Quneitra, seul point de passage entre la Syrie et la partie du Golan occupée par Israël, a rouvert lundi après quatre ans de fermeture, nouveau signe de reprise en main par le pouvoir syrien du territoire syrien.
Résultat d’un accord annoncé vendredi entre les Nations unies, Israël et la Syrie, deux véhicules blancs de l’ONU ont franchi la barrière qui a été ouverte devant eux du côté israélien du point de passage de Quneitra.
La réouverture du passage a été rendue possible après la reprise aux milices insurgées par les forces gouvernementales syriennes, appuyées par la Russie, de la quasi-totalité de la province syrienne de Quneitra.
Israël, officiellement en état de guerre avec la Syrie, occupe depuis 1967 la majeure partie du plateau du Golan, qu’il a annexée en 1981. Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.
Israël a accordé un soutien important à ces milices, toutes tendances confondues, aussi bien militaire que médicale, pour les miliciens blessés.
En 2014, la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (Fnuod), qui a notamment pour mandat de veiller au respect du cessez-le-feu entre Israël et la Syrie, avait dû abandonner ses positions quand des groupes rebelles et des jihadistes takfiristes de l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda s’étaient emparés du secteur, kidnappant brièvement 45 membres fidjiens de la force. La Fnuod a repris ses patrouilles en août.
Dans un premier temps, le point de passage, par lequel les Druzes syriens vivant du côté occupé par Israël transitaient par le passé pour aller étudier ou se marier en Syrie et pour vendre leurs pommes, servira seulement aux opérations des Casques bleus de l’ONU, a indiqué l’armée israélienne.
« Retour à la normale »
Pour Eyal Zisser, directeur du département d’études du Moyen-Orient à l’Université de Tel-Aviv, la réouverture du point de passage fait partie du « retour à la normale » en Syrie, où le régime a réussi à reprendre plus de la moitié du sol syrien.
« La frontière entre Israël et la Syrie était très calme avant le début de la guerre civile en Syrie et le retour à la normale est très pratique pour Israël », estime-t-il.
« L’armée syrienne a repris ses responsabilités sur son côté de la frontière et du point de passage… Israël est de son côté, les Syriens du leur, il n’y a pas de Daech, pas d’Iraniens ni de Hezbollah, il y a une adresse claire de l’autre côté. C’est tout ce qu’Israël souhaite », poursuit l’expert.
Nazih Ibrahim, 65 ans, un druze syrien vivant du côté du Golan occupé par Israël, fait partie de ceux qui attendaient avec impatience la réouverture du point de passage. « C’est un filet de sécurité », dit-il, en assistant à la cérémonie d’ouverture.
« Nous sommes Syriens et le resterons », ajoute-t-il, expliquant que le frère de sa femme vit en Syrie, ainsi que d’autres de ses relations familiales.
L’occupation par Israël du Golan syrien puis son annexion ont fait fuir des dizaines de milliers de Syriens. Seuls restent aujourd’hui sur le plateau du Golan quelque 18.000 Druzes, apatrides, qui ont perdu leur nationalité syrienne et refusent la carte d’identité israélienne.
Source: Avec AFP