La préfecture régionale et la mairie de Lille (nord) ont annoncé mercredi avoir saisi la justice après la diffusion d’une enquête sur la chaîne Al-Jazeera dans laquelle des membres du groupuscule d’extrême droite Génération Identitaire tiennent des propos racistes au sein de leur bar privé dans cette ville.
La chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera a diffusé dimanche ce reportage intitulé « Génération haine », affirmant notamment que des connexions existent entre ce groupuscule et le parti d’extrême droite français Rassemblement national (RN, ex-FN), dirigé par Marine Le Pen.
Des membres de Génération Identitaire y sont filmés en caméra cachée, notamment dans les locaux d’un bar privé, « La Citadelle », situé en plein cœur de Lille.
Plusieurs personnes fréquentant ce bar se vantent de « ratonnades » contre des personnes d’origine arabe, et des images montrent même l’attaque d’une jeune femme qu’ils désignent comme maghrébine. On les voit trinquer au « Troisième Reich » avant cette attaque.
« Les propos racistes tenus et les actions violentes, avérées ou planifiées, qui sont relayées ne sont pas acceptables », a affirmé le préfet du Nord, Michel Lalande, dans un communiqué. En conséquence, « le préfet a saisi le procureur de la République qui appréciera les suites à donner ».
De son côté, la maire de Lille, Martine Aubry, a pointé dans un courrier adressé au procureur de la ville et envoyé à la presse des propos « insupportables d’incitation à la violence », « à la haine raciale » et « s’apparentant sans ambiguïté à l’apologie du régime nazi ». « Ce documentaire choquant et inadmissible démontre des actes d’une particulière gravité, contre lesquelles notre société doit apporter une réponse judiciaire », a poursuivi la maire, qui réclame la fermeture du bar.
Dans le reportage d’Al-Jazeera, l’un des hommes filmés déclare notamment :
« Le jour où je sais que j’ai une maladie incurable, je m’achète une arme et je fais un carnage », par exemple « contre une mosquée ».
« La Citadelle » a ouvert en septembre 2016 et revendique 800 membres. Il est accessible uniquement aux adhérents de Génération identitaire et n’a pas pignon sur rue. Cette « maison de l’identité » se veut également permanence juridique, salle de boxe ou ciné-club.
Le 5 octobre à Marseille (sud-est), 22 militants de Génération identitaire avaient fait brutalement irruption au siège de SOS Méditerranée – qui porte secours en mer aux migrants – et déployé une banderole l’accusant d’être « complice du trafic d’êtres humains ». L’ONG avait porté plainte.
En avril, une centaine de militants de ce groupuscule avaient bloqué symboliquement le col de l’Echelle (dans les Alpes françaises) pour marquer leur hostilité à l’entrée de migrants clandestins par la frontière italienne.
Source: AFP