Londres a annoncé lundi vouloir mettre en place une mission de protection avec les Européens dans le Golfe, en réponse à l’arraisonnement par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz.
« Nous allons désormais chercher à mettre en place une mission de protection maritime dirigée par les Européens pour soutenir un passage sûr à la fois pour les équipages et les cargos dans cette région vitale », a déclaré Jeremy Hunt devant les députés britanniques.
Il a ajouté qu’il voulait que cette mission soit opérationnelle « aussi vite que possible ».
A vrai dire, cette alliance maritime guerrière européenne, dont l’idée est évoquée par Hunt est le vœu le plus cher des États-Unis.
Les relations entre Téhéran et Washington se sont envenimées depuis le retrait unilatéral américain, en mai 2018, de cet accord international limitant le programme nucléaire iranien conclu en 2015.
Londres dit ne pas chercher la confrontation
En annonçant une présence internationale accrue dans le Golfe, Jeremy Hunt a dit qu’il avait pris cette décision « le coeur lourd » et que Londres ne « cherche pas la confrontation ».
Il s’agit, selon le ministre, de protéger la « liberté de navigation, en gardant à l’esprit qu’un cinquième du pétrole mondial, un quart de son gaz naturel liquéfié (…) passent par le détroit d’Ormuz chaque année ».
De son côté, le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabii, a affirmé lundi que la saisie du pétrolier « était une mesure légale » nécessaire pour « assurer la sécurité régionale ».
« Pas d’escalade »
Cette crise intervient dans un contexte politique très délicat pour les Britanniques, puisque la Première ministre conservatrice Theresa May, qui n’a pas réussi à mettre en oeuvre le Brexit, quittera ses fonctions mercredi. Elle a présidé une réunion interministérielle de crise lundi matin sur la question iranienne.
Son successeur sera connu dès mardi et sauf surprise il s’agit de l’ex-maire de Londres et ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson.
Dans ce contexte, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a lui aussi indiqué que son pays « ne voulait pas la confrontation » avec le futur probable Premier ministre britannique.
« Il est très important que Boris Johnson comprenne, alors qu’il entre au 10 Downing Street, que l’Iran ne veut pas la confrontation », mais des « relations normales (avec le Royaume Uni), basées sur le respect mutuel », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne à des journalistes à Managua.
Propriété d’un armateur suédois, le pétrolier Stena Impero a été arraisonné vendredi par les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, au motif qu’il n’aurait pas respecté le « code maritime international ».
Le navire et ses 23 membres d’équipage sont retenus au large du port de Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran.
Son arraisonnement a eu lieu quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar, territoire britannique situé à l’extrême sud de l’Espagne, de prolonger de 30 jours la détention d’un pétrolier iranien, le Grace 1. Ce tanker, soupçonné de vouloir livrer du brut à la Syrie – ce que Téhéran nie – en violation des sanctions européennes, a été saisi le 4 juillet par les forces britanniques.
Interrogations militaires
L’arraisonnement du Stena Impero, et l’impuissance des Britanniques à le prévenir, a relancé au Royaume-Uni le débat sur sa puissance militaire.
« Il ne fait aucun doute que la (réduction) de la taille de la Royal Navy depuis 2005 – passée de 31 frégates et destroyers à 19 aujourd’hui – a eu un impact sur notre capacité à protéger nos intérêts partout dans le monde », a souligné sur la BBC le contre-amiral à la retraite Alex Burton.
Certains s’interrogeaient également sur la pertinence de la saisie du Grace 1, une opération qui, selon le ministre espagnol des Affaires étrangères Josep Borrell, a eu lieu à la « demande » des Etats-Unis.
« Que diable pensaient les politiciens et les responsables britanniques qui ont donné leur feu vert »?, se demandait l’éditorialiste Patrick Cockburn, spécialiste du Proche-Orient, dans The Independent.
« Croyaient-ils vraiment que les Iraniens ne se vengeraient pas de ce qu’ils considèrent comme une grave escalade dans la guerre économique américaine contre eux ? ».
Sources: Rédaction + AFP + PressTV