L’agence de presse Associated Press rapporte de nouveaux cas de violations des droits de l’homme commises par des militaires émiratis ou par des gardiens yéménites, sous la supervision d’officiers émiratis.
De l’intérieur d’une prison yéménite, contrôlée par les Emirats arabes unis (EAU), un artiste yéménite détenu sans inculpation raconte, avec des dessins, les tortures et les actes de violences sexuelles commises par des militaires des Emirats arabes unis agissant en toute impunité, rapporte l’agence de presse américaine Associated Press (AP) qui publie, mercredi 20 juin, une enquête sur le sujet.
Ces dessins ont été envoyés clandestinement à AP depuis la prison Beir Ahmed, dans la ville d’Aden, dans le sud du pays. Ils offrent un aperçu des violations des droits de l’homme imputées à des militaires émiratis ou à des gardiens yéménites sous la supervision d’officiers émiratis.
Pour eux, les violences sexuelles sont un moyen visant à brutaliser les détenus et à obtenir des « aveux », ont déclaré à AP l’artiste et six autres détenus.
Selon l’agence AP, des actes de torture sexuelle sont commis dans quatre sites à Aden : l’un est à la base de Buriqa qui sert de quartier général aux forces émiraties. Un deuxième se situe dans la maison de Shallal Shaye, le chef de la sécurité d’Aden allié des Emirats arabes unis, et un troisième se trouve dans une discothèque devenue prison, appelée Wadah. Le quatrième est la prison de Beir Ahmed.
Des militaires américains ont été vus à la base de Buriqa, ainsi que des mercenaires colombiens, selon deux prisonniers et deux agents de sécurité. Les détenus sont incapables de dire si ces Américains, dont certains étaient en uniformes, appartiennent à l’armée ou s’il s’agit de mercenaires.
Déjà mis en cause en 2017
En juin 2017, AP avait révélé l’existence au Yémen d’au moins 18 sites de détention relevant des Emirats arabes unis (EAU), alliés de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis, ou des forces yéménites entraînées par les EAU. L’agence avait relaté disparitions et cas de torture.
Les ONG Human Rights Watch (HWR) et Amnesty International s’en étaient faites l’écho, affirmant que les Emirats arabes unis administraient au moins deux « structures de détention informelles » au Yémen, ce que dément Abou Dhabi. HRW a aussi fait mention de l’usage d’armes à sous-munitions interdites par la convention d’Oslo entrée en vigueur en 2010.
Des responsables américains ont reconnu que les forces américaines recevaient des renseignements de leurs partenaires des EAU et avaient participé à des interrogatoires au Yémen.
L’agence AP a sollicité une réaction du Pentagone qui s’est borné à déclarer que les Etats-Unis n’avaient aucune preuve d’abus commis à l’encontre de détenus au Yémen. La Chambre des représentants a voté une résolution demandant si l’armée ou le renseignement américain violait la loi lors des interrogatoires de détenus au Yémen. Associated Press a cherché à obtenir une réaction de la part des Emirats arabes unis. En vain.
Les Emirats participent aux côtés de la coalition dirigée par l’Arabie à la guerre menée contre le Yémen, depuis mars 2015.
Avec Le Monde