Dans un article publié sur le site web du journal libanais Al-Binaa, l’analyste Wafik Ibrahim examine les vraies intentions des organisateurs de la conférence des donateurs pour la Syrie à Bruxelles.
L’auteur écrit que la collecte de fonds pour soutenir les réfugiés syriens qui se trouvent actuellement dans les pays voisins est en soi une bonne action humanitaire, mais il rappelle que l’année dernière, les fonds collectés au nom d’aides humanitaires aux réfugiés syriens avaient été utilisés soit pour financer les opposants politiques et les groupes armés terroristes qui se battent contre l’armée syrienne, soit pour soutenir les politiques de la Turquie ou de la Jordanie à l’égard de leur voisin syrien, voire pour financer les groupes terroristes au Liban.
Wafik Ibrahim ajoute que cette année, la conférence de Bruxelles sur la Syrie a pu, avec une rapidité sans précédent, collecter plus de six milliards d’euros d’aide aux réfugiés syriens au Liban, en Jordanie et en Turquie pour couvrir les frais de leur présence pendant deux ans (2019-2020), ainsi que pour les réfugiés de l’est de l’Euphrate et du Nord syrien. La partie majeure de cette somme sera allouée à la Turquie.
Wafik Ibrahim souligne ensuite deux points suspects en ce qui concerne les intentions des organisateurs de la conférence de Bruxelles : en premier lieu, à un moment où l’État syrien a réussi à libérer près de 70 % de son territoire, alors que le projet terroriste soutenu par les grandes puissances occidentales et leurs alliés régionaux s’est effondré, après sept ans, la conférence de Bruxelles accorde la majeure partie des fonds collectés à la Turquie, pays qui a soutenu pendant longtemps le développement des activités des organisations terroristes en Syrie, d’autant plus qu’Ankara s’est servi de ses affinités politiques avec les Frères musulmans pour contrôler le cours des événements en Syrie, notamment dans le Nord, le long de ses mille kilomètres de frontière commune avec ce pays.
En second lieu, l’auteur souligne que ces fonds auraient dû être alloués essentiellement à l’État syrien qui accueille chaque jour un grand nombre de réfugiés revenant en Syrie, étant donné que Damas supprime la plupart des obstacles juridiques qui rendaient difficile leur retour, et que le gouvernement offre des facilités économiques pour que les réfugiés qui rentrent au pays reprennent plus vite le cours normal de leur vie.
Wafik Ibrahim évoque ensuite les efforts de la Russie pour dialoguer avec les représentants des réfugiés syriens au Liban, en Jordanie et en Turquie afin d’encourager les réfugiés à retourner dans leur patrie. Les Russes savent bien que le retour de la stabilité politique dépendra du rétablissement de la paix et de la stabilité sociale.
Dans ce contexte, la conférence de Bruxelles organisée par l’Union européenne a fini par collecter plus de six milliards d’euros, dont la majeure partie sera allouée à la Turquie, alors que l’essentiel de ces aides aurait dû être alloué à Damas qui prépare le terrain au retour des réfugiés dans leur pays d’origine.
Mais que signifie cette décision ? Si la plus grande partie des aides est attribuée à la Turquie, c’est parce que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a réussi à faire peur aux Européens en annonçant qu’il craignait le départ en masse des Syriens d’Idlib et d’Afrin vers le nord (Turquie), puis vers le Vieux Continent.
D’après l’analyste du journal Al-Binaa, il y a une chose qui réconforte le président Erdogan dans sa position : les États-Unis, les puissances européennes et les monarchies arabes du sud du golfe Persique souhaitent voir les réfugiés syriens rester plus longtemps au Liban, en Jordanie et en Turquie, car cela leur permettra de retarder, voire d’empêcher, le rétablissement de la paix sociale à l’intérieur de la Syrie.
Wafik Ibrahim souligne que dans ce cadre, les ennemis de la Syrie souhaitent instrumentaliser les réfugiés, comme les populations kurdes et turkmènes du nord et de l’est de la Syrie, en tant qu’« alternative » aux organisations terroristes et aux groupes armés pour continuer la guerre contre l’État syrien. Dans le même temps, en empêchant le processus de stabilisation de la Syrie, les États-Unis et leurs alliés européens et régionaux pensent pouvoir contrer l’influence grandissante de la Russie et de l’Iran au Moyen-Orient.
En conclusion, l’auteur estime que la conférence de Bruxelles n’est qu’un projet politique pour continuer la guerre contre la Syrie. Mais cette nouvelle tactique a-t-elle une chance de réussir ? La réponse de Wafik Ibrahim est négative, car selon lui, cette nouvelle machination ne sera pas pire que la guerre imposée à la Syrie depuis 2011, avec la complicité de centaines de milliers de terroristes venus de plus de 60 pays. « Ils voulaient détruire la Syrie, mais la Syrie les a vaincus », souligne l’auteur.
Source: PressTV