Le président américain Donald Trump s’est entretenu cette semaine avec Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen qui a lancé une offensive militaire sur Tripoli, d’une « vision commune » pour la Libye, a annoncé le vendredi 19 avril la Maison Blanche.
Trump et le maréchal ont discuté lundi « des efforts actuels contre le terrorisme et de la nécessité de parvenir à la paix et à la stabilité en Libye », selon l’exécutif américain.
Ce clair soutien américain à l’homme fort de l’est libyen, aux dépens de Fayez al-Sarraj pourtant reconnu comme la seule autorité légitime en Libye par la communauté internationale, s’est accompagné de l’éloge du « rôle significatif du maréchal Haftar dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des ressources pétrolières de Libye », indique un communiqué de la présidence américaine.
Lors de leur entretien téléphonique, les deux hommes ont aussi « discuté d’une vision commune pour la transition de la Libye vers un système politique démocratique et stable ».
La Maison Blanche n’a pas précisé pourquoi elle ne révélait l’existence de ce coup de fil que plusieurs jours après.
L’appui clair et net des Etats-Unis permet de mieux comprendre pourquoi « Haftar est dans une logique où il veut aller jusqu’au bout », selon les termes d’un diplomate s’exprimant sous couvert d’anonymat. Malgré ses difficultés militaires et un front qui s’est enlisé, il continue d’estimer qu’il « peut l’emporter » 15 jours après le début de son offensive, selon plusieurs diplomates.
Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est dirigée par deux entités rivales: d’un côté le gouvernement d’union nationale (GNA) qui contrôle l’Ouest du pays, de l’autre un cabinet parallèle basé dans l’Est, soutenu par le maréchal Haftar.
Jeudi, lors d’une réunion du Conseil de sécurité, les Etats-Unis et la Russie se sont opposés à un projet de résolution britannique sur le conflit en Libye, texte qui réclame un cessez-le-feu et un accès humanitaire inconditionnel aux zones de combats près de Tripoli.
Vendredi, un diplomate a estimé que l’information sur l’entretien entre MM. Trump et Haftar « clarifiait les choses » sur la position américaine, une allusion implicite au soutien que semblent donc afficher les Etats-Unis au maréchal.
Dans le rapport de forces entre le maréchal Haftar et Fayez al-Sarraj, le premier bénéficie du soutien de l’Egypte, de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de la France, de la Russie et des Etats-Unis, ouvertement depuis vendredi. Le second, reconnu par la communauté internationale, est soutenu par le Qatar et la Turquie.
Selon diplomates et experts, l’offensive du maréchal Haftar n’a pas pu être déclenchée sans un feu vert de ses soutiens et la sortie de « l’impasse » actuelle dépendra beaucoup d’eux.
Source: Avec AFP