L’Union européenne a entériné lundi l’entité créée par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni pour commercer avec Téhéran malgré les sanctions américaines, mais a dénoncé le programme de missiles à longue portée développé par l’Iran et son engagement militaire en Syrie.
Les dirigeants des 28 ont justifié la création de cet instrument financier par la nécessité d’encourager l’Iran à respecter son engagement à ne jamais chercher à obtenir ou mettre au point des armes nucléaires malgré le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran en 2015, souligne une déclaration commune rendue publique à Bruxelles.
L’entité, baptisée Instex, « apportera un appui aux opérateurs économiques européens qui ont des échanges commerciaux légitimes avec l’Iran, conformément au droit de l’UE et à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies », précise le texte.
« L’Instex va permettre à l’UE de poursuivre un commerce licite avec l’Iran dans les domaines de la santé et de l’agroalimentaire », a expliqué jeudi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
Mais l’Iran doit encore créer une entité miroir pour permettre à l’Instex de devenir opérationnelle. Cela prendra du temps car l’instrument iranien « ne doit avoir aucun lien avec la banque centrale d’Iran, sous le coup des sanctions américaines, et respecter les règles internationales contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », a-t-on précisé de source européenne.
Sur un autre plan, les Européens ont dénoncé « la fourniture par l’Iran d’un soutien militaire, financier et politique à des acteurs non étatiques en Syrie et au Liban (allusion aux forces qui luttent contre Daesh ou l’occupation israélienne, ndlr) » et se disent « vivement préoccupés » par son engagement militaire et la présence continue des forces iraniennes en Syrie.
Ils se disent par ailleurs « gravement préoccupés » par le programme de missiles balistiques développé par l’Iran et demandent à Téhéran de s’abstenir de réaliser de nouveaux tirs et de chercher à accroitre la portée et la précision des engins.
« L’Union européenne continuera de faire preuve d’unité et de solidarité en la matière et elle engage l’Iran à mettre immédiatement un terme à ce comportement intolérable », avertit la déclaration.
L’Iran juge « inacceptable » une condition de l’UE
Téhéran a pour sa part jugé, ce mardi, « inacceptable » de lier le fonctionnement du système de troc européen créé pour contourner les sanctions américaines contre l’Iran à des exigences relatives à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
« Lier la mise en oeuvre de ce mécanisme […] aux exigences de certaines institutions comme le Gafi [Groupe d’action financière, NDLR] est inacceptable », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères iranien.
Basé à Paris, le Gafi régule les efforts internationaux pour lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Le communiqué de Téhéran rappelle la position de la République islamique selon laquelle la question de ses « activités de défense […] n’a jamais été et ne sera jamais à l’ordre du jour [de] discussions avec les autres pays ».
Et sur les questions relatives à la sécurité du Proche et du Moyen-Orient, Téhéran « conseille vivement aux pays européens d’adopter une vision réaliste » et de ne « pas se laisser influencer […] par des éléments opposés à la paix ».
Source: Avec AFP