Les Emirats arabes unies ont ouvertement annoncé que le processus de négociations ne sera pas repris avant leur victoire dans la bataille de Hodeïda (ouest).
Dans une lettre adressée au conseil de sécurité de l’Onu, les Emirats ont assuré que « la libération de Hodeïda est devenue nécessaire afin d’obliger les Houthis (Ansarullah) à faire part aux négociations de paix », rapporte le quotidien libanais AlAkhbar.
Jouissant du soutien des Etats Unis, Abou Dhabi a annoncé son intention de « renforcer ses opérations militaires contre les Houthis à Hodeïda et sur les autres fronts dans le but de contraindre les Houthis à participer au processus politique ».
Dans ce contexte, sept civils ont été tués dans une frappe aérienne de la coalition saoudo-émirati-US, ont indiqué lundi un responsable local et une chaîne de télévision yéménite.
La frappe aérienne a eu lieu dimanche dans le district de Horane de la province de Bayda (centre), a précisé ce responsable et la chaîne Al-Massirah, ajoutant que les victimes sont un homme, quatre femmes et deux enfants.
L’agence d’informations yéménite Saba a donné un bilan plus élevé, faisant état d’au moins 10 morts.
Frappe saoudienne sur une station radio à Hodeïda
Dimanche, quatre personnes, employées d’une station de radio yéménite à Hodeïda, ont également trouvé la mort dans un bombardement de la coalition.
Plus précisément, ce sont trois agents de sécurité et un employé de la radio qui ont perdu la vie. En outre, les avions de la coalition sont restés dans les airs pendant longtemps pour empêcher les ambulanciers de pénétrer dans l’immeuble, a déclaré un correspondant de la chaîne AlMasirah.
L’association des journalistes du Yémen a émis une déclaration condamnant l’attaque contre la station radio et disant que «la frappe contre la station de radio de Hodeïda est un nouveau crime dans une série de crimes et violations à l’encontre des journalistes et des organisations journalistiques internationaux». Il s’agit d’un «crime militaire qui ne doit pas rester impuni», a indiqué l’association, appelant tous les autres organismes luttant pour la liberté de parole, locaux comme internationaux, à soutenir la station de radio.
La guerre saoudo-US contre le Yémen, lancée depuis 2015, a fait quelque 10.000 morts, plus de 56.000 blessés et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU, qui estime que 22 millions de civils yéménites, soit 75% de la population, ont besoin d’une aide humanitaire sous une forme ou une autre.
En réaction, le parlement yéménite a sommé les Nations Unies à exercer des pressions sur les pays de la coalition pour mettre fin à leur agression contre le Yémen et lever l’embargo imposé sur les points de passage terrestres, maritimes et aériennes, dont notamment l’aéroport de Sanaa.
Un « pont aérien » pour des évacuations médicales
Entre-temps, l’ONU a annoncé dimanche qu’elle s’efforçait de mettre en place un « pont aérien humanitaire médical » au Yémen pour évacuer les civils qui ne peuvent pas être traités dans ce pays.
« Il s’agit d’aider les patients souffrant de cancers, de maladies chroniques et d’anomalies congénitales à recevoir le traitement dont ils sont besoin », a précisé dans un communiqué le Dr Nevio Zagaria, représentant de l’Organisation mondial de la santé (OMS) au Yémen.
Une liste de douze maladies ou affections a été établie, parmi lesquelles les leucémies, les cancers de la thyroïde ou les « patients qui ont besoin de radiothérapie, d’une greffe de moelle osseuse ou d’une transplantation rénale », a précisé le Dr Zagaria.
La coordinatrice humanitaire des Nations unies pour le Yémen, Lise Grande, a signé samedi « une note verbale avec les autorités à Sanaa », afin de permettre de transférer, par avion spécial, ces patients « vers un établissement médical équipé pour recevoir de tels cas ».
Toujours selon son communiqué, l’OMS indique « travailler avec toutes les parties afin de confirmer les procédures opérationnelles pour ce pont aérien humanitaire ». Celui-ci doit fonctionner dans un premier temps pendant une période d’essai de six mois.
« Nous espérons que le premier vol sera prêt dès que possible », a déclaré le Dr Zagaria, précisant que « 80% des patients choisis pour ce vol sont des femmes et des enfants dont le pont aérien est un des derniers espoirs ».
