Il n’est « pas acceptable » que les Etats-Unis se placent en « gendarme économique de la planète », a affirmé mercredi le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire sur la radio France Culture après la décision de Donald Trump de rétablir les sanctions visant l’Iran.
En annonçant cette décision, M. Trump avait précisé que les entreprises étrangères auront entre trois et six mois pour « sortir » d’Iran avant d’être frappées à leur tour par des mesures punitives leur barrant l’accès aux marchés américains.
Jugeant que le retrait américain de l’accord nucléaire était « une erreur » pour la sécurité internationale mais aussi du point de vue économique, le ministre a observé que cette décision aurait des « conséquences » pour les entreprises françaises, telles que Total, Sanofi, Renault ou encore Peugeot.
« En deux ans, la France avait multiplié par trois son excédent commercial avec l’Iran », a souligné M. Le Maire. Or la décision américaine impose aux entreprises étrangères des « délais très courts de l’ordre de six mois » pour se retirer de l’Iran, a noté M. Le Maire.
Cela va « poser des difficultés à toutes les entreprises européennes (…) mais plus important encore que le problème économique, c’est le problème de principe, d’avoir des sanctions extraterritoriales », a-t-il jugé.
Le ministre a annoncé qu’il aurait « un entretien téléphonique d’ici la fin de la semaine avec le secrétaire au Trésor américain Steve Mnuchin pour étudier avec lui quelles sont les possibilités » pour éviter ces sanctions.
Parmi les solutions envisagées, il a évoqué des clauses d’antériorité et des « exemptions ».
Il doit aussi en parler avec ses homologues européens « pour voir quelle réaction nous pouvons avoir face à ces sanctions ».
Obama dénonce la « grave erreur » de Trump
Pour sa part, l’ancien président américain Barack Obama a qualifié mardi de « grave erreur » la décision de Donald Trump, jugeant qu’elle pourrait nuire à la crédibilité des Etast-Unis dans le monde.
« Je pense que la décision de mettre le JCPOA en danger sans aucune violation de l’accord de la part des Iraniens est une grave erreur, » a indiqué l’ex-président américain, très discret depuis son départ de la Maison Blanche, dans un communiqué au ton particulièrement ferme.
Sans cet accord, signé en 2015 à l’issue de près de deux années de négociations internationales, « les Etats-Unis pourraient in fine se retrouver face à un choix perdant entre un Iran doté de l’arme nucléaire ou une autre guerre au Moyen Orient », met-il en garde.
« La réalité est claire », martèle-t-il. L’accord, qui est « un modèle de ce que la diplomatie peut accomplir », fonctionne et « est dans l’intérêt de l’Amérique », explique-t-il, déplorant une décision qui revient à tourner le dos aux « plus proches alliés de l’Amérique ».
« Dans une démocratie, il y aura toujours des changements de politiques et de priorité d’une administration à l’autre », reconnait le 44e président des Etats-Unis. « Mais bafouer de façon systématique les accords auxquels notre pays est partie risque d’éroder la crédibilité de l’Amérique », ajoute-t-il.
« Les débats dans notre pays devraient se baser sur les faits », écrit-il encore dans une pique à son successeur républicain.
Trump a annoncé le rétablissement des sanctions contre la République islamique qui avaient été levées en contrepartie de l’engagement pris par l’Iran de ne pas se doter de l’arme nucléaire.
Source: Avec AFP