Le chef du mouvement yéménite, Ansarullah, a promis mercredi de ne pas céder face aux forces de la coalition saoudo-US.
Ces derniers tentent en vain de s’accaparer du port de Hodeïda, sur la mer Rouge, car c’est par ce port que transitent près des trois quarts des importations et de l’aide nécessaire à la population.
Alors que les combats font rage entre les forces yéménites et les troupes de la coalition et leurs mercenaires, le chef d’Ansarullah a averti que ses hommes n’abandonneraient pas Hodeïda.
Sayed Abdel Malek al-Houthi a assuré qu’ils ne se rendront « jamais », et ne remettront pas davantage « le contrôle » de la ville à la coalition sous commandement saoudien.
Al-Houthi dénonce la politique US envers le Yémen
« Chaque fois que les dirigeants américains parlent de la nécessité de la paix au Yémen, il s’agit en réalité d’un nouveau signal qu’ils envoient aux agresseurs pour entamer une nouvelle étape de l’intensification des attaques militaires contre le Yémen », a déclaré M.al-Houthi.
Le numéro un d’Ansarullah a accusé les États-Unis d’être directement impliqués dans des attaques militaires contre le peuple yéménite : « Les États-Unis vendent des armes et des équipements militaires aux agresseurs saoudiens et émiratis, et les soutiennent politiquement. Mais sur le plan diplomatique, les dirigeants américains nient leur implication dans les crimes commis contre notre peuple », a-t-il ajouté.
L’Arabie et les Émirats ne s’engagent pour aucun Yéménite
Sayed al-Houthi a également condamné la politique des agresseurs saoudiens et émiratis qui prétendent essayer de faire revenir au pouvoir le président démissionnaire yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi : « Ils se servent de leurs mercenaires yéménites pour réduire leurs propres pertes en vies humaines dans les combats. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ne s’engagent pour aucun Yéménite, ni pour Mansour Hadi, ni pour le commandant des mercenaires Ali Mohsen al-Ahmar. Ils ne sont pas venus au Yémen pour aider les Yéménites. »
Le leader d’Ansarullah a réitéré que la guerre déclenchée par les Saoudiens et les Émiratis contre le Yémen n’a aucune légitimité :
« Le mandat présidentiel de Mansour Hadi a pris fin le jour où il a démissionné de son poste. Les puissances étrangères qui prétendent le soutenir n’ont aucune légitimité non plus, d’autant plus qu’ils ont commis tant de crimes contre les Yéménites en procédant au massacre systématique de la population civile. Notre peuple ne se rendra jamais face aux agresseurs saoudiens et émiratis, qui sont eux-mêmes des marionnettes dont les États-Unis tirent les ficelles. »
Politiques expansionnistes d’Israël
S’agissant de la situation sur la côte occidentale et la ville de Hodeïda, il a affirmé que malgré les vives offensives des agresseurs contre cette région, la majeure partie de la province de Hodeïda reste sous le contrôle de l’armée et des Comités populaires d’Ansarullah.
Il a ajouté que depuis la révélation des relations normalisées entre l’Arabie saoudite et le régime israélien, Riyad a adopté une position de plus en plus hostile contre les Yéménites :
« Les dirigeants saoudiens et émiratis considèrent comme ennemis tous ceux qui s’opposeraient aux politiques expansionnistes d’Israël, et chaque fois qu’ils décident de renforcer leurs liens avec Israël, ils intensifient leurs offensives contre le Yémen. »
La ville de Hodeïda est soumise à un pilonnage intensif depuis près d’une semaine de la part de la coalition qui tente d’enregistrer une percée sur le terrain.
Depuis l’intensification, le 1er novembre, des frappes aériennes et des opérations au sol, au total près de 200 mercenaires de la coalition ont été abattus.
Mercredi 7 novembre, les forces yéménites sont en outre parvenues à couper la principale voie d’approvisionnements terrestres de la coalition, en sécurisant la région de Matina dans le district de Touheyta, a affirmé notre correspondant à Sanaa.
La coalition dans l’impasse
Depuis plusieurs mois, la coalition saoudo-US ne cesse de perdre du terrain face aux forces yéménites.
La bataille de Hodeïda a lieu au moment où Washington, allié des Saoudiens, et l’ONU disent vouloir relancer le processus de paix.
Selon des analystes, la pression diplomatique pourrait avoir incité les Saoudiens à chercher à obtenir le maximum de gains militaires avant d’éventuelles discussions, que les Etats-Unis souhaitent voir reprendre d’ici fin novembre. En septembre, un processus de consultations prévu par l’ONU à Genève avait échoué.
Depuis 2015, la guerre saoudo-US contre le Yémen a fait quelque 15.000 morts et provoqué selon l’ONU la pire crise humanitaire au monde. Mais des responsables humanitaires estiment que le bilan réel des victimes est bien plus élevé.
« Urgent d’agir »
Entre-temps, un garçon de 15 ans est décédé mercredi dans un hôpital de la ville après avoir été blessé par des éclats d’obus, selon l’ONG Save the Children.
Trente-cinq ONG ont lancé un appel à « une cessation immédiate des hostilités » au Yémen, où « 14 millions » de personnes sont « menacées par la famine ».
« Plus que jamais, il est urgent d’agir », écrivent les signataires, dont la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), Action Contre la Faim et Médecins du Monde.
« Après presque quatre ans de conflit, les Yéménites ne peuvent plus attendre ». La crise humanitaire est la conséquence directe du blocus imposé par l’Arabie, affirment ces ONG.
« Le port de Hodeïda est vraiment la ligne de vie de ce pays », a expliqué à l’AFP Juliette Touma, responsable de la communication de l’Unicef au Moyen-Orient.