Espagne: Pedro Sanchez défend une vente d’armes à l’Arabie saoudite
Entre-temps, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a défendu dimanche la décision controversée de son gouvernement de livrer finalement 400 bombes à guidage laser à l’Arabie saoudite, affirmant que cela était nécessaire pour préserver de bonnes relations avec la monarchie du Golfe.
Le gouvernement socialiste avait annoncé le 4 septembre qu’il renonçait à livrer ces armes déjà payées, après des bombardements effectués au Yémen par la coalition pro-gouvernementale menée par l’Arabie saoudite, ayant tué des dizaines d’enfants.
Mais jeudi, le ministre des Affaires étrangères Josep Borrell a affirmé que son gouvernement allait finalement respecter le contrat de 9,2 millions d’euros et livrer les bombes, une volte-face qui a provoqué la colère des organisations humanitaires.
Lors d’une interview sur la chaîne TV La Sexta, Pedro Sanchez a indiqué que son gouvernement risquait de « donner l’impression qu’il était en train de revoir totalement sa relation » avec la monarchie wahhabite s’il ne livrait pas les armes.
« Le dilemme auquel le gouvernement était confronté était de rompre ses liens commerciaux, économiques et politiques avec l’Arabie saoudite, avec l’impact que cela pourrait avoir dans certaines régions du pays, comme dans la baie de Cadix, ou bien exécuter un contrat signé par le gouvernement précédent », a-t-il ajouté.
Sur le plan commercial, l’annulation mettait en danger un contrat nettement plus important: la commande de cinq navires de guerre, des corvettes, pour 1,8 milliard d’euros, qui devaient être construits par l’entreprise publique espagnole de chantiers navals Navantia en Andalousie, un bastion socialiste.
Des milliers d’emplois étant en jeu, des travailleurs de la région ont organisé des manifestations en faveur du maintien du contrat.
Outre les navires de guerre, Madrid a obtenu de juteux contrats d’infrastructure, comme la construction d’un train à grande vitesse reliant La Mecque à Médine ou d’un métro à Ryad.
Madrid est le quatrième fournisseur d’équipements militaires et d’armes à Ryad, selon Amnesty International.
Ansarullah frappe encore Jizane par Badr-1
Et puis, en réaction aux frappes aériennes de la coalition saoudo-US contre les zones résidentielles, les forces de l’armée yéménite et Ansarullah ont tiré ce dimanche 16 septembre au soir un missile balistique de type Badr-1 sur la région de Jizane, au sud du royaume saoudien.
Les forces yéménites ont également tiré samedi soir un missile balistique Badr-1 vers la métropole économique de l’Arabie Saoudite, Jizane, rapporte AlMasirah.
Jeudi dernier, l’armée yéménite avait tiré un missile de type Badr-1 vers une nouvelle base militaire des Saoudiens à Najran.
Une cellule d’espionnage émiratie démantelée
Pour sa part, le ministère de l’Intérieur du gouvernement de salut national du Yémen a fait part du démantèlement d’une cellule d’espionnage liée au renseignement des Émirats arabes unis.
Cette cellule d’espionnage était impliquée dans le transfert, au gouvernement démissionnaire yéménite, des renseignements sur les groupes et les associations, les habitations, les centres de service, les organes gouvernementaux en particulier le bureau de la présidence, le siège du ministère de l’Intérieur, les forces de salut et les compagnies pétrolières, a rapporté la chaine yéménite AlMasirah.
« Les services d’informations sécuritaires du gouvernement de salut national diffuseront en image, les aveux des membres de cette cellule dans les prochains jours », a ajouté ce rapport.
Le ministère yéménite de l’Intérieur n’a fait aucune allusion par rapport à la façon dont ce réseau a été démantelé, ni au nombre et ni à la nationalité des personnes arrêtées.
Même une haute autorité américaine avait déjà reconnu qu’Abou Dhabi avait un rôle destructeur au Yémen et l’opinion mondiale en est bien consciente.
Un nouveau groupe yéménite appelé « Conseil de transition du sud (STC) » s’est autoproclamé au mois de mai 2017 avec le soutien des Émirats arabes unis, dans le but d’amplifier la crise au Yémen et de séparer le Sud du Nord.
Le 5 mai 2018, les Émirats arabes unis ont occupé l’île stratégique de Socotra dans le sud de la péninsule arabique en exacerbant la tension entre Abou Dhabi et le gouvernement démissionnaire d’Abed Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite.
Source: Médias