« Un pays dont les forces armées ne peuvent survivre qu’en se battant avec l’énergie du désespoir est dit “mortel” pour l’envahisseur. »Sun Tzu – XI-10-225 (1)
Est-ce le commencement de la fin ?…
Du moins de la bataille d’Alep. Le contrôle total de cette ville, par leurs mercenaires, étant un objectif majeur des membres de l’OTAN ; sa perte : inconcevable pour eux.
Attaquer une Nation qui n’attaque personne
Se ruant depuis la Turquie, encadrées par les forces spéciales de l’OTAN, les milices occidentales avaient pu s’emparer à la suite d’un assaut massif, et par surprise, de tous les « quartiers Est », dès le début de la « guerre civile ».
Mais, depuis six ans maintenant, les « quartiers Ouest » résistent aux assauts répétés des « égorgeurs » (2) qui reçoivent leur approvisionnement régulier, en hommes et matériels, de la Turquie frontalière. Malgré les bombardements aveugles auxquels ils se livrent avec leurs mortiers, pour faire plier la population et leurs défenseurs. Ecoles, hôpitaux, marchés, administrations, stations d’épuration, transformateurs électriques, casernes de pompiers, étant leurs cibles privilégiées.
Rappelons-le : la ville d’Alep, siège de la province du même nom, était un fleuron de la Syrie. Depuis des siècles : haut lieu historique, culturel, spirituel, touristique, mais aussi économique. Avant le chaos organisé par l’OTAN, peuplée de 2 millions d’habitants, Alep était une splendide réussite, dans le pays et au-delà, en termes de dynamisme de développement, avec de très nombreuses usines au matériel ultramoderne.
Toutes ces usines, quasiment, ont été démantelées. Tout ce qui était transportable a été expédié par camion en Turquie : machines, équipement électrique, bureautique, etc. Ce qui explique que la destruction et le pillage planifiés d’Alep avait pour premier objectif les quartiers industriels, essentiellement implantés à l’Est de la ville. Le visionnage des vidéos sur les combats dans la zone industrielle démontre le degré d’intensité de la razzia : les locaux industriels sont tous vides !… (3)
Depuis la mi-juillet 2016, un peu plus d’un mois à présent, les forces gouvernementales ont encerclé les « quartiers Est » pour couper l’approvisionnement des mercenaires, déjà fortement perturbé par les bombardements aériens, et faciliter ainsi la reprise de ces quartiers, immeuble par immeuble.
L’OTAN ne pouvait ne pas réagir : briser cet encerclement est devenu une priorité.
D’où cette partie d’échec entre la CPO (Coalition des Prédateurs Occidentaux) et le gouvernement syrien avec ses alliés. Son déroulé, avec les derniers évènements à la frontière Turque, est intéressant à suivre…
Echec et Mat pour les égorgeurs de l’OTAN
Résumons les principales séquences, concomitantes ou successives, de cette dantesque confrontation :
1. La CPO devait négocier une trêve afin de reconstituer les stocks d’armes, munitions, renforts, de ses mercenaires. Sur tous les fronts, y compris au sud, via la Jordanie sur les axes Palmyre et Deir-Ezzor. En vue de préparer une puissante contre-attaque sur Alep, ravitailler et renforcer les terroristes, en délivrant les conseillers des forces spéciales de l’OTAN assurant leur encadrement, pris au piège.
2. Contrairement à des analyses superficielles, s’étonnant de la «naïveté » ou de la « passivité » des Russes notamment, le gouvernement syrien et ses alliés avaient tout intérêt à implanter cette trêve et la faire durer !… Sachant qu’elle allait être utilisée en ce sens par les stratèges de la cohorte des envahisseurs…
Deux raisons évidentes :
i) Démontrer, sous les vociférations et coups tordus de la propagande occidentale, sa bonne foi et sa volonté d’apaisement dans ce conflit ; tout en ravitaillant les populations civiles otages de cette dramatique situation.
ii) En bonne tactique : « faire sortir le loup du bois ». Autrement dit : attirer sur le territoire Syrien, en les vidant le plus possible, les «réserves » de la CPO en moyens humains et matériels ; en transit ou en formation dans ses camps d’entrainement et centres logistiques, en Jordanie et en Turquie. Pour mieux les écraser…
3. « Trêve acceptée » ne signifiait pas « inaction », du côté du gouvernement syrien et de ses alliés. Au contraire, elle a été l’occasion de redoubler d’efforts. Comme la partie adverse : reconstituer les effectifs et les moyens matériels.
