Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté vendredi ses concitoyens à « s’engager davantage » pour soutenir la monnaie nationale, une semaine après avoir appelé les Turcs à convertir leurs devises étrangères par « patriotisme ».
Depuis l’appel du chef de l’Etat, des milliers de Turcs ont pris d’assaut les bureaux de change et des commerçants offrent gratuitement du pain ou des boulettes de viande à ceux qui convertissent leurs devises.
« Je remercie beaucoup, énormément mon peuple. Mais est-ce suffisant ? Non. A mon avis, ma nation devrait s’engager davantage », a déclaré le chef de l’Etat qui répondait aux questions de journalistes à Istanbul.
M. Erdogan a lui-même converti tous ses avoirs en devises étrangères pour soutenir la livre turque qui a perdu plus de 10% de sa valeur en novembre, a affirmé jeudi son porte-parole, Ibrahim Kalin.
Mais les économistes doutent de l’efficacité de ces initiatives pour redresser le cours de la livre, qui souffre des incertitudes politiques, d’une situation sécuritaire tendue et des perspectives de croissance en berne.
Le Premier ministre Binali Yildirim a fait donner l’artillerie jeudi et annoncé une série de mesures: désormais, a-t-il annoncé, les contrats gouvernementaux ne seront plus signés en devises étrangères, sauf si cela est « absolument nécessaire ».
Dans l’immédiat, cette annonce n’a pas permis à la livre turque de reprendre des couleurs: à 12H00 GMT, elle s’échangeait à 3,47 contre un billet vert, en baisse de 1,03%.
Référendum sur la présidence au printemps 2017
La Turquie prévoit d’organiser un référendum au printemps prochain sur une réforme de la Constitution permettant une extension des pouvoirs du président, avant la tenue d’élections présidentielle et législatives en 2019.
Un des vice-Premiers ministres turcs a déclaré que le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) présenterait vendredi sa proposition de modification de la Constitution au Parlement.
« Le référendum devrait avoir lieu en mars ou avril, mais ce pourrait aussi être mai », a déclaré Nurettin Canikli, qui s’exprimait sur la chaîne de télévision A Haber TV.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, souhaite depuis longtemps l’établissement en Turquie d’un régime présidentiel fort, calqué sur la France ou les Etats-Unis.
Ses détracteurs craignent qu’un tel changement de régime, qui octroierait de nouvelles prérogatives au chef de l’Etat, n’aboutisse à concentrer trop de pouvoir entre ses mains.
Pour être adoptée, une modification de la Constitution doit être votée par au moins 330 députés sur les 550 que compte la Grande Assemblée nationale turque, le Parlement monocaméral.
Le Parti d’action nationaliste (MHP, opposition d’extrême droite) soutiendra le projet, a assuré Nurettin Canikli. L’AKP dispose de 316 députés et le MHP de 39.
Le nouveau système, s’il était adopté, n’entrerait en vigueur qu’à l’issue des élections prévues en 2019, a-t-il précisé.
Arrestations arbitraires dans les milieux universitaires
Le parquet turc a ordonné l’arrestation de 87 personnes en relation avec l’université d’Istanbul dans le cadre de l’enquête visant les partisans du religieux Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’avoir fomenté le coup d’Etat manqué de juillet dernier, rapporte la presse turque vendredi.
Selon la chaîne de télévision CNN Turk, la police a procédé à des perquisitions dans toute la Turquie. Parmi les suspects recherchés figurent le chef d’un petit parti politique et de nombreux professeurs de l’université.
Les dernières opérations menées visent la structure universitaire liée à « l’organisation terroriste guléniste », selon les termes employés par Ankara, rapporte l’agence de presse officielle Anatolie.
Ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan avant d’en devenir l’ennemi, Fethullah Gülen, qui s’est lui-même exilé en Pennsylvanie aux Etats-Unis, dément toute implication dans la tentative de putsch.
Environ 36.000 personnes sont derrière les barreaux en Turquie dans l’attente de leur procès et plus de 100.000 fonctionnaires, dont de nombreux militaires, ont été renvoyés ou suspendus dans le cadre de l’enquête sur le putsch manqué du 15 juillet dernier lors duquel plus de 240 personnes ont trouvé la mort.
Le mois dernier, la police avait interpellé plusieurs dizaines d’universitaires de l’université de Yildiz.
Source: AFP