Évincée d’Égypte pendant plus de trois décennies, la Russie effectue depuis l’avènement de Sissi un retour spectaculaire qui inquiète les Occidentaux.
Le Kremlin, saisissant l’opportunité de la condamnation par Washington du coup de force militaire, a fait son retour dans le pays. Moscou s’est positionné comme un partenaire fiable. Comment ? En facilitant l’accord russo-égyptien pour assurer la protection de la frontière libyenne.
Mais ce soutien s’est également accompagné d’investissements économiques massifs, comme la création pour 7 milliards de dollars d’une zone industrielle et d’un hub logistique regroupant 15 groupes russes à l’est de Port-Saïd, le prêt de 25 milliards de dollars consenti au Caire pour construire la première centrale nucléaire du pays (dont les ingénieurs seront formés par Rosatom à Tomsk), les sommes injectées par Rosneft pour exploiter le site offshore de Zohr ou encore celles fournies par Mikhail Fridman dans le projet West Nile Delta Gaz.
Mais qu’a gagné la Russie en échange ? Les conséquences pour Moscou sont multiples. L’Égypte lui a permis de contourner l’embargo occidental en multipliant les contrats de vente de céréales et d’armements (S-300, MiG-29, corvettes Tarantul, missiles Moskit, suites de GE President S, etc.), mais surtout c’est une tout autre dynamique qui est désormais en place.
En août prochain aura lieu le 5e sommet militaro-technique entre les deux pays qui officialisera la sécurisation par les experts russes de toutes les infrastructures critiques égyptiennes, et sans doute l’acquisition par Le Caire des premiers systèmes de communication cryptée non occidentaux.
Ce sommet sera l’occasion pour Moscou d’investir dans la base aérienne de Sidi Barani et de réimplanter sa présence navale à Mersa Matreh (l’URSS disposait également de la base d’Alexandrie et de Port-Saïd).
Mais l’Égypte a soutenu la diplomatie russe en Syrie, en Libye, au Soudan et même au Venezuela, ce qui pourrait permettre au Kremlin de pénétrer militairement et économiquement le marché africain. Mais ce n’est pas tout : via l’Égypte, la Russie compte bien affirmer sa présence au canal de Suez, ce qui pourrait inquiéter plus d’une puissance occidentale, celles-ci faisant comme si ce canal leur appartenait.
Vendredi, Ansarallah de Yémen envoyait une lettre au président russe pour lui indiquer à quel point le plan des États-Unis et des monarchies arabes concernant la prise de Hodeïda s’avérait dangereux pour le trafic maritime en mer Rouge, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’une prise du contrôle du détroit de Bab el-Mandeb par où transitent 40 % des marchandises du monde, dont et surtout celles de la Chine.
Sa lettre s’adressait tout autant au président russe qu’à celui de la Chine. Jeudi, le président chinois Xi Jinping a entamé une visite importante aux Émirats, impliqués dans un bras de fer commercial avec la Chine à Djibouti, où Pékin détient sa seule base à l’étranger.
L’axe Russie/Chine est bien conscient de ce que sous-tend le jeu des USA et de leurs alliés en mer Rouge. Il est peut-être temps qu’ils interviennent en faveur de la seule force de résistance qui tient tête à l’atlantisme en mer Rouge : Ansarallah.
Source: Avec PressTV