Surtout, établir une cartographie précise, méticuleuse, grâce aux puissants outils du renseignement de l’armée russe, de l’implantation des centres de stockage, dépôts de munitions, postes de commandement, nouveau véhicules et engins blindés, nouveaux effectifs, opérée durant la trêve, par la CPO. Sur l’ensemble du territoire syrien.
Outre le travail des satellites d’observation, et drones, est intervenu le nouvel avion russe de reconnaissance radiotechnique et optoélectronique, époustouflante démonstration de maîtrise technologique : le Tu-214R.
Capable, entre autres performances, de repérer les caches et bunkers souterrains, avec dimensions et profondeurs ; et des cibles au sol situées latéralement par rapport à la trajectoire de vol jusqu’à 400 km de distance… (4)
4. Identifier le mode opératoire de la contre-attaque de la CPO pour briser l’encerclement de ses mercenaires à Alep.
Les écoutes et décryptages ont été fondamentaux pour repérer les centres de commandement et de coordination, connaître les axes d’attaques et de diversion.
Stratégie classique : la CPO avait prévu de disperser, ou fragmenter, les forces armées syriennes avec leur aviation de soutien et de bombardement en l’obligeant à réagir à deux fortes attaques de diversion lancées dans le sud et l’est du pays. L’une, vers Palmyre (récemment libérée de l’occupation terroriste) ; l’autre, vers la ville de Deir Ezzor (défendue avec héroïsme par les troupes gouvernementales encerclées depuis de nombreux mois par les mercenaires). Effectifs, matériels et munitions, provenant de Jordanie.
Il était impératif d’agir le plus vite possible, avant le déclenchement de ces attaques subsidiaires, pour concentrer l’essentiel des moyens sur Alep et ses environs. La Russie, en collaboration avec l’Iran, opta pour une opération « coup de poing », envoyant ses bombardiers lourds neutraliser les moyens humains et matériels destinés à ces attaques de diversion.
L’utilisation de la base aérienne de Hamadan, en Iran, permit de multiplier les rotations du fait de sa proximité de la Syrie (700 km au lieu de plus de 2000 km…), d’augmenter la charge de bombes (par allègement du carburant), de 4-5 tonnes par avion à 15-20 tonnes suivant le type de bombes. Ont été employées les plus puissantes, en capacité de pénétration et de déflagration, pour détruire les infrastructures souterraines.
Attaques écrasées dans l’oeuf
Opération réussie : en une semaine, sous l’effet de ce colossal « coup de marteau », les attaques de diversion ont été écrasées dans l’œuf !…
5. Préparer « l’accueil de l’attaque » sur Alep planifiée par les « troupes fraîches » des mercenaires, venant secourir leurs collègues encerclés… Plus de 10 000.
La meilleure tactique et d’en anticiper l’axe principal en l’offrant à l’envahisseur… Pour canaliser « la horde des égorgeurs », les Syriens et leurs alliés ont ainsi tendu un piège dans lequel la CPO a foncé tête baissée : ils ont dégarni d’immenses terrains militaires (Académie de l’Air, Ecole d’artillerie, etc.), en simulant une faible défense de ces installations. L’objectif étant, par cet « effet aspirateur », de concentrer les terroristes dans des zones non habitées par des civils.
