Un site d’informations américain a révélé les procédés sournois utilisés par le prince héritier émirati Mohamad ben Zayed pour promouvoir les régimes despotiques au Moyen Orient.
Abu Dhabi joue un rôle infeste pour influer dans la politique des Etats-Unis et de l’Occident concernant les évènements dans la région arabe, dans le but d’avorter le changement démocratique en utilisant l’islam politique. C’est la conclusion de l’américain Andreas Craig, Professeur adjoint d’études de défense au London University College et expert du Moyen-Orient et du Golfe. Il l’a exposé dans son article intitulé « La guerre des discours émiratis à Bruxelles », sur le site d’informations américain Lobe Log. Le site arabophone Araby Post qui l’a traduit.
Reprenant la description que l’ancien secrétaire de la Défense américain James Matis avait donné aux Emirats arabes unis, la qualifiant de « petite Sparte qui a des moyens financiers, politiques, sécuritaires, étrangers et régionaux fermes » malgré sa petite superficie, il révèle que ce pays a établi un important réseau de désinformation dans la région et en Occident. Sa mission dépasse de loin les pressions politiques traditionnelles. Il mène une campagne sans merci pour restaurer les régimes despotiques dans le monde arabe, depuis le Printemps arabe.
Il dispose donc d’un réseau de désinformation composé de médias, de traducteurs Internet, de centres de recherche et de décideurs politiques.
Ses objectifs ne se limitent pas à l’exercice de la diplomatie publique, mais se veulent persuader la région et l’Occident de la notion de la « stabilité autoritaire ».
Ce récit décrit l’islam politique comme étant du terrorisme et la société civile dans le monde arabe comme facteur de déstabilisation.
Pour ce faire, des rapports ont dévoilé comment l’ambassadeur émirati aux Etats-Unis Youssef al-Otaibi agit à l’aide d’un chéquier à blanc à travers lequel il s’achète la loyauté de certains centres de recherche conservateurs et courtise d’anciens décideurs politiques.
Grâce à des fuites dans les courriers électroniques de l’ambassadeur, ils ont découvert l’étendue de la participation des EAU au discours politique américain.
Le discours qu’il fait véhiculer présente les révolutions du printemps arabes comme des complots islamiques secrets destinés à établir le califat et la sharia. Cet islam politique est aussi présenté comme étant l’introduction au terrorisme salafiste jihadiste. Cette version des faits a eu des échos importants au sein des nouveaux conservateurs qui sont connus pour leur aversion pour l’Islam.
Le régime émirati se procure entre autre les services d’une agence consultative, la Westphalia Global pour influer sur les politiques de l’Union européenne. C’est une petite société de stratégie de communication et dont l’agent principal siège à Abu Dhabi. S’agissant des centres d’études qui travaillent au service des EAU, il existe le centre Boussole. Il compte parmi les membres de sa direction l’ancien Premier ministre espagnol José Maria et l’ex-chef de l’Otan, Anders Rasmussen. Sa mission consiste à relier les grands décideurs du courant conservateur en Union européenne à l’agenda des EAU et à les défendre.
Cette campagne semble avoir porté ses fruits, assure l’auteur de l’article, à la foi d’un consultant politique à Bruxelles. Selon lui, sous l’effet de la campagne de d’intoxication émiratie, des parlementaires se sont abstenus de condamner la guerre saoudo-émiratie contre le Yémen. Le gouvernement populiste en Italie, et sous l’effet du charme des EAU et de sa politique du chéquier a lui aussi tenté d’ôter les EAU de la liste noire de l’UE pour les paradis fiscaux.