Un jeune homme libanais détenu aux Emirats arabes unis a été torturé d’une façon sauvage parce qu’il est soupçonné d’appartenir au Hezbollah.
C’est le journal libanais Al-Akhbar qui a révélé ce fait, indiquant avoir obtenu un enregistrement sonore de sa part et dans lequel il clame son innocence et réclame que les autorités libanaises s’emparent de son affaire.
« Je ne veux pas que l’on pleure sur mon sort. Je voudrais qu’ils sachent que je suis opprimé… J’ai été torturé d’une façon sauvage. Ils ont arraché mon cuir chevelu. Ils m’ont violé en introduisant un bâton en fer dans mon anus, provoquant des déchirures. Ils m’ont alors hospitalisé. Ils ont arraché les ongles de mes pieds durant les séances de tortures et ont brisé 4 doigts de mes mains. Mon nez a été cassé. Les coups sur mon cou ont provoqué une enflure et on m’a hospitalisé pour l’enlever », a raconté Ahmad Makaoui, originaire de la ville Tripoli, au nord du Liban. De point de vue communautaire, il appartient à la communauté sunnite.
Cela fait deux ans qu’il est arrêté sous prétexte qu’il faisait partie d’une présumée cellule d’espionnage de 16 hommes, deux ressortissants émiratis, deux irakiens et deux libanais, travaillant à la solde du Hezbollah. Accusé d’avoir livré des secrets d’Etat, Makaoui a été condamné à 15 années de prison ferme.
Il a été incarcéré pendant 13 mois sans que sa famille ne sache rien sur son sort. Ce n’est qu’après sa condamnation qu’il a obtenu l’autorisation de la contacter une fois par semaine pour une durée de 11 minutes.
Assurant qu’une partie de ses aveux lui ont été soutirés sou la torture, surtout durant le second interrogatoire au cours duquel il a subi des sévices sexuels, Makaoui a réclamé un nouveau jugement, pour sa mise en liberté ou au moins pour être transféré dans les prisons libanaises pour y purger le reste de sa peine.
« Jamais l’ambassade du Liban ne s’enquiert sur moi », a déploré le jeune homme dans son enregistrement.
Le quotidien libanais a indiqué avoir reçu plusieurs de ses enregistrements, dont il vérifie l’authenticité avec l’aide de son avocat de défense au Liban Mohamad Sablouh.
« Les accusations proférées contre mon client sont inexactes. Ahmad n’a rien à voir avec les 15 détenus qui appartiendraient au Hezbollah et n’avait aucun lien avec eux », a dit l’avocat.
Selon lui, une décision a été décrétée par la Commission des droits de l’homme aux Nations unies pour exiger des autorités émiraties de le libérer immédiatement, surtout après la confirmation des faits de torture. Mais cette résolution n’a aucune portée obligatoire et les efforts se poursuivent pour qu’elle le devienne.
L’avocat a révélé aussi avoir présenté une demande auprès du procureur général pour que Makaoui soit rapatrié et puisse purger sa peine au pays, conformément à une entente avec la Ligue arabe. Mais elle a été rejetée. Le procureur a aussi refusé aussi de rédiger par écrit son refus.
Selon Al Akhbar, les sources du ministère libanais des Affaires étrangères lui ont part que « le problème dans les pays du Golfe est que les ambassadeurs libanais concernés sont inactifs. Plus est-il que lorsqu’ils envoient des missives vers les Etats concernes, leur ministère des AE les ignorent ou tardent à leur répondre, de quoi dissiper l’affaire ».