Le Secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a affirmé que « la question palestinienne fait face aujourd’hui à l’un des plus dangereux complots visant à la liquider » soulignant que « pour cette année la Journée d’alQods aura pour slogan: Non au Deal du siècle « .
S’exprimant dans un discours télévisé à l’occasion de la célébration de la Fête nationale de la Libération du Liban en l’an 2000 de l’occupation israélienne, le SG du Hezbollah a indiqué que « la réalisation de la Libération de l’an 2000 a été le résultat de grands sacrifices impliquant toutes les factions de la résistance, ainsi que les armées libanaise et syrienne ».
A cette occasion, qui revêt « une importane particulière compte tenu des circonstances régionales et internationales » , S. Nasrallah a appelé à une plus large participation populaire lors du dernier Vendredi du mois de Ramadan consacré à la célébration de la Journée d’alQods. Laquelle aura lieu le vendredi 31 mai prochain, à 21H30 (heure locale) dans la banlieue sud de Beyrouth.
Son éminence a souligné que « tout le monde a intérêt à assumer sa responsabilité historique face au désastreux Deal du Siècle », applaudissant « la position palestinienne unie et ferme qui a rejeté la conférence de Manama et appelé à son boycott », sans oublier « la position des dignitaires religieux du Bahrein qui ont rejeté la tenue de la conférence de Manama ». Celle-ci devrait se tenir les 25 et 26 juin pour exposer la première étape du Deal du siècle, dans le cadre d’une réunion ayant pour thème-phare l’incitation à l’investissement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
« Cette position est une position reine, car elle traduit la position des palestiniens: les premiers concernés à avoir le droit de défendre la cause palestinienne », a ajouté le numéro un du Hezbollah.
Il a souligné que » l’un des exploits de la victoire de l’an 2000 a été d’avoir imposé une nouvelle équation de la force du Liban dans la région (…): « l’un des exploits de la victoire de la libération est que le Liban n’est plus considéré comme le maillon le plus faible, mais plutôt le plus puissant, l’ennemi israélien estime sérieusement, depuis cette Libération, qu’il existe au Liban une force réelle », a-t-il dit.
Sayyed Nasrallah a ajouté que « depuis cette libération l’ennemi et ses alliés cherchent à détruire le Hezbollah, fomentant toutes formes de conspirations, or, ce que l’ennemi appelle menace , nous le définissons comme étant notre force de défense et de dissuasion qui l’empêche de réaliser ses ambitions. Cette force permet au Liban d’empêcher les Israéliens de voler son pétrole et son gaz et les Américains connaissent bien cette équation ».
« Nous réaffirmons notre attachement à la libération de l’ensemble du territoire libanais encore occupé par les israéliens, en l’occurrence les fermes de Chabaa et les collines de Kafarchouba et la partie libanaise de la localité d’al-Ghajar. Et donc, nous réaffirmons notre droit naturel à résister et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour restaurer la souverainneté du Liban sur le reste des territoires libanais encore occupés » a-t-il martelé.
Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre la corruption au Liban, Sayyed Nasrallah a estimé que » le budget de 2019 offre une occasion très importante pour lutter contre la corruption et mettre fin au gaspillage financier », ajoutant que « dans la lutte contre la corruption, il est important d’obtenir un résultat et non d’enregistrer un pourcentage de réalisations ».
Principaux points de son discours:
Je vous félicite tous pour cet anniversaire, ce jour et cette fête. Ce jour est l’un des jours d’Allah , parce que Sa Miséricorde et Sa Bénédiction, se sont traduites à travers la résistance de notre peuple, parce que Sa Vengeance et Sa Colère ont frappé les sionistes qui tuaient, humiliaient, brisaient notre peuple.
Cette année, nous n’avons pas organisé de cérémonies en cette occasion parce que nous sommes au mois de Ramadan , et donc nous nous sommes contentés de quelques célébrations, pour accorder notre priorité à la célébration de la Journée d’alQods.
En effet, pour cette journée, nous organiserons une célébration publique le dernier vendredi du mois de Ramadan, à 21h30 , dans la banlieue sud du Liban. J’invite tout le monde à une participation massive, car cette célébration revêt une grande importance, compte tenu des circonstances régionales et internationales.
