Tout a été fait en Tunisie pour épargner au roi Salmane l’affront que son fils et prince héritier Mohamad ben Salmane a subi en novembre 2018, lorsque les Tunisiens sont descendus dans les rues pour marquer leur rejet.
Si ce n’est ses pétrodollars et les lieux saints de l’islam qu’elle renferme, l’Arabie saoudite y a une réputation des plus mauvaises. C’est Riad qui a accueilli Zeinelabidine ben Ali, l’ancien président tunisien banni du pouvoir par la révolution tunisienne. L’affaire de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, imputée à MBS et qui l’a ternie davantage. Les ingérences du royaume dans la vie politique des autres pays arabes et islamiques et ses prises de position en faveur de la normalisation avec l’entité sioniste, lui valent aussi le mépris de la rue tunisienne. Sans oublier la guerre inique contre le Yémen.
Préparer d’avance
Se sachant mal-aimé en Tunisie, l’Arabie a préparé d’avance toute une campagne pour cacher la répugnance qu’elle suscite dans ce pays. Les médias saoudiens se sont chargés de son premier acte. Par le bais d’un gros mensonge qui a été facilement débusqué.
En effet, le quotidien Okaz a consacré une de ses rubriques à un article qui argue que le roi Fayçal, lorsqu’il était prince et ministre des Affaires étrangères du royaume, et grâce à « la politique saoudienne avertie», avait introduit l’ex-président Al-Habib Bourguiba au siège des Nations Unies et lui a concédé son tour dans les interventions pour qu’il puisse défendre l’indépendance de la Tunisie.
L’histoire a bel et bien eu lieu, non pas avec Fayçal, mais avec le ministre irakien des Affaires étrangères à cette époque, Mohamad Fadel al-Jamali. M. Bourguiba lui a rendu plus tard la pareille, en lui accordant la nationalité tunisienne lorsqu’il a été expulsé de l’Irak.
Inutile de décrire la réaction des Tunisiens face à une telle mystification.
Des portraits contraires aux valeurs de la révolution
Autre préparatif orchestré et destiné à cacher le rejet tunisien: l’Arabie a acheté des espaces publicitaires sur lesquels elle a arboré le portrait de son roi. Des sociétés de pèlerinage, aux intérêts intrinsèquement liés au royaume wahhabite ont argué les avoir financés, avec la collaboration de l’ambassade d’Arabie saoudite .
Nombreux Tunisiens ont demandé aux municipalités de les enlever. « Les expressions de flatterie dans notre pays sont inacceptables. Dans notre pays, même les portraits de notre président ne sont pas arborées sur des banderoles, alors qu’en est-il du président d’un pays étranger … La Tunisie est un pays indépendant doté d’une souveraineté qui refuse d’arborer les portraits de dirigeants des pays étrangers », a tweeté un célèbre bloggueur tunisien Malek ben Omar.
Un couvre-feu partiel
Face à leur refus, les plus enthousiastes se sont rassemblés le jour de l’arrivée du monarque, le vendedi 29 mars, à leur proximité, arborant des pancartes avec comme slogans : Cessez la guerre contre le Yémen, Un sommet sans ambition, Le sommet des criminels, ou Vous n’êtes pas les bienvenus en Tunisie.
Ils bravaient l’énorme dispositif sécuritaire mis sur pied ce jour-là, « un couvre-feu partiel » selon un observateur, pour empêcher un rassemblement proposé par des forces de la gauche tunisienne. «Pour protester contre la politique de normalisation avec l’ennemi sioniste, contre des gouverneurs arabes corrompus et tyranniques et leurs complots avec les ennemis de la nation arabe et islamique », peut-on lire dans le communiqué du Front populaire.
Pas de doctorat honorifique d’Al-Zaytounat
L’Université la plus prestigieuse du pays, Al-Zaytounat, non plus ne s’est pas laissé intimidé. Elle a tout court refusé d’accorder un doctorat honorifique au roi. Sa réputation scientifique étant mise en cause .
C’est finalement celle d’al-Qayrawane qui le fera, sous le poids des pressions exercées par le président Beji Caid Essesbsi. Celui-ci lui a décerné de plus la plus grande catégorie de l’Ordre de la République.
En échange de quoi, le roi lui a donné le collier du roi Abdel Aziz et lui a promis des investissements et des projets pour le montant de 600 millions d’Euros.
C’est le seul atout sur lequel l’Arabie peut compter…
Source: Divers