Le plus grand pays d’Amérique Latine a basculé dans l’extrême droite avec l’élection facile dimanche du très controversé Jair Bolsonaro, qui a promis de « changer le destin du Brésil ».
Au terme d’une campagne tendue et extrêmement polarisée, il a été élu avec près de 58 millions de voix, soit 55,13% des suffrages, contre 44,87% pour son adversaire de gauche Fernando Haddad.
« Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche », a affirmé lors de son premier discours de président élu ce chantre de la dictature militaire (1964-1985), qui prendra ses fonctions pour un mandat de quatre ans en janvier.
« Serment devant Dieu »
Dans son premier discours après l’annonce des résultats, Fernando Haddad n’a pas félicité le vainqueur et a demandé que ses « 45 millions d’électeurs soient respectés ».
« Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant », a-t-il dit. « Nous avons la responsabilité de représenter une opposition qui place les intérêts de la Nation au-dessus de tout ».
Entouré de sa troisième épouse Michelle et d’un pasteur évangélique, Jair Bolsonaro a promis que son gouvernement « défendra(it) la Constitution, la démocratie, la liberté ».
« Ceci n’est ni la promesse d’un parti, ni la parole vaine d’un homme, mais c’est un serment devant Dieu », a-t-il poursuivi, répondant ainsi à ses détracteurs qui le voient comme une menace pour la démocratie.
Le très impopulaire président sortant Michel Temer a salué la victoire de son successeur, annonçant que la transition entre les deux gouvernements débuterait dès lundi.
« Je viens de féliciter le président élu Jair Bolsonaro, j’ai pu percevoir son enthousiasme, non seulement quand il m’a parlé, mais aussi lorsqu’il a fait ses déclarations en faveur de l’unité du pays, de la pacification du pays, de l’harmonie du pays », a déclaré M. Temer depuis sa résidence officielle à Brasilia.
La star du football Neymar a affirmé qu’il espérait que « Dieu puisse utiliser (Bolsonaro) pour aider notre pays ».
Parfois surnommé le « Trump tropical », Jair Bolsonaro a déclaré sur Twitter quelques heures après l’annonce des résultats avoir « reçu un appel du président américain, qui l’a félicité pour cette élection historique ».
« Le président Trump a appelé ce soir le président élu du Brésil Bolsonaro pour le féliciter, ainsi que le peuple brésilien, pour les élections d’aujourd’hui », a déclaré Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche.
Même si Jair Bolsonaro a promis d’être « esclave de la Constitution », Tomaz Paoliello, professeur de Relations internationales à l’université catholique PUC de Sao Paulo, considère que son élection présente « de gros risques pour la démocratie ».
L’ONG Human Rights Watch a lancé dimanche soir un « appel urgent à protéger » la démocratie brésilienne.
Source: Avec AFP