Le sort des forces étrangères qui occupent encore des régions syriennes a été le thème central d’une rencontre tripartite dans la capitale syrienne qui a réuni le lundi 18 mars les trois plus hauts responsables militaires de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran.
La rencontre qui se devrait d’ouvrir une nouvelle page du conflit en Syrie concerne plusieurs acteurs : la Coalition internationale menée par les Etats-Unis et ses alliés syriens et kurdes, la Turquie, et ses mercenaires syriens, dont les factions jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham. Elle concerne le tiers du territoire syrien occupé par ces acteurs, à l’insu de Damas.
La présence américaine en Syrie dans le collimateur
Selon le quotidien libanais al-Akhbar, c’est surtout la présence américaine en Syrie qui a été discutée par le ministre de la Défense syrien, et les deux chefs d’états-majors iranien et irakien. Il n’a pas été précisé si la présence contestée des forces américaines en Irak a été évoquée durant les négociations.
« Les facteurs de puissance chez l’armée syrienne sont suffisants pour sortir les forces américaines occupantes d’al-Tanf » dans le sud-est de la Syrie, a averti le ministre de la défense syrien le général Ali Ayoub, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion.
Washington déploie aussi des forces dans le nord-est, dans les régions contrôlées par les Forces démocratiques syriennes, coalition de milices à majorité kurde. L’engagement de s’en retirer pris a la fin de l’an dernier par Donald Trump et ratifié par le Pentagone n’a pas encore vu le jour.
« Les États-Unis et les autres sortiront de Syrie », a ajouté le ministre syrien, en allusion sans aucun doute aux militaires français déployés dans le nord-est, à leurs homologues britanniques dans le sud-est. Sans oublier les forces turques qui occupent ainsi que leurs mercenaires syriens des régions dans le nord et le nord-ouest syriens.
Idleb ne sera pas une exception
Il a également été question du contentieux lié à la province d’Idleb occupée par HTC. Pour le ministre syrien, « la région d’Idleb ne sera pas une exception, d’autant qu’elle fait partie des quatre zones de désescalade dont trois sont revenues dans le giron de l’État syrien ».
S’agissant des FDS qui collaborent avec les USA dans les provinces de Hassaké, Deir Ezzor et Raqqa, au nord de l’Euphrate, « nous allons traiter avec eux soit à travers les réconciliations, soit en libérant la terre », a averti le ministre syrien.
Ce dernier a parlé des offensives israéliennes contre la Syrie, assurant que les forces syriennes leur ripostaient avec un grand professionnalisme en abattant la plupart des missiles tirés avortant les objectifs des offensives.
Même logique de la part du haut-officier iranien. Selon lui la rencontre vise avant tout à confirmer la souveraineté de ces trois Etats sur leur territoire et le refus de toute présence militaire illégitime en Syrie, quelque soient les prétextes, « que ce soit dans la zone d’al-Jazirat syrienne, ou à Idleb ou à al-Tanf».
«Nous avons étudié toutes les mesures qu’il faut prendre pour ramener ces territoires à la souveraineté syrienne et pour que les décisions finales reviennent à l’Etat syrien et à l’armée syrienne », a-t-il taclé.
Ouvrir les frontières entre l’Irak et la Syrie
Thème inhérent, les frontières entre les trois pays voisins étaient aussi menu des pourparlers. Le dossier est d’autant plus épineux que les Etats-Unis tentent s’y interférer pour empêcher le retour à la normale dans cette zone névralgique pour les trois pays. Le but étant de couper la continuité géographique entre eux et vers le Liban, une situation qui favorise l’Axe de la résistance dans la région.
L’ouverture de ces passages frontaliers constitue une affaire importante et sensible pour les échanges commerciaux et pour le transport des touristes et des pèlerins iraniens depuis la République islamique d’Iran en direction de l’Irak puis de la Syrie, a déclaré le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Baqeri.
« Les jours prochains, nous verrons l’ouverture du passage frontalier entre l’Irak et la Syrie et la poursuite des visites et du commerce bilatéral », a renchérit son homologue irakien Othmane al-Gameri.
Il faisait sans doute allusion au passage AlBoukamal-alQaëm, situé aux confins avec la zone syrienne occupée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) avec l’aide de la Coalition internationale menée par les Etats-Unis.
Ce passage fait partie des trois passages frontaliers qui relient la Syrie à l’Irak. Contrôlé par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés, il est fermé depuis qu’il a été libéré. Il en est de même pour les deux autres : al-Yaarabiyat dans la province de Hassaké, qui est occupé par les FDS, ainsi que celui d’al-Tanf dans le sud-est syrien, proche de l’Irak et de la Jordanie et occupé par les forces de la Coalition, surtout les USA qui y ont installé leur base.
Pour le président syrien qui a rencontré les trois délégations militaires au terme de leur réunion, « ce qui unit la Syrie, l’Iran et l’Irak est une relation solide qui a été consolidée durant la guerre lorsque le sang de leurs forces armées s’est mélangé durant la lutte contre le terrorisme ». Et Bachar al-Assad de conclure: » ses mercenaires qui ne sont que la façade des Etats qui les ont soutenus par derrière ».
Source: Divers