Dernière évolution de la tension qui règne au Moyen-orient, sur fond de craintes de guerre entre les USA et l’Iran: le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, s’est rendu ce jeudi au Japon, où il a accusé jeudi les Etats-Unis de provoquer une « inacceptable » « escalade de tensions à l’encontre de Téhéran.
« Nous agissons avec le maximum de retenue », a ajouté M. Zarif, assurant que son pays maintenait son « engagement » vis-à-vis de la communauté internationale dans le cadre de cet accord.
Montée et baisse de la tension
La tension était montée ces dernières semaines avec la fin de l’exemption sur l’achat du pétrole iranien par les Etats-Unis, qui ont en même temps déployé dans la région un porte-avions et de missiles Patriot sous prétexte de menaces émanant de l’Iran contre leurs intérêts.
L’Iran a tout de suite riposté en refusant de se laisser interdire d’exporter son pétrole, faute de quoi personne dans la région n’exportera le sien, a-t-il averti.
Cette tension n’a pas tardé à baisser d’un cran après les attentats contre quatre navires du port émirati al-Fujaïrah suivi par les opérations contre des installations pétrolières saoudiennes.
Trump: Chaud et froid
Sur ce dossier, le président américain souffle le chaud et le froid au fil de ses interventions.
Lundi, il a mis en garde les dirigeants iraniens contre tout passage à l’acte. « S’ils font quelque chose, ils vont souffrir énormément », avait-il prévenu.
Il avait le jour même démenti une information du New York Times selon lequel il avait l’intention de dépêcher 120.000 soldats au Moyen-Orient.
Le lendemain, il s’est mis à renouveler ses appels au dialogue.
« Je suis sûr que l’Iran voudra bientôt discuter », a lancé le président américain sur Twitter.
Mobilisation US en Irak
C’est surtout en Irak que la mobilisation américaine est la plus active.
Dans la nuit de mardi et mercredi, le département d’Etat a annoncé avoir donné l’ordre de partir au personnel américain gouvernemental non essentiel de l’ambassade à Bagdad ainsi que du consulat à Erbil, au Kurdistan irakien, « en raison du flux de menaces accru ».
« Il s’agit d’une menace imminente contre notre personnel », a ensuite déclaré un haut responsable américain à des journalistes à Washington. Cette menace « est réelle », a-t-il insisté, évoquant notamment la responsabilité de « milices irakiennes sous commandement et contrôle des Gardiens de la Révolution iraniens », l’armée idéologique de la République islamique d’Iran.
« C’est directement lié à l’Iran, de multiples flux de menaces en lien direct avec l’Iran », a renchéri un autre responsable.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait effectué la semaine dernière une visite surprise à Bagdad pour, avait-il expliqué, partager avec les dirigeants irakiens « les informations qui indiquent une escalade des activités de l’Iran ». Il avait déclaré avoir reçu des garanties quant à la protection des « Américains dans leur pays ».
USA: discours contradictoires
Aux Etats-Unis, le discours diverge d’un responsable à l’autre. D’aucuns ont assuré que ce rappel de diplomates depuis l’Irak n’était pas motivé par une action militaire imminente des Etats-Unis contre l’Iran ou ses groupes alliés et Mike Pompeo a affirmé mardi à Sotchi (Russie) que Washington ne cherchait « pas une guerre avec l’Iran ».
Une rhétorique qui diverge de celle du conseiller à la sécurité John Bolton qui ne cesse d’embraser les feux de la guerre.
L’Europe se démarque des USA
En Europe, les positions se cristallisent et semblent accuser Washington d’alimenter l’escalade en exagérant le niveau de la menace.
C’est surtout l’avis d’un grand allié de Washington, le général britannique Chris Ghika, un porte-parole britannique de la coalition internationale, sous commandement américain, présente en Irak et Syrie. Il a démenti mardi toute « aggravation de la menace posée par les forces pro-iraniennes ».
De plus, il est question selon les médias espagnols que Madrid a retiré sa frégate du porte-avion USS Abraham Lincoln dépêché au M-O, par crainte d’être entraîné dans un conflit indésirable.
En même temps, les armées allemande et néerlandaise ont annoncé avoir suspendu jusqu’à nouvel ordre leurs opérations de formation militaire en Irak.
Pour sa part, le Kremlin a accusé Washington de « provoquer » Téhéran se disant inquiet de cette « escalade des tensions » qui « se poursuit ».
Source: Divers