L’atout des forces gouvernementales syriennes est d’avoir, en face d’elles, des mercenaires d’un médiocre niveau :
i) Faible niveau d’encadrement, beaucoup de chefs mercenaires ont été tués ou blessés au combat. Notamment les meilleurs, ex-officiers des régiments d’élite de la Garde Républicaine de Saddam Hussein libérés des prisons US en Irak, contre leur engagement dans les milices du « Califat OTANesque« . (5) La « guerre d’usure » est valable dans les deux sens…
ii) Faible niveau de ces nouvelles recrues, en termes de formation, trop hâtive pour des éléments au QI insignifiant, de potentiel et d’expérience. A part jouer les Rambo en tirant n’importe où et n’importe comment (énorme gaspillage en munitions…). Ce qui n’enlève rien de leur pouvoir de nuisance et volonté mortifère…
iii) Faible niveau de motivation : étrangères à la Syrie, ces nouvelles recrues ne se battent pour aucune cause si ce n’est, comme tout mercenaire, pour une poignée de dollars. S’ils en sortent vivants…
Connaissant aujourd’hui, contrairement à leurs prédécesseurs dans l’invasion de la Syrie, l’engagement aussi implacable que ravageur des forces aériennes Russes, en soutien des forces armées du gouvernement légitime.
Autant dire que leur niveau d’enthousiasme et de courage combatifs est proportionnel à l’absorption quotidienne de leur pilule de «captagon». (6)
Des vidéos, teintées d’humour malgré le tragique, circulent sur le Net, illustrant leur style « cow-boy de saloon »…
Exemple :
Les mercenaires de l’OTAN sous « captagon » (nom commercial de l’amphétamine : « fénéthylline »)
6. Le piège a parfaitement fonctionné. Les nouveaux matériels (véhicules blindés ou véhicules légers équipés de canons à tir rapide), munitions et provisions (10 000 mercenaires à nourrir quotidiennement…), entreposés pendant la trêve dans des dépôts et centres de regroupement, dans la province d’Alep, ont été pulvérisés par les bombardements de l’aviation russe et syrienne. Y compris les postes de commandement et de communication.
Tous les convois vers Alep ont été écrasés sous les bombes, ou réduits à l’état de ferraille (certains par d’audacieuses actions de commandos syriens sur les arrières de l’ennemi).
Tous les accès, d’entrée ou de sortie, sur Alep sont verrouillés par l’armée arabe syrienne.
La colonne vertébrale des milices de la CPO est brisée : matériellement et psychologiquement. L’opération « dératisation » des quartiers infestés par les terroristes a commencé, implacablement. Même la nuit, les miliciens ne peuvent dormir. L’armée arabe syrienne déployant ses tireurs d’élite, au matériel sophistiqué (ils dorment à l’arrière durant la journée) avec appareils de visée nocturne, prenant le relais des combattants de jour : 24h/24 -7j/7…
Les égorgeurs de l’OTAN sont « Echec et Mat ».
7. A Genève, face à la Russie, la CPO est en panique. Son représentant, Kerry, dans ses petits souliers…
Préoccupée moins par le sort de la piétaille qui lui sert de chair à canon que pour sauver les officiers des forces spéciales des membres de l’OTAN pris au piège dans Alep.
N’ayant plus de « réserve immédiate », elle jette dans la bataille les miliciens les mieux équipés, encadrés et expérimentés proches d’Alep, positionnés sur la frontière turque, notamment à Jarablus et ses environs.
D’où ce montage, dans un mouvement tactique dit du « roque » pour rester dans la métaphore du jeu d’échecs, avec les Turcs. Chassant, sans combat, les milices de Daesh de Jarablus et ses environs, pour y substituer des recrues en cours de formation en Turquie sous le label ASL (Armée Syrienne Libre…). Les Turcs en profitant pour limiter les ambitions territoriales kurdes en Syrie, pour ne pas faire tache d’huile sur son propre territoire.
Trois points à retenir de l’évolution en cours :
i) Les contingents de Daesh se font laminer à l’approche d’Alep. C’est donc peine perdue pour la CPO qui ne peut faire basculer le rapport de force : « game over »…
ii) Comme dans toute bonne négociation, Russes et Iraniens actuellement les meilleurs diplomates connaissent et appliquent ce principe, il convient de « sauver la face » de l’adversaire pour mieux l’apaiser. En laissant, plus particulièrement, les conseillers de l’OTAN (dont des français) être discrètement exfiltrés.
iii) Les Turcs ne vont pas bouger de la zone frontalière, et, inéluctablement, retourneront dans leurs casernes.