Nous avons tous entendu les responsables américains annoncer le Deal du siècle. Or, la première étape de ce Deal est la tenue de la Conférence économique du Bahreïn. D’autres étapes se succéderont pour finaliser le Deal. Il revient à tous les concernés par la question palestinienne d’assumer leur responsabilité historique face à ce Deal qui vise à liquider la cause palestinienne…
Dans cette affaire, les Palestiniens ont exprimé une position unanime et ferme, rejetant la tenue de cette conférence, refusant d’y participer et appelant à la boycotter. C’est une position authentique, une position reine, car elle émane des Palestiniens, les gens de cette cause.
Nous devons également rendre hommage à la position des dignitaires religieux bahreïnis, du peuple bahreïni et des forces politiques bahreïnies, qui ont rejeté que leur pays soit la terre qui acceuille la première étape du Deal du siècle visant la liquidation de la cause palestinienne.
Concernant la Palestine, le « deal du siècle », les développements dans la région, en particulier la tension concernant la crise américano-iranienne, ce que l’Iran affronte et la position du Hezbollah à l’égard de ces événements, j’en parlerai plus en détails le Jour d’alQods.
Car ce qui se passe dans le golfe Persique et ce que l’Iran affronte comme hostilités à son égard sont liés au Deal du siècle.
Aujourd’hui, je parlerai du Deal du siècle et de sa relation avec les évènements au Liban , et puis j’évoquerai la question syrienne..
Nous sommes aujourd’hui face à un jour historique et significatif pour le Liban, la région et pour le conflit israélo-arabe actuel, car ce qui s’est passé en l’an 2000 a eu des conséquences très importantes sur les plans militaire, politique et culturel et sur l’ équilibre des forces dans l’échiquier du conflit de notre région.
Il est aussi de notre devoir de mentionner le rôle de la Syrie et de l’Iran à nos côtés de 1982 à l’an 2000 et qui ont été et sont toujours les partenaires de cette victoire.
Départ humiliant des israéliens du sud du Liban
En ce jour divin, nous devons citer ceux qui se sont sacrifiés : les martyrs, les familles de martyrs, les blessés, les mutilés, les prisonniers, les personnes disparues, les combattants de la résistance, les combattants de toutes les factions et des mouvements de résistance, les gens qui ont enduré , les nombreux militants , et certainement toutes les factions libanaises, l’armée, les institutions de sécurité, les factions palestiniennes, l’armée syrienne, tous ceux qui ont consenti des sacrifices dans cette voie.
Sans oublier ceux qui se sont tenus à nos côtés et qui ont été nos partenaires dans cette victoire, soit l’Iran et la Syrie.
Sachez que l’une des plus importantes conséquences de cette victoire, qui ne cesse de s’enraciner à travers le temps et l’espace est qu’elle a imposé une nouvelle équation de la puissance du Liban.
En l’an 2000, face à la défaite israélienne, il est paru évident qu’il existe au Liban une force qui a contraint « Israël » à sortir sans aucun acquis et sans condition. D’autant plus que le départ des forces d’occupation israélienne était humiliant…
Malgré les tentatives de censure, le monde entier s’est rendu à l’évidence après quelques jours qu’il s’agissait d’une défaite totale de l’ennemi israélien et d’une victoire claire et nette du Liban, du peuple libanais, de la résistance et de l’armée, ainsi que de tous ceux qui ont contribué à cette réussite et à cette victoire.
Depuis cette date, le Liban n’est plus perçu comme le maillon le plus faible dans le conflit israélo-arabe, il est désormais perçu comme source d’une puissance réelle que l’ennemi israélien a désigné en termes de menace stratégique ou centrale. D’ailleurs, ceux qui observent les Israéliens peuvent constater que l’ennemi estime sérieusement qu’il existe au Liban une force réelle qui menace son existence.
Ce changement a eu lieu après l’an 2000, puis il a été consacré après la victoire de 2006. Aujourd’hui, « Israël » affirme que le Hezbollah est une menace stratégique ou une menace centrale, mais je souhaite présenter cette « menace » en termes positifs, contrairement aux Israéliens qui la présentent en termes négatifs parce qu’ils veulent provoquer le monde qui nous entoure, en insistant sur le terme de menace , ce que l’ennemi désigne de menace, nous l’appelons force de défense ou force de dissuasion ou d’affrontement ou de sécurité.
Autrement dit, le Hezbollah fait partie de cette force qui consiste à empêcher l’ennemi d’atteindre ses objectifs ou de réaliser ses ambitions. Cette force, que l’ennemi reconnaît et cherche à lui mettre fin, est importante pour le Liban, il faut prendre conscience qu’elle permet la préservation du Liban et nous devons travailler pour la préserver, telle est l’équation en or de l’armée- le peuple- la résistance.
