Pour la première fois, un organisme médiatique lié à la Résistance islamique livre quelques uns de ses secrets. En effet, le journal libanais assafir s’est penché sur l’instance médiatique du Hezbollah qui accompagne les opérations de résistance, connue sous l’appellation Média de guerre.
Celui-ci s’était fait remarquer pendant l’occupation israélienne du sud-Liban, lorsqu’il à couvert en images les opérations de résistance contre les positions des Israéliens et celles de leurs collaborateurs libanais recrutés dans le cadre de l’Armée du Liban-Sud, appelée communément l’armée lahdéenne.
Avec les opérations de résistance
L’un des exploits les plus retentissants de Média de guerre a été la photographie de l’implantation de la bannière du Hezbollah sur la position de l’armée israélienne à Tallet Dabché, au sud Liban, le 29 octobre 1994. Elle avait soulevé une grande polémique au sein de l’institution militaire israélienne qui a ordonné une enquête de trois mois pour vérifier si le Hezbollah l’a bel et bien plantée.
Mais la première mission qu’elle a réalisée a été celle de photographier l’opération de Soujoud, en 1986.
A l’époque, le travail qu’elle fournissait relevait plus de l’amateurisme.
Jusqu’en 1994, date à laquelle il s’est institutionnalisé et la nomination de Média de guerre lui a été attribuée. Un an plus tard, cette instance filmait en vidéo l’opération martyre réalisée par Salah Ghandour alors qu’il se dirigeait au volant de son véhicule bourré d’explosifs vers deux convois militaires israéliens. Le photographe et son compagnon devaient s’infiltrer dans la bande frontalière libanaise occupée par Israël pour mener à bien leur travail. Après avoir filmé la scène de l’explosion, ils ont du passer la nuit à la belle étoile avant de pouvoir sortir de cette région.
Les photos qui ont provoqué des révocations
« Tout le monde sait très bien que les images prises pour les opérations effectuées par la Résistance contre un certain nombre de positions a contribué à l’effondrement de la milice Armée du Liban du Sud lors de la libération en l’an 2000 », a expliqué un responsable de Média de guerre, pour assafir. Selon lui, l’importance de ce travail résidait dans le fait aussi que l’armée israélienne ne pouvait plus cacher ce qui se passait sur le terrain. « De nombreuses fois, des révocations ont été ordonnées dans les rangs des officiers israéliens, après la confirmation que les images des soldats tués publiées par Média de guerre étaient vraies », poursuit-il.
Parfois, une autre fonction était assignée à ces photographes : celle de prendre en images des positions ou des régions en préparation à une opération de résistance.
« Nous nous cachions pendant de longues heures dans l’ombre d’un arbre pour pouvoir prendre quelques photos qui puissent aider les résistants », souligne Jawad, l’un des photographes qui a commencé sa carrière à partir de l’âge de 17 ans.
Depuis cette époque, cette instance a connu une importante évolution: aussi bien au niveau des effectifs que des technologies.
Alors qu’elle était formée de quelques dizaines d’éléments, elle en compte de nos jours des milliers dans ses rangs.
De plus, les photographes et les cameramen sont équipés de caméras derniers cris, les numériques entre autre, voire même de drones spécialement conçus pour prendre des images sur ce qui se passe sur le terrain.
L’expérience syrienne, pour préparer l’israélienne
De nos jours Média de guerre s’active le plus en Syrie.
Les débuts ont eu lieu dans le quartier de Sayeda Zeinab, au sud de Damas. Une cellule d’action a été mise au point. Elle compte depuis quelque 250 éléments qui accompagnent les combattants.
Une anecdote est arrivée à l’une de ses équipes, lors de la libération de Yabroud, localité située dans les montagnes du Qalamoune, frontalières avec le Liban.
Au moment où une unité combattante progressait vers cette localité, une équipe de Média de guerre s’était infiltrée sur une colline qui la surplombait pour y placer un capteur SNG. Des images étaient diffusées en direct sur les positions des combattants, en même temps des informations étaient diffusées laissant croire que la région est tombée entre les mains du Hezbollah. Au bout de quatre heures, les miliciens sont tombés dans le piège et se sont retirés de la ville. C’était l’idée du commandant martyr Moustafa Badreddine.
Selon le responsable de Média de guerre, qui a connu les deux expériences de guerres israélienne et syrienne, la bataille contre les Israéliens est bien plus difficile que celle contre les groupes takfiristes en Syrie, « parce que les premiers sont les mieux équipés en armes et en technologies ».
Sur le plan technologique médiatique , ce sont surtout les deux milices issues d’Al-Qaïda, le front al-Nosra et Daesh qui détiennent les meilleurs équipements.
Et surtout Daesh. « ça se voit que ce sont les occidentaux qui les ont fabriqués. Ils leur ont accordé les meilleures performances techniques et humaines au service de leur projet. Ils constituent notre principal rival au niveau technique dans la guerre en Syrie », affirme-t-il.
Selon les prévision des responsables de Médias de guerre, tout ce qui se fait en Syrie, prépare la guerre contre les Israéliens. Ces derniers aussi préparent leur unité médiatique, comme le montrent les manœuvres qu’ils effectuent de temps à autre.
« Dans la prochaine guerre, nous serons face à face, le cameraman du Hezbollah et celui de l’armée israélienne », a prédit Jawad.
Source: Médias