Le moindre de leurs mouvements, en direction d’Alep, serait la porte ouverte à un élargissement d’une ampleur considérable du conflit : en 48h ils se retrouveraient face à des régiments d’élite des forces iraniennes. L’Iran sait que si la Syrie s’effondre, ce sera son tour prochain d’être attaqué…
8. Suite et fin …
Le processus de résolution du chaos, instauré en Syrie par les Occidentaux, est en marche. Il connaîtra probablement d’autres soubresauts, mais il est irréversible. Trois vecteurs en sont porteurs :
i) Accélération de l’émergence d’un monde multipolaire
Une certitude : le monde multipolaire, souhaité par tous les pays de la planète, émerge progressivement, trop lentement peut-être, mais avec force. La mainmise des Occidentaux sur le Moyen-Orient, son pillage des ressources énergétiques de la région, le niveau hallucinant de violences qu’ils lui infligent dans la bonne conscience hypocrite de l’instauration de la « Démocratie et des Droits de l’Homme », ne sont plus tolérables.
C’est inadmissible. Et, tout sera fait pour y mettre un terme.
Certes, les Occidentaux vont s’efforcer, s’acharner, pour prolonger le chaos en Syrie, même s’ils savent qu’ils n’ont plus la maîtrise de la situation comme, encore pour quelques temps, en Libye, en Afghanistan ou en Somalie.
Apparemment, l’oligarchie militaro-industrielle des USA ne se souvient pas du Vietnam, et de la pathétique fuite des forces d’occupation américaines avec leurs collabos, lors de la chute de Saigon, le 30 avril 1975… Si Hillary Clinton devient président des USA, il est à prévoir une montée en tension paroxystique. La Syrie et ses alliés s’y préparent. : «Les hurlements du vent ne font pas trembler la montagne », comme disent nos amis Chinois.
Signe fort : la Chine vient de signer des accords de coopération avec les forces armées syriennes. Dans un premier temps, pour contribuer à la formation et l’équipement, compte tenu de l’urgence et l’immensité des besoins, dans le domaine médical et des soins spécialisés pour les dizaines de milliers de blessés, handicapés et traumatisés. Notre presse de la propagande s’en étrangle de dépit ridicule (« …l’armée pro-Assad… »). (7)
ii) Naufrage du fanatisme néocolonial
Hors les frontières de leurs propres pays, les Occidentaux se croient exonérés des règles du Droit International (même embryonnaire), de la Justice et de l’Ethique. Ce culte de l’irresponsabilité et de la sauvagerie bien pensante trouve inexorablement ses limites. Même si, actuellement, les nomenklaturas en Occident, corsetées dans leur «habitus » raciste, n’en acceptent pas l’évidence.
Le Moyen-Orient vit ce que des pays comme la Chine ont subi pendant des décennies : un climat de guerre civile artificiellement entretenu par les « grandes puissances » du moment, avec leurs « seigneurs de la guerre », leurs milices, leurs trafiquants d’armes, aussi corrompus que sanguinaires. Chacune instrumentalisant sa marionnette, au gré des alliances fugitives forgées dans les fourberies opportunistes.
Mais tôt ou tard, les prédateurs occidentaux devront quitter la région. Pour n’y revenir que dans un « rapport d’égal à égal ».
iii) Renaissance annoncée
Hormis les satrapies vermoules du Golfe Persique, à l’exemple des autres pays du Moyen-Orient, plus que d’autres certainement, la Syrie est en ruine.
Comme l’était la Chine en 1949, après un siècle de chaos entretenu par l’Occident, quand elle a pu enfin réaliser son union et s’ériger en république indépendante.
Comme l’était le Vietnam, au lendemain de 30 ans de luttes anticoloniales.
Magnifique exemple de résistance, la Syrie représente pour la région, au-delà de la bataille d’Alep, le Stalingrad sur lequel se brise la voracité prédatrice de l’Occident. En cendres, mais elle renaîtra de ses cendres encore plus forte et plus belle qu’elle ne l’a été.
Son peuple, dans toutes ses composantes ethniques et religieuses, solidaire, uni ; autour de son président et de son épouse, plus populaires que jamais, incarnant le courage inébranlable et la sereine dignité de la Nation Syrienne.
Par Georges Stanchy
Source : blog Stanchy
Source: Sites