contestation prend aussi de l’ampleur dans les rangs des milices et des miliciens qu’il commande depuis la formation de cette coalition en 2016.
Joulani a été abandonné par le religieux saoudien Abou Mohamad al-Mohaycini, le principal religieux juridique de cette organisation terroriste, et par ses chefs de milices.
L’un de ces derniers, Abou al-Abed Achidda, de son vrai nom Abdel Mouine Mohamad Kahhal l’a ouvertement critiqué dans une vidéo postée sur la Toile. Il l’accuse de népotisme et de favoritisme, en transformant HTC en un émirat où les postes de commande sont occupés par ses prochains, ses amis et leurs proches, lesquels sont sélectionnés en fonction de leur promiscuité avec lui.
Leur degré de loyauté est évalué par des espions qui sont disséminés au sein de HTC, a précisé ce chef de milices originaire d’Alep et qui dirigeait dans cette ville la Brigade Achidda, affiliée à Ahrar al-Cham, avant de rejoindre HTC.
Selon Achidda, connu pour avoir soutenu et commandé la plupart des batailles de HTC contre les autres factions rebelles éliminées, Joulani a perçu depuis le début de la création de cette coalition en 2016, la somme de 100 millions de dollars de la part d’une partie non identifiée. Il l’accuse aussi d’avoir confisqué des millions de dollars ainsi que quelques 1100 véhicules, d’énormes dépôts d’armements, de nourriture et de médicaments à l’organisation Noureddine al-Zenki.
« Le fiasco de la politique de HTC a poussé des centaines de combattants et leurs chefs à faire défection et à la marginalisation de tous ceux qui protestent contre le leadership de Joulani », a-t-il précisé.
La position de ce chef de milice takfiriste intervient après les pertes que HTC a subies face à l’armée syrienne ces dernières semaines, dans le nord de la province de Hama et le sud de celle d’Idleb.
Achidda a fait état d’une politique suivie par cette coalition et qui a « amplement affecté le moral des combattants ». Ces derniers ne percevant que des salaires modiques, sous prétexte que les fonds étaient dépensés dans d’autres secteurs.
« Il s’est avéré plus tard qu’il s’agissait de mensonges », s’est insurgé Achidda. Assurant que l’argent que HTC avait entre les mains était nettement suffisant pour payer les combattants et les autres milices, compte tenu de l’importance des ressources qui se trouvaient dans ses zones d’influence.
Il dénombre entre autre les postes frontières, auxquels s’ajoutent la perception des impôts et de la zakate, la confiscation des biens publics. De même HTC monopolisait le commerce, dont le trafic des cigarettes et s’emparait d’une part importantes des rentrées des sociétés, énumère-t-il dans sa vidéo qu’il a enregistré d’un endroit sécurisé.
Selon les proches d’Achidda, l’arrestation de ce dernier pourrait enflammer la situation davantage au sein de HTC. Surtout que ses partisans qui combattent dans sa milice Jaïch Omar sont nombreux.
Selon al-Mayadeen TV, la situation est d’autant plus critique que des liquidations ont été enregistrées dans les rangs des autres opposants de Joulani. Le mardi 10 septembre dernier, l’un d’entre eux Abou Abdel Mohsen al-Jizraoui et son garde ont été trouvés morts d’une balle dans la tête dans leur QG à Saraqeb au sud d’Idleb.
Or HTC a du mal à recruter des combattants à tel point qu’il incite les enfants à participer au combat , alors que ses chefs religieux ont été installés dans des camps situés à la frontière avec la Turquie.