Le département d’État américain a fait machine arrière en renonçant à consacrer à l’Iran le sommet de Varsovie qui se tiendra les 13 et 14 février prochains.
Dans un communiqué, le département d’État des États-Unis affirme que Washington et Varsovie organiseront les 13 et 14 février 2019 un sommet ministériel intitulé « L’avenir de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient » en Pologne, supprimant ainsi le nom de l’Iran de l’ordre du jour de la réunion.
Cela intervient après que certains invités de l’UE ont annoncé leur intention de ne pas participer à la réunion.
Il y a deux semaines, l’idée américaine était de tenir une réunion centrée sur l’Iran en Pologne et de définir éventuellement la forme d’une future « OTAN arabe » — un euphémisme pour une coalition militaire régionale anti-iranienne.
En effet, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait fait part le 11 janvier lors d’un discours au Caire de la tenue d’un sommet anti-iranien à Varsovie les 13 et 14 février, pour « promouvoir la paix et la sécurité au Moyen-Orient », une conférence qui ne visait qu’à discuter des moyens de réduire l’influence régionale de l’Iran. Or, la conférence anti-iranienne du président américain Donald Trump en Pologne a été très mal accueillie par les dirigeants mondiaux. Les tentatives des États-Unis d’exercer des pressions sur l’Iran ont subi un cuisant revers après que les ministres de plusieurs membres de l’Union européenne se furent retirés du sommet. La réticence de l’UE envers le plan américain compromet sérieusement l’efficacité des efforts du département d’État américain contre l’Iran.
Qu’est-ce qui a changé en seulement deux semaines ?
Il y a deux jours, Euronews annonçait dans un flash info que le président polonais avait jugé « possible » que l’on invitât l’Iran pour assister au sommet de Varsovie.
La marche arrière polonaise est intervenue après la visite du vice-ministre des Affaires étrangères du pays à Téhéran et ses rencontres avec les responsables iraniens, une marche arrière suivie par le représentant permanent adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, Jonathan Cohen, qui a assuré le 22 janvier que le sommet de Varsovie n’aurait pas pour but de « reconsidérer les mérites du PGAC » et ni de « compromettre l’Iran ».
Cohen, qui a pris la parole lors d’une réunion mensuelle du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation au Moyen-Orient et la question palestinienne, a souligné que la « réunion ministérielle » de Varsovie, co-présidée par les États-Unis et la Pologne, était destinée à « promouvoir la paix et la stabilité » : « Cette réunion ministérielle sera l’occasion d’échanger des expériences, des idées et d’évaluer nos partenariats afin de créer un Moyen-Orient plus stable et plus calme. Cette réunion ministérielle sera une réunion de réflexion de classe mondiale qui nous permettra de mettre en place une architecture sécuritaire plus efficace au Moyen-Orient. Des discussions sur les crises humanitaires en Syrie et au Yémen ainsi que des réunions sur le développement balistique, l’extrémisme et la cybersécurité se trouvent à l’ordre du jour de la réunion. »
À environ trois semaines du sommet de Varsovie, l’Iran pourrait avoir remporté une victoire diplomatique sur les États-Unis.
Alors qu’un nombre croissant de pays ont annoncé qu’ils n’assisteraient pas au sommet de Varsovie et qu’ils n’y dépêcheraient aucune délégation (les États membres de l’UE et la Russie, entre autres), l’administration Trump est déjà revenue sur le cadre initial de Pompeo pour ce sommet, passant d’un ordre du jour anti-iranien à une discussion pour « promouvoir la paix et la sécurité au Moyen-Orient ».
Étant donné que les préparatifs du sommet sont menés par le Groupe d’action contre l’Iran dirigé par Brian Hook, il est probable que Washington envisage de mettre les Européens devant le fait accompli en présentant une déclaration anti-Iran dans les dernières minutes.
En tout état de cause, si le sommet de Varsovie échoue, ce sera considéré comme une nouvelle tentative ratée de Washington de rassembler le monde contre l’Iran et comme une nouvelle victoire diplomatique de Téhéran.
Source: PressTV