La Russie a accusé vendredi l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui cherche à renforcer ses pouvoirs, de préparer un rapport « rempli de fausses preuves » accusant Damas de recours aux armes chimiques dans la Ghouta orientale en Syrie, rapporte l’AFP.
L’OIAC a annoncé en mai avoir fini de prélever des échantillons dans la ville syrienne de Douma, théâtre le 7 avril d’une attaque chimique présumée, et les conclusions de ses experts pourraient être rendues publiques prochainement, selon le directeur général de l’Organisation, Ahmet ـzümcü.
Cette attaque présumée, a été imputée par les Occidentaux au pouvoir syrien pour justifier des frappes de Washington, Paris et Londres contre ses installations, alors qu’il était dans la dernière phase de la libération de la Ghouta orientale des groupes terroristes.
Pour leur part, Moscou et Damas ont dénoncé une « mise en scène ».
« Il est évident qu’un nouveau rapport accusateur, rempli de fausses preuves, est en train d’être préparé », a affirmé vendredi un haut responsable de l’armée russe, le général Igor Kirillov, lors d’une conférence de presse.
« La mission spéciale de l’OIAC mène son enquête comme elle l’entend », a assuré le général Kirillov, en estimant que cette enquête n’avait « rien à voir ni avec l’objectivité, ni avec l’impartialité ».
Pour des observateurs, les puissances occidentales opérant dans le cadre de la Coalition internationale menée par Washington ont besoin d’accuser Damas de perpétrer des attaques chimiques pour légitimer les frappes militaires qu’elles réalisent contre les positions et des installations relevant du gouvernement syrien. Sachant que le mandat onusien accordé à la coalition lui autorise seulement de s’en prendre à des positions du groupe terroriste wahhabite Daech.
La déclaration de M.Kirillov intervient alors qu’une réunion spéciale de l’OIAC est prévue les 26 et 27 juin à La Haye, suite à la demande de Londres visant à renforcer les pouvoirs de l’institution.
La décision de donner aux experts de l’OIAC le pouvoir de nommer les responsables de toute utilisation future d’armes chimiques devrait notamment figurer à l’ordre du jour de la réunion.
A la mi-juin, l’OIAC a annoncé que du sarin et du chlore avaient été « très probablement » utilisés dans deux attaques dans le sud de la Syrie en mars 2017.
Aux yeux du général Kirillov, ces annonces « douteuses » visent à « renforcer l’argumentation tirée par les cheveux » des experts de l’OIAC avant la présentation du rapport sur l’attaque présumée à Douma.
Pour sa part, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a affirmé que des équipements servant à la fabrication des armes chimiques découvertes à Douma, dans l’ex-enclave rebelle de Ghouta orientale avaient été fabriqués en Europe de l’Ouest.
« Cet équipement est venu aux mains de terroristes et combattants en provenance de l’Europe de l’Ouest », a-t-elle assuré, lors du briefing.
Fin avril, la Russie avait déjà affirmé avoir trouvé des cylindres contenant du chlore en provenance d’Allemagne et des « fumigènes » britanniques dans la Ghouta orientale.
Jeudi, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a par ailleurs critiqué l’enquête de l’ONU accusant le régime syrien, dont Moscou est le principal allié, de « crimes contre l’humanité » pendant le siège de la Ghouta orientale.
La commission d’enquête de l’ONU « n’est pas allée sur place », a dénoncé M. Lavrov.
« Nous sommes en principe très sceptiques quant aux méthodes de ce type de travail, qu’il porte sur des crimes de guerre ou sur l’utilisation des armes chimiques », a déclaré M. Lavrov.