Des enquêteurs irakiens menaient mardi une enquête préliminaire sur le site d’un charnier découvert récemment dans une ville du nord de l’Irak proche de Mossoul et reprise à la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique-EI).
Les forces de sécurité irakiennes ont annoncé lundi la découverte du charnier dans le secteur de Hamam al-Alil après avoir repris aux jihadistes wahhabites cette localité dans le cadre de l’offensive pour conquérir Mossoul, dernier grand fief de l’EI en Irak.
Des morceaux de corps humains et des os étaient visibles sur le site au milieu d’ordures jetées au même endroit, a constaté un correspondant de l’AFP.
Les enquêteurs, certains portant des masques sur leur visage en raison de l’odeur nauséabonde générée par les corps, sont entrés dans la fosse et ont pris des notes.
« Aujourd’hui, l’équipe a conduit un examen préliminaire », a indiqué Mohammed Taher al-Tamimi, un responsable au sein d’un bureau gouvernemental qui coordonne les efforts pour mener l’enquête.
Selon M. Tamimi, les personnes jetées dans le charnier ont été l’objet d’un « massacre » et avaient les yeux bandés et les mains et pieds liés. Certains corps n’avaient plus de tête, a-t-il dit.
« D’après ce que nous avons vu aujourd’hui, je pense qu’il y a environ 25 corps visibles. Mais cela ne signifie pas qu’il s’agisse du nombre total. Nous pensons qu’il y a un très grand nombre de cadavres », a-t-il ajouté.
Dhiyab Tareq, un habitant de la région âgé de 32 ans, a affirmé que Daesh menait des exécutions sur ce site.
Un jour, « j’ai entendu des tirs », a indiqué M. Tareq, ajoutant que des combattants de l’EI s’étaient vantés le lendemain d’avoir tué des membres des forces de sécurité.
Selon le capitaine Mahmoud Ayil, un responsable de la police fédérale, lorsque des unités sont entrées sur le site, elles « ont découvert qu’ils (l’EI) avaient truffé (d’explosifs) les environs ».
Un autre officier de police a déclaré que des artificiers avaient enlevé les explosifs de façon à pouvoir pénétrer sur le site mais que d’autres pourraient bien encore demeurer à proximité.
Des milliers de civils regroupés autour de l’aéroport de Mossoul
En outre, l’ ONU a révélé lundi que Daesh avait forcé des milliers de civils à fuir avec eux la ville de Hamam al-Alil, et les ont regroupés autour de l’aéroport de Mossoul.
La porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, Ravina Shamdasani, a déclaré aux journalistes à Genève que selon des informations recueillies sur place, les jihadistes wahhabites « avaient déplacé de force quelque 1.500 familles de Hamam al-Alil vers l’aéroport » de Mossoul le 4 novembre.
Mme Shamdasani a également déclaré que le Haut-Commissariat avait reçu des informations sur « l’enlèvement d’au moins 295 anciens membres des forces de sécurité irakiennes » par l’EI entre le 1er et le 4 novembre, à l’ouest de Mossoul, autour de la ville stratégique de Tal Afar et du village de Mawaly.
La milice wahhabite Daesh s’est emparée de larges pans du territoire irakien en 2014, dont Mossoul, la deuxième ville du pays. Son emprise sur ces régions, ainsi que celles dont le groupe a pris le contrôle en Syrie voisine, s’est accompagnée d’atrocités, dont des viols, décapitations et autres exécutions.
Avec AFP