L’armée syrienne a lancé la bataille de la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie.
Selon l’AFP, elle a bombardé ce jeudi 9 aout dans ce bastion insurgé des positions des groupes rebelles et takfiristes et largué des tracts appelant les habitants à la réconciliation.
Les tracts appellent la population à « rejoindre le (processus de) réconciliation comme l’ont fait nombre de nos compatriotes en Syrie », indique le correspondant de l’AFP.
Ces accords dits de réconciliation ont été conclus dans plusieurs régions dans le passé. Ils prévoient des cessez-le-feu en échange du retour du pouvoir syrien dans les zones insurgées et du transfert de certains rebelles vers d’autres zones en Syrie.
« Jusqu’à quand allez-vous vivre avec vos familles dans la peur et l’inquiétude? (…) La guerre touche à sa fin, il est temps de mettre fin à l’effusion de sang et à la destruction », lit-on sur l’un des tracts signés par le commandement des forces armées syriennes.
Jeudi matin, des tirs d’artillerie et de roquettes se sont également abattus sur la zone autour de Jisr al-Choughour, une ville clé du sud-ouest de la province d’Idleb, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), l’instance médiatique de l’opposition soutenue par l’occident.
« Ces bombardements sont le prélude à un assaut mais il n’y a pas encore d’avancée (des forces du régime) au sol », a indiqué à l’AFP son directeur, Rami Abdel Rahmane.
« Des renforts militaires, incluant soldats, équipements, véhicules et munitions, affluent vers la région depuis mardi », a-t-il précisé.
Ces renforts se trouvent sur trois fronts tenus par le régime, dans la province voisine de Lattaquié (à l’ouest de Jisr al-Choughour), dans la plaine de Sahl al-Ghab (au sud d’Idleb) et dans une partie du sud-est de la province.
Le quotidien progouvernemental Al-Watan a confirmé jeudi que des troupes de l’armée avaient bombardé des positions rebelles et takfiristes dans la province d’Idleb.
Tombée aux mains des insurgés en 2015, Idleb est totalement encerclée par des territoires acquis au pouvoir. Selon l’AFP, 60% de son territoire est contrôlé par Hayat Tahrir al-Cham, une coalition de milices takfiristes affiliées à l’idéologie d’Al-Qaïda. C’est d’ailleurs la branche de cette dernière en Syrie, le front al-Nosra qui constitue son épine dorsale.
Le reste étant partagé entre différents groupes rebelles.
Les troupes syriennes ont repris des pans entiers du pays ces derniers mois avec l’aide de la Russie qui a négocié des accords de reddition avec les rebelles.
Craignant manifestement que de tels arrangements aient lieu à Idleb, Hayat Tahrir al-Cham et le Front national de libération (FNL) – une coalition de groupes rebelles ayant fusionné début août – mènent des arrestations quotidiennes de personnes soupçonnées de négocier avec le pouvoir.
Le groupe takfiriste a ainsi arrêté jeudi plusieurs personnes dans des villages du sud-est de la province, les qualifiant de « chefs de la trahison », selon un média proche de HTS.
Selon l’OSDH, qui dépend dans ses informations des sources sur place, plus de 100 arrestations ont déjà eu lieu cette semaine.
L’AFP estime qu’Idleb compte quelque 2,5 millions d’habitants, dont des dizaines de milliers de membres des groupes terroristes et des membres de keurs familles transférés en masse depuis des bastions insurgés tombés aux mains de Damas à l’issue d’offensives assorties de réconciliation.