Sans la résistance , Trump aurait offert le Liban-sud à « Israël »
Sans la résistance et la libération de l’an 2000, le président américain Donald Trump aurait céder le sud-Liban ou une partie de celui-ci à « Israël », comme il l’a fait pour alQods ou pour les hauteurs du Golan.
Cette force résistante fait partie intégrante de la puissance de dissuasion libanaise, c’est pourquoi il faut la préserver autant que possible, par tous les moyens, surtout quand elle est visée par des ennemis, qui ne travaillent que pour leur intérêt.
En tant que Libanais, il est de notre intérêt d’être forts, et c’est la véritable garantie du Liban dans ce monde qui ne respecte pas le droit international, ce monde qui n’a de place que pour l’arrogance des Américains ou pour ceux qui défendent leurs droits.
Nous devons savoir en tant que Libanais l’importance de la force de dissuasion libanaise pour préserver la sécurité, la richesse, le présent et l’avenir du Liban, et nous devons travailler au maintien de cette force.
Il faut libérer les territoires libanais encore occupés
Dans cet ordre idées, nous réaffirmons notre attachement à la libération de l’ensemble du territoire libanais encore occupé par les israéliens dans les fermes de Chébaa et les collines de Kafarchouba et la partie libanaise de la localité d’al-Ghajar. Et donc, nous réaffirmons notre droit naturel de résister et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour restaurer la souveraineté du Liban sur le reste des territoires libanais encore occupés.
La déclaration du président Michel Aoun à ce sujet hier était forte et décisive. Tout autant, la déclaration de l’armée libanaise qui a annoncé son engagement ferme pour la libération du reste des territoires libanais occupés.
Pour ce qui est de la démarcation de la frontière, la résistance soutient la position de l’Etat sur la démarcation de la frontière maritime.
L’un des points forts sur cette question c’est que tous les protagonistes libanais sont d’accord avec la résistance, sur la position de l’État et se tiennent à son côté. Tous les Libanais font confiance et misent sur l’attachement des dirigeants libanais au respect de la totalité des frontières terrestres et maritimes, et des ressources naturelles. Ils s’attendent à ce qu’ils assument leur responsabilité historique dans ce dossier.
Dans ce dossier, le Liban s’appuie sur deux forces : la force du droit et la force de la force. Et donc il faut rester attacher à nos droits et être optimiste sur la possibilité de réaliser une grande victoire dans ce dossier.
Naturalisation des réfugiés palestiniens: il faut agir
Concernant le dossier des réfugiés palestiniens , la Conférence économique de Bahreïn pourrait ouvrir la porte à leur naturalisation au Liban et dans d’autres pays. Autrement dit, mettre un terme au droit de retour des Palestiniens. Or, fort heureusement, tous les Libanais sont unanimes sur cette question, pas question de naturaliser ni au niveau constitutionnel ni au niveau politique, ni à n’importe quel niveau. Il s’agit d’un terrain d’entente partagé avec nos frères palestiniens qui insistent sur le droit de retour.
Aujourd’hui, nous sommes à un stade où nous ne pouvons pas nous contenter de dire que nous sommes contre la naturalisation, car le danger approche, nous appelons à une réunion entre responsables libanais et palestiniens afin d’élaborer un plan pour faire face à la menace du plan de naturalisation. Aujourd’hui, il faut être en état d’alerte, les déclarations ne suffisent plus, il faut établir un plan commun pour faire face à la menace de la naturalisation.
Les pays du Golfe et les occidentaux empêchent le retour des déplacés syriens dans leur pays
Dans le dossier des déplacés Syriens, tout le monde au Liban est convaincu de la nécessité de renvoyer les déplacés dans leur pays, mais nous sommes en désaccord sur la méthode. Mais la véritable raison est en réalité une raison politique et n’a rien à voir avec les causes soi-disant humanitaires avancées. Elle liée aux élections présidentielles en Syrie car le mandat du président syrien Bashar al-Assad prend fin l’année prochaine en 2020 ou 2021.
Les Occidentaux insistent pour qu’ils ne retournent pas dans leur pays avant les élections présidentielles syriennes.
Le président Assad m’a assuré qu’il soutient le retour de tout le monde en Syrie voire il est prêt à fournir toutes les facilités, mais l’obstacle est politique.
