Des pays arabes considèrent, tout comme Israël, que l’Iran est le danger numéro un dans la région. Ils accusent la république Islamique d’user de la résistance armée pour justifier son « expansion » ou son « intervention » dans les pays riverains de l’Entité sioniste et des pays du Golfe.
Partant de là, il devient nécessaire pour les adversaires et ennemis de l’Iran d’adopter des mesures qui privent ce dernier de ses atouts de force. Parmi ces mesures on en cite: mettre fin à la résistance armée, et épuiser le Hamas politiquement, après qu’Israël a détruit les infrastructures de Gaza.
A ce propos, des indices montrent que Mohammad Dahlane serait la personne convenable pour prendre à sa charge cette mission, et ce pour plusieurs raisons :
1- la personnalité de Dahlane : un jeune homme de 55 ans, il avait combattu l’ennemi israélien dans les rangs du Fatah et a ensuite pris la direction du mouvement en Cisjordanie occupé. Il connait donc les coulisses de l’organisation de la libération et les secrets de ses dirigeants. Suite aux accords d’Oslo, il a été nommé chef du service de la sécurité préventive, et conseiller de la sécurité nationale à l’époque de Yasser Arafat.
Ensuite, Dahlane a tissé de liens étroits avec Israël à travers la coordination sécuritaire, la traque des combattants du Hamas, ou encore les pourparlers avec les renseignements israéliens au sujet des questions sécuritaires.
Puis, il a entretenu des rapports avec les renseignements américains, et est devenu une personnalité clé pour Washington.
Il a résidé dans plusieurs pays arabes avant de s’installer aux Emirats Arabes Unis, et est accusé depuis 2011 de plusieurs affaires de corruption.
On rapporte que Dahlane joue un rôle majeur du Yémen en Palestine. A titre d’exemple, la revue News Week a révélé que Dahlane a joué le rôle de médiateur entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan dans l’affaire du projet du barrage de Nahda.
On rapporte aussi qu’il était intervenu entre le colonel Mouammar Kadhafi d’une part et les Etats-Unis et Londres de l’autre. Des informations affirment aussi avoir commandé des opérations à Taaz au Yémen et que son rôle s’accroit de plus en plus dans les camps palestiniens au Liban.
Tous ces facteurs font de Dahlane une personnalité apte à accéder au poste du prochain président. En effet, devenir chef de l’Autorité Palestinienne consiste désormais à être prêt à coopérer avec Tel Aviv, Washington, passant par les pays du Golfe, le Caire et Amman.
Rappelons que le duo Mahmoud Abbas-Mohammad Dahlane avait dirigé la campagne hostile à Yasser Arafat dans ses derniers jours, sous le slogan des réformes.
2- Ce que dit Washington à propos de Dahlane :
Dans la foulée de l’invasion américano-britannique de l’Irak en 2003, l’ancien secrétaire d’Etat US Colin Powell avait dit au président syrien Bachar Assad : « Il faut que Mahmoud Abbas montre ses potentiels en tant que dirigeant à côté de Mohammad Dahlane afin de mettre fin aux activités terroristes ».
Selon Oussama Hamdane, représentant du Hamas au Liban, « Dahlane avait demandé l’aide du Hamas pour renverser Yasser Arafat avant et pendant le siège imposé sur lui par Israël dans le QG de l’Autorité palestinienne ».
De plus, rappelons que l’ancien président US George Bush avait rencontré Dahlane trois fois et avait vanté la solidité de ses liens avec Washington.
Partant de ces faits, on peut déduire que Mohammad Dahlane n’est nullement une personne banale pour Washington, ce qui inquiète d’ailleurs Mahmoud Abbas, qui a accusé Dahlane d’avoir comploté pour tuer Arafat !
3- ce que dit Israël à propos de Dahlane :
L’orientaliste israélien Rauvin Barko dit : « L’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Jordanie mènent la réconciliation au sein du Fatah pour aider Dahlane à devenir l’héritier potentiel d’Abbas ».
C‘est ce qu’ont confirmé le journal Israël Today et le centre « Urshalim pour l’étude de la société et l’Etat », ainsi que l’analyste militaire au journal Haaretz Amos Harïl qui a dit: « Dahlane est proche du ministre actuel à la défense Avigdor Libermann. Il serait même la carte secrète aux mains de Libermann qui l’utilisera le moment opportun ».
Pour sa part, l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères Yussi Bilin avait prévu au début de 2016 que Dahlane deviendra le prochain président palestinien : « Il est pragmatique, intelligent et un bon interlocuteur avec Israël ».
De son côté, l’écrivain américain Alain Heart s’est demandé : « Sissi complote-t-il avec Israël pour remplacer Abbas par Dahlane ? ».
Où en sont l’Iran et la Syrie ?
Dahlane se présente comme étant l’un des plus hostiles aux Frères musulmans, suscitant le courroux du Qatar. L’ancien ambassadeur qatari à Washington Nasser Al Khalifa a mené toute une campagne contre Dahlane suite à intervention au siège de l’Union européenne à Bruxelles l’an dernier… il avait dit que « Dahlane est guidé par la télécommande de l’Otan » !
Dahlane a affiché son hostilité à la Turquie plus d’une fois. Le site Middle East Eye, citant les renseignements britanniques, avait accusé ce responsable palestinien de financer le coup d’Etat contre Erdogan et d’aider son adversaire Fathalla Gulen.
Rôle contre l’Iran
Reste le rôle de Dahlane contre l’Iran, qui a renoué avec le Hamas, suscitant l’inquiétude d’Israël, de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, de la Jordanie, et de l’Egypte.
Craignant la force de l’Iran, ces pays pourraient chercher de concert avec Washington les moyens de changer la forme du conflit israélo-palestinien en s’engageant dans un accord de paix final.
Ceci favorisera la liquidation de la résistance et de ses soutiens extérieurs.
A ce propos, le bloggeur saoudien Mojtahed a tweetté le 30 aout 2013 : « Dahlane nettoiera Gaza de toute présence du Hamas, profitant de l’argent saoudien et émirati, du soutien militaire égyptien, et des ressources humaines fournies par Abbas et la Jordanie ».
Toutefois, les exploits réalisés par l’axe de la résistance en Syrie inquiètent Israël, les pays du Golfe, la Turquie et Washington.
Pour le colonel de réserve israélien Amos Yadlin, « l’intérêt d’Israël réside dans la destruction de l’axe chiite en Syrie, et l’affaiblissement de l’Iran et du Hezbollah. Nous voulons que la Syrie soit sunnite laïque, sinon, on aurait permis à notre pire ennemi de venir s’installer juste à la frontière avec le Golan ».
Donc, la guerre sera inutile. D’autres moyens s’imposent. On mise sur Dahlane et d’autres options politiques, surtout que cet homme est proche de la Russie.
D’ailleurs Dahlane considère que « la guerre en Syrie n’a pas encore commencé. Elle débutera au lendemain du départ d’Assad et ne pourra finir que par un accord entre l’Arabie Saoudite, la Russie et les Etats-Unis ».
Bref, les pays opposés à l’axe de la résistance cherchent à en finir avec la résistance armée en Palestine et ailleurs. Actuellement, seul Dahlane est capable de relever le niveau de la coordination avec Israël, conjointement avec la décision des régimes arabes de mettre fin au conflit avec Israël.
Traduit du site al-Akhbar
Source: Traduit du journal AlAkhbar