Dans son livre « Archives du mondialisme », Pierre Hillard donne une photocopie de la « une » du Daily Express de Londres du 24 mars 1933 qui avait pour titre, à peine quelques semaines après la nomination du nouveau chancelier de l’époque, Adolf Hitler : « Judea declares war on Germany », « La Judée déclare la guerre à l’Allemagne ».
L’arme principale qu’on disait vouloir utiliser pour cette guerre nous est immédiatement donnée par le sous-titre de la « une » : « Boycott of Germans Goods », « Boycott des produits allemands ».
Ainsi, lorsqu’on parle du « boycott d’Israël », peut-être serait-on tenté de penser aussitôt à un boycott organisé contre Israël, comme par exemple celui qu’a tenté d’organiser Massive Attack en 2014 et que Netanyahu demandait aux Américains d’attaquer : « Attack Attack Attack » disait-il (« Attaquez l’attaque d’Attack »).
Mais on ne manquera pas de sourire aux actuels efforts des Israéliens en Europe et aux États-Unis qui tentent de rendre illégal le boycott d’Israël au nom du combat contre l’antisémitisme. C’est ainsi que Jeremy Corbyn en Angleterre, et Emmanuel Macron en France ont dû signer des « chartes » de lutte contre l’antisémitisme, dont un des points, justement, concerne le boycott :
« Tu n’appelleras point au boycott d’Israël »
Aux Etats-Unis il existe déjà depuis 1979 un « Israel Anti-Boycott Act » mais il concernait uniquement les entreprises qui passaient des contrats avec le gouvernement américain. Aujourd’hui, les différents États aux USA promulguent les uns après les autres des lois pour décourager l’appel au BDS (Boycott Divestment Sanction soit l’appel à ne pas investir en Israël) : on trouvera ici la liste des 27 Etats.
On ne sait pas encore si aux USA l’appel au boycott est protégé ou non par le premier amendement sur la liberté d’expression, mais voici comment se passait en 1933 le boycott d’Israël, certes pas encore un État, contre l’Allemagne.
Insistons, avec l’expression « boycott d’Israël », on ne parle pas cette fois d’un boycott contre Israël, mais d’un boycott par Israël.
En Europe, c’est Vladimir Jabotinsky qui avait pris la tête de l’appel au boycott des produits allemands.
Jabotinsky entama sa « croisade anti-Hitler » de manière fracassante, le 28 avril 1933 avec un discours sur Radio Varsovie dans lequel il appelait à un boycott mondial de l’Allemagne. Soixante-neuf grandes manifestations dans toutes les grandes villes d’Europe de l’Est suivirent les unes derrière les autres.
Jabotinsky cherchait surtout à convaincre ses auditeurs non Juifs.
Pourquoi, je vous prie, Monsieur, « notre boycott », C’est le vôtre. Qu’il tienne ou qu’il tombe dépend entièrement de votre attitude, pas de la nôtre. Il y a des nations de « Gentils » qui, si l’Allemagne venait à l’emporter, le sentiraient passer jusqu’au dernier habitant du plus perdu des hameaux.
Mais il ne faisait pas qu’appeler au boycott, il l’organisait de façon très précise :
Il adressait à tous les foyers des listes de produits « d’origine acceptable ». Il donnait les noms des compagnies dont les produits étaient d’origine «acceptable » et communiquait le nom, l’adresse et le numéro de téléphone des boutiques dans lesquelles on pouvait se procurer ces produits. Il exigeait de ses nombreux « bureaux de propagande pour le boycott » qu’ils fassent pression sur les publicistes pour qu’ils suivent aussi le boycott, en sorte que, si une boutique osait offrir des produits allemands, elle soit privée de publicité et forcée de rejoindre le boycott.
Cela dit, le boycott ne semble pas une arme très efficace, en trois ans, de 1933 à 1936, l’Allemagne sortait de la crise et renouait avec la prospérité malgré ce boycott : ce n’est pas le boycott qui a fait tomber l’Allemagne, mais il aura peut-être servi de paravent à d’autres préparatifs de guerre.
Francis Goumain
Source : Jeune nation