Et la question qui s’impose à l’Etat libanais : doit-il être soumis à cet obstacle politique uniquement parce que les USA, l’Occident et certains pays du Golfe Persique le souhaitent?
Ce qui se passe au Liban c’est qu’on empêche le retour des personnes syriennes déplacées, doit en les menaçant ou au contraire en les achetant. Les allégations d’assassinat de déplacés Syriens qui retournent dans leur pays sont inexactes et visent à intimider les déplacés. Certains ont tenté de donner à la question des déplacés une dimension régionale et confessionnelle.
Le gouvernement envisage une discussion sérieuse sur ce sujet après avoir réglé la question du budget.
La lutte contre la corruption: une préoccupation nationale
Nous faisons partie des partis qui se sont ngagés dans le processus de lutte contre la corruption lors des élections législatives, ce qui nécessite beaucoup de patience, des moyens, et l’ouverture des dossiers. Chaque bataille dispose de ses propres informations et moyens.
La lutte contre la corruption est plus difficile que la bataille pour la libération du sud, et cela prendra du temps et exigera la coopération de tous .. Dans la bataille de la résistance, elle peut aboutir en lui consacrant une ou deux factions. Mais dans la lutte contre la corruption, cela ne suffit pas. Nous avons besoin d’une résistance nationale dans tout le pays. Sachez que nous serons une partie essentielle dans cette confrontation.
Au cours de la période écoulée, le Hezbollah a contribué à créer un climat national en matière de lutte contre la corruption et contre le gaspillage financier, au point d’en faire un des problèmes centraux au niveau national, auquel de nombreuses personnes s’intéressent et revendiquent. C’est un exploit d’en faire une préoccupation nationale..
Certains dossiers ont été reportés jusqu’à l’achèvement du budget. Nous les soumettrons au pouvoir judiciaire. Nous en parlerons peut-être dans les médias. Certaines suggestions ont été préparées par le bloc de la résistance et de la libération. Certaines ont été présentées et d’autres sont en discussion avec les alliés. D’autres suggestions ont été présentées par certains blocs parlementaires, nous avons décidé de les soutenir , car c’est le résultat qui compte et non qui propose des solutions.
Sur le plan des ministères dont sont chargés nos frères, nous leur avons dit que le but premier est de lutter contre la corruption. Selon nos informations, il n’y a pas de corruption ni de gaspillage dans les ministères de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. Celui qui dispose d’informations ou de données relatives sur les ministères de la Santé ou du Sport et de la Jeunesse, il peut et doit les présenter.
Nous appelons les autres forces à assumer cette responsabilité pour chaque ministère dont elles sont chargées. Pour le dossier de règlement des comptes financiers, le dossier a été soumis à la Justice puis sera examiné par le Parlement , après en avoir fini avec le dossier budgétaire.
Le budget, une affaire cruciale
Les discussions sur le budget au cours de la dernière période ont été notre principale priorité car c’est un moyen très important de lutte contre la corruption et d’éviter le gaspillage financier. Nous avons également déclaré qu’au cours de la dernière période, nous devrions être sérieux dans ce débat et que tous devraient en discuter au motif que ce budget est crucial.
Depuis les premiers jours, nous avons aborder cette question avec sérieux, nous avons conseillé que le débat devrait se produire au sein du Conseil des ministres, à l’écart des médias et donc depuis le début des discussions jusqu’à aujourd’hui, nous sommes restes engagés envers ce silence en ce qui concerne les débats au Conseil des ministres. S’il devient nécessaire de clarifier notre position après l’achèvement du budget nous serons prêts à le faire.
Nous ne bloquerons pas la publication du budget, bien que nous rejetons certains de ces points car ils touchent le peuple libanais et les personnes à revenu limité. Or à la Chambre des représentants, il y aura une sérieuse occasion d’en débattre et de modifier le budget.
Le budget prévoit des taxes et des redevances exigés de la part des groupes défavorisés et à faible revenu. Dans le débat à la Chambre des représentants, nous ne comptons pas rester silencieux avec les médias , comme c’était le cas lorsque nous nous sommes engagés envers le gouvernement. Nous espérons que le budget ira bientôt au Parlement, le président Nabih Berri ayant promis d’œuvrer pour son approbation dans les meilleurs délais.
Après l’adoption du budget, le débat devrait se poursuivra sur les réformes et ont devrait entamer celui du budget de l’année 2020.
Source: Al-Manar