La troisième tentative de coup d’État fomentée au Venezuela par le chef de l’opposition, Juan Guaido, contre le Président Nicolas Maduro a échoué, mais cela n’a pas empêché les médias mainstream aux États-Unis d’en faire un soulèvement de masse «héroïque» à l’intention des Américains. Sputnik en a discuté avec deux militants.
Depuis le 23 janvier, le Président par intérim autoproclamé du Venezuela Juan Guaido prétend que la réélection en mai 2018 de Nicolas Maduro au poste de chef de l’État est illégitime. Cependant, malgré trois tentatives de diviser les rangs de l’armée et de provoquer une révolution dans le pays, l’opposition de Guaido en reste pour ses frais. Parallèlement, Washington ne cesse de brandir le spectre d’une intervention militaire contre le gouvernement de Maduro, reconnu légitime par les trois quarts des pays du monde.
«On peut dire que les événements de mardi ont été exagérés par la presse. Il y a eu en effet une tentative de coup d’État au Venezuela, mais la capacité de Juan Guaido à s’emparer du pouvoir était bien plus faible que cela n’a été présenté par la presse internationale « spécialisée »», a indiqué à Sputnik Paul Dobson, militant et auteur de VenezuelAnalysis.com.
Et d’ajouter que jeudi, le pays semblait «relativement calme et stable» par rapport au début de la semaine.
«Juan Guaido a adressé mardi, aux environs de cinq heures du matin, un message vidéo à ses partisans, affirmant qu’il se trouvait dans une base militaire à Caracas avec le soutien des « principales unités militaires du pays ». […] Il s’est avéré par la suite qu’il ne se trouvait pas à l’intérieur de la base militaire, mais à l’extérieur et qu’il ne contrôlait qu’une trentaine de soldats», a détaillé M.Dobson.
Selon ce dernier, mercredi, le gouvernement, qui avait déjà planifié la traditionnelle marche du 1er-Mai pour les travailleurs, a appelé la population à défiler dans les rues pour défendre le territoire national et les gens ont répondu à cet appel.
«La marche à Caracas a été décrite par de nombreux analystes comme l’une des plus grandes manifestations chavistes de ces dernières années», a relevé le militant.
Il a noté que l’opposition «avait également organisé dans la partie est de Caracas une activité» qui était «considérablement moins importante» et qui avait dégénéré le soir en affrontements avec la police et la garde nationale.
Arrivé récemment au Venezuela, Gerry Condon, militant américain de l’époque de la guerre du Vietnam et président national de l’ONG Veterans for Peace (VFP), a confié pour sa part à Sputnik:
«Tout cela semble avoir été organisé pour l’opinion aux États-Unis. […] Le véritable coup d’État a eu lieu dans les médias. […] Ce serait un coup de propagande dans la presse à destination du peuple américain et préparant peut-être la voie pour une intervention militaire au Venezuela».
Mardi 30 avril, Juan Guaido était intervenu devant ses partisans réunis à l’extérieur d’une base militaire, annonçant le début de la «fin définitive de l’usurpation» et appelant à rejoindre les manifestants dans leur lutte contre le gouvernement en place.
Nicolas Maduro a ensuite annoncé l’échec du coup d’État et a fait savoir qu’il avait ordonné d’ouvrir une enquête sur cette tentative et que plusieurs putschistes présumés étaient déjà interrogés. Il a ajouté que tous ceux qui avaient pris les armes pour renverser le pouvoir seraient retrouvés et jugés. Le chef de l’État avait précédemment indiqué que les forces armées étaient restées fidèles au pouvoir.
Les protestations se poursuivent depuis plusieurs mois au Venezuela, confronté à une grave crise économique assortie de tensions politiques. Le 23 janvier, Juan Guaido s’est proclamé Président par intérim devant une foule de partisans. Or, depuis lors, le pouvoir reste bien en place, alors que les manifestations sont devenues moins massives à travers le pays.
Source: Sputnik