Selon un journal russe, la Turquie ne prendra pas le risque de se venger de la mort de trois de ses soldats dans le raid aérien mené par la Syrie près de la ville d’Al-Bab.
Le journal russe Kommersant revient dans son plus récent numéro sur les frappes de l’aviation russe contre les positions de l’armée turque autour de la ville syrienne d’Al-Bab, frappes qui selon Ankara, ont provoqué la mort de trois soldats et en ont blessé un certain nombre et écrit : » Toute riposte de la part de la Turquie pourrait conduire à une confrontation avec la Russie ».
Et le journal de poursuivre : » c’est la première fois depuis le débarquement des forces turques sur le sol syrien et ce, dans le cadre de l’offensive « Bouclier de l’Euphrate » que la Turquie accuse Damas d’avoir visé puis éliminé ses troupes.
Les experts estiment toutefois que toute réponse de la Turquie créerait des tensions dans les relations Damas/Ankara et que la Russie n’hésiterait pas à prendre fait et cause de la Syrie . La chose s’avère encore plus grave quand on pense aux missiles S-300 que la Russie a déployés à Damas ».
La Turquie a lancé le 24 août 2016 une offensive contre le territoire syrien baptisée » Bouclier de l’Euphrate » qui s’est soldée par la prise de la ville de Jarablus de Daech.
A l’époque, le président turc Erdogan a annoncé très clairement qu’il envisageait de « nettoyer » une zone d’une superficie de 5.000 km2 de la présence des terroristes de Daech et former ainsi une zone « sécurisée » pour les réfugiés.
La version présentée par Erdogan n’a toutefois pas convaincu les analystes qui ont vu à travers la démarche d’Ankara, une tentative destinée à former la zone tampon qu’il cherche à former depuis 2011 dans le nord de la Syrie.
Kommersant interroge ensuite l’analyste russe et directeur du centre Russie-Est-Ouest, Vladimir Stankov qui qualifie de dangereux l’incident précité et affirme: » Erdogan est un politicien orgueilleux qui agit par passion plutôt que par raison. Il va sans dire que les frappes syriennes contre les positions de l’armée turque ne sont pas le fruit du hasard. La décision vient sans aucun doute du commandement suprême de l’armée syrienne. Si Erdogan décidait de lancer ses chasseurs à l’assaut de l’armée syrienne, il pousserait la Russie à défendre la Syrie, une Russie qui protège le ciel syrien à l’aide de ses missiles S-300 et S-400 et qui n’hésiterait pas à battre les chasseurs turcs. Il va sans dire qu’une riposte turque aura des répercussions graves et imprévisibles qui ne vont ni dans les intérêts de la Russie ni dans ceux de la Turquie. Il est souhaitable donc que les deux parties se dirigent vers une entente à l’amiable qui sauve la face à toutes les deux et qui apaise les tensions ».
Mais d’autres experts interrogés par Kommersant ont évoqué des points de vue différents : « les frappes visant l’armée turque à Al-Bab coïncident presque avec le premier anniversaire de l’abattage du SU-24 russe par la Turquie. Ces frappes semblent vouloir pousser les deux parties à la confrontation surtout qu’en dépit de sa présence en Syrie, l’armée turque ne s’en est jamais prise à l’armée syrienne et sa cible favorite reste Daech et les kurdes ».
2e entretien Poutine-Erdogan en deux jours
Entre-temps, le Kremlin a annoncé que le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu samedi, pour la deuxième fois en deux jours, avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan de la situation en Syrie, sujet de désaccord entre les deux dirigeants récemment réconciliés.
Poutine et Erdogan ont eu un entretien téléphonique « pendant lequel ils ont poursuivi leurs échanges d’opinions concernant la situation en Syrie », a indiqué la présidence russe dans un bref communiqué, cité par l’AFP.
Une première conversation téléphonique vendredi, « à l’initiative de la Turquie », avait été consacrée aux relations entre Moscou et Ankara ainsi qu’à la « résolution du conflit syrien » et au dialogue visant à « la coordination des
efforts entrepris dans la lutte contre le terrorisme », selon la même source.
Selon des responsables turcs, ce premier entretien a permis d’aborder en particulier la mort de quatre soldats turcs en Syrie jeudi dans un bombardement imputé par Ankara au pouvoir syrien.
